Tita Nzebi

Yuca Mè

Entourée par de solides musiciens de la scène afro-parisienne qui ont su se mettre au service de son projet en apportant leur expérience, la chanteuse gabonaise Tita Nzebi fait ses vrais débuts discographiques avec Métiani, un album qui puise dans la culture méconnue de son pays.

Avec Tita Nzebi, impossible d’appliquer le moule de l’artiste du continent africain qui a toujours su quelle était sa vocation, influencée par une chanteuse au rayonnement international. Longtemps, la jeune femme n’a guère prêté attention à tout ce qui était musical.

Dans son village, au Gabon, les disques appartenaient à cette catégorie d’objets rares et, dans sa famille, priorité était donnée aux études. C’est donc à vingt ans passés, au milieu des années 1990, qu’elle prend soudain "conscience de la beauté des musiques traditionnelles noires". Et débute son apprentissage.

Metiani, son premier album, porte en filigrane les marques de ce parcours : un chemin qu’elle explore à sa façon, avec "une culture musicale assez restreinte", des envies qu’elle cherche à traduire, ce qui confère au disque une forme de fraîcheur et d’innocence palpable tout au long des quatorze morceaux. Quelques-uns figuraient déjà sur un mini CD paru en 2007.

Faute de moyens, Tita n’avait pu en enregistrer davantage, mais une équipe s’est constituée autour d’elle, avec entre autres le quinquagénaire guitariste congolais Sec Bidens ou encore Serge "Serial P" Guelon, ingénieur du son expérimenté surtout aperçu dans le monde du reggae. Soutenant le projet de Tita, ils ont fait marcher leur carnet d’adresses au moment d’entrer en studio. A commencer par Paco Sery, phénoménal et fantasque batteur qui a fait la réputation de Sixun. L’Ivoirien a tellement été séduit qu’il a aussi joué des claviers, fait des voix, réalisé Ba Chmibi Na ba Kadi sur lequel sont venus chanter les deux frères de Touré Kunda.

Avec Luciano – artiste jamaïcain de référence qu’elle ne connaissait pas ! – Tita s’offre sur Yuca Mè un duo dont l’efficacité provient aussi de la présence aux baguettes du Congolais Richacha, ancien compagnon de route des Wailers. L’occasion de percevoir que, au-delà de ce titre reggae, la particularité de Métiani tient en partie au mixage effectué, avec une basse qui occupe volontiers le premier plan et fait vibrer chaque cellule du corps.

Tita Nzebi Métiani (Bibaka/MVS) 2011