Délicat, profondément féminin, porté par des voix où domine l’impression de douceur et parfois de fragilité, le second album de la chanteuse martiniquaise Loriane Zacharie, intitulé An Ba Soley diffuse une chaleur rythmique à la fois tropicale et acoustique, sans jamais faire risquer l’insolation.
Une porte qui s’ouvre en grinçant, des gazouillis d’oiseaux, le bruit de pas sur le sable, celui des vagues, du vent qui s’engouffre et, en filigrane, un éclat de rire, léger et pétillant : en une minute, dans une introduction sans autre nom que trois points de suspension suggestifs, Loriane Zacharie esquisse un décor apaisant et chaleureux, une sorte de sas dont les vertus bienfaisantes se vérifient aussitôt pour profiter à plein de ses chansons.
Avec son refrain qui arrive dans les trente premières secondes, An Ba soley, qui sert également de titre à son nouvel album, s’avère d’une efficacité redoutable. Sur le plan musical, la formule acoustique reste de mise, mais la chanteuse reconnaît que ce disque est “moins ancré dans la tradition” que celui avec lequel elle s’est fait connaitre en 2007 et qui lui a valu un prix régional de la Sacem.
A l’époque, la jeune femme revenait juste de métropole où elle avait achevé ses études. Être éloignée des Antilles l’avait poussée vers une forme de retour aux sources, à “parler d’histoire”, de ce qu’il y avait “de plus authentique dans sa culture”, analyse-t-elle. Celle qui est en parallèle prof d’histoire dans un collège de Martinique, son île natale, joue cette fois une carte plus intimiste en s’appuyant sur “tous les aléas du cœur d’une femme antillaise”, avec des textes qui se sont nourris de sa lecture du poète libanais Khalil Gibran, chantre de l’amour, et de “ces allers-retours entre la passion et la raison”.
Avec le chanteur
Victor O, rencontré lors d’interviews communes dans les médias, elle se rend compte qu’ils regardent dans la même direction musicale. Naturellement, ils en viennent à écrire ensemble, puis l’auteur du
Président endosse le rôle de coréalisateur du projet. A ses côtés, David Rodap, présent déjà sur le CD
Chimen Mwen, prend contact avec des musiciens comme le bassiste Stéphane Castry, vu récemment au poste de
bandleader pour Imany, tandis que Fred Deshayes, chanteur du groupe
Soft, vient partager le micro avec Loriane sur
Vini. En 48 minutes, l’ex-lauréate de "Neuf semaines et un jour" tour à tour séduit puis convainc, prouvant que la résistance au formatage musical compte encore de solides militants aux Antilles.
Loriane Zacharie An Ba Soley (Aztec Musique) 2013
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