Fatoumata Diawara
Portée par une soif d’apprendre à la mesure de son tempérament pétillant, la Malienne Fatoumata Diawara passe avec humilité du costume de comédienne à celui de chanteuse. Son premier album Fatou est revêtu d’une forme de simplicité qui traduit son envie de se présenter sans artifice.
Elle voulait se donner du temps, faire des rencontres, "savoir pourquoi on chante" et du coup laissait traîner les propositions des maisons de disques, estimant qu’elle n’était pas vraiment prête. Mais en faisant la connaissance de Nick Gold sur The Imagine Project de Herbie Hancock, Fatoumata Diawara a suivi son instinct qui lui disait d’avoir confiance en ce producteur de renom, artisan entre autres des succès du Buena Vista Social Club et d’Ali Farka Touré.
Elle lui a présenté les maquettes de ses chansons, sous la forme la plus simple : guitare et voix. Et il l’a convaincue de ne pas trop s’en écarter au final même si ce n’était pas ce qu’elle imaginait a priori. Pour satisfaire la jeune femme pas encore trentenaire, ils ont essayé les morceaux sur des tempos plus rapides, plus énergiques, mais il n’a gardé que les versions intimistes.
À chaque étape, le Britannique a fait parler son expérience, que ce soit pour trouver les arrangements, qualifiés de "subtils" par l’intéressée, ou dans le choix précis des musiciens venus un à un en studio. Parmi eux, le bassiste camerounais Hilaire Penda, le guitariste guinéen Moh Kouyaté.
Pour Fatoumata, l’absence de son "parrain" Cheick Tidiane Seck comme de ses "marraines" Dee Dee Bridgewater et Oumou Sangaré (à laquelle elle consacre toutefois un morceau) est une façon de s’émanciper, de se présenter telle qu’elle est. "J’ai voulu faire un album autonome, comme ma vie. Je n’appartiens à personne. Je suis sur une route et je rencontre des gens", résume l’ex-interprète de la comédie musicale Kirikou et Karaba qui reconnait que, baignant dans un milieu cinématographique et théâtral, elle ne s’est ouverte musicalement qu’il y a peu de temps.
"Bouleversée" par Nina Simone, elle écoute Ella Fitzgerald, Billie Holliday mais veut garder sa tradition de la région du Wassoulou. Les douze titres de Fatou se situent en partie dans cet entre-deux, penchant très nettement du côté du Mali sur Boloko, et prennent parfois des tournures plus enlevées sur Sowa ou Bakonoba. L’album a pour objectif de l’amener à exprimer ce qu’elle a tout au fond d’elle. Une façon d'exploiter son énergie qui est différente sur scène.
Fatoumata Diawara Fatou (World Circuit/Harmonia Mundi) 2011
En concert le 29 novembre 2011au New Morning à Paris