Pour son dernier album, C’est la Vie, le King Khaled s’est entouré du producteur RedOne (Lady Gaga, Usher, Jennifer Lopez…). En résulte un disque pas vraiment raï, martelé de boum boums et pétri de sons synthétiques.
Attention, scoop ! A l’ouverture de son dernier album, C’est la vie, le King Khaled clame fort ses inspirations secrètes. "On va s’aimer !", chante-t-il sur des boîtes à rythmes un tantinet ringardes. Ça vous rappelle quelqu’un ? Nous aussi… Sauf que le chantre du raï n’opte pas pour l’étoile et l’oreiller, mais complète l’apostrophe avec un texte à haute teneur philosophique. Ça donne : "On va s’aimer, on va danser, c’est la vie (la lalalala)".
Ce premier titre éponyme donne le ton. Khaled veut rajeunir son propos, toucher la plus large audience, se placer sur la mappemonde musicale pile entre Gilbert Montagné (On va s'aimer, 1983), donc, Lady Gaga, Usher et Jennifer Lopez : un sacré mix qui explique le choix de RedOne, producteur des trois derniers suscités. Le problème, c’est que ça ne colle pas. Du tout. Si l’on reconnaît la voix du roi du raï, ses inflexions, le reste se perd en d’infinis boum-boum, sons synthétiques, soupe kitsch, formatée "easy listening", mais ça dépend pour qui…
Les duos ne sortent pas du mauvais goût ambiant : sur HiyaHiya, aux accents funk soul, Pit Bull murmure un "Besito Mi Amor" du meilleur effet, quand sur Laila, la voix sucrée de Marwan s’enlise dans une certaine poésie ("Je suis fou de ton amour, ton cœur, ta peau de velours").
Sur les douze chansons, pourtant, trois ne sont pas produites par RedOne, mais par Jean-Claude Ghrenassia (fils d’
Enrico Macias). On se surprend alors à apprécier de beaux titres acoustiques (
Elle est partie,
Andaloucia,
El Harraga) aux saveurs arabo-andalouses, jolis paysages lyriques, cinématographiques. Du temps de
Didi et
Aïcha, Khaled atteignait une immense popularité. Ici, il semble trop la rechercher, quitte à forcer les artifices, comme s’il plaçait l’Algérie sous les sunlights des tropiques.
Khaled C’est la Vie (Universal) 2012