Artiste productif autant que discret, le chanteur et guitariste malien Samba Touré s’est installé en un peu plus d’une décennie parmi les bluesmen les plus appréciés de son pays. Son septième album Gandadiko renforce sa position.
Écouter de la musique nécessite des précautions de nature parfois inattendue, comme par exemple pour Gafouré, un des thèmes traditionnels que Samba Touré a réarrangé sur son nouveau CD et qui évoque l'esprit vagabond d'une jeune fille. "L’écoute de nuit est à vos propres risques", peut-on lire dans le livret. Car dans ce morceau, intervient le sokou, sorte de violon appelé aussi njarka dans la région d’où vient le chanteur, instrument réputé attirer les djinns lorsqu’il est joué après minuit...
Qui s’y risquerait ? "Pour votre propre sécurité, le texte restera non traduit", est-il également écrit en guise de commentaire, aiguisant un peu plus la curiosité vis-à-vis de ce titre qui invite à danser le génie de Gafouré, sensible à la musique.
L’univers de Samba Touré est ainsi composé, entre le passé et le présent. Son précédent disque
Albala se faisait l’écho de la période tourmentée que traversait alors son pays, il y a trois ans. La situation lui inspire cette fois
Wo Yende Alakar (
"Ne joue pas avec le feu") qui met en garde ceux qui seraient tentés de rallier la cause des terroristes. Sans le savoir – tout au moins au départ –, Samba s’était mis à accompagner ces paroles par un jeu de guitare qui rappelle, dans une version ralentie, celui de
La Chanson du forçat de
Serge Gainsbourg, générique du feuilleton
Vidocq diffusé en France à la fin des années 60.
Naturelle, son évidente proximité avec le blues se nourrit et se régénère dans les compilations de blues rock américain qu’il aime écouter. Avec aussi l’envie de transmettre : lui qui compte désormais parmi les anciens de la scène malienne, s’est entouré sur ce disque de jeunes musiciens de chez lui auxquels il a voulu donner leur chance en studio, selon les besoins. Le résultat se traduit par une forme de fraicheur qui évite à Gandadiko de tomber dans le piège de la redite.