Le vague à l'âme de Smadj

Le vague à l'âme de Smadj
Smadj © DR

Spleen, le nouvel album du chamane de l'oud propose une parenthèse de douceur et d’introspection, au fil des souvenirs de Smadj et de ses émotions musicales. Apaisant.

Lorsqu’un chamane de l'oud décide de consacrer un album au vague à l’âme, on pourrait craindre de choper le bourdon… Et pourtant ! Dans Spleen, Smadj décline en onze variations le thème de la nostalgie en une douce parenthèse, qui apaise et guérit toutes les mélancolies.

"Mon instrument, l'oud, dont j’ai choisi ici d’explorer encore davantage la version électrique, est propice à ces introspections sentimentales, et là encore plus qu’ailleurs, cet album retrace une part de vie avec son lot d’histoires projetées", explique Smadj dans le livret du disque. Au recto, des photos de tournée : une plage de Rabat au coucher du soleil, un déluge en Ethiopie, une place à Sanaa, le regard de sa femme ou de son fils apparaissent comme des instantanés de langueur et questionnent la distance, la contemplation et le souvenir…
 
Pour partager cette étrange léthargie, des compagnons de choix : Bojan Z, Ibrahim Maalouf, Ballaké Sissoko, Sofiane Saidi ou Arash Sarkechik. Ils entrent et sortent du refuge ouaté des compositions de Smadj, en un ballet dépaysant qui brouille les pistes du déjà-entendu.
 
L’oreille précieuse du réalisateur Philippe Teissier du Cros y est aussi pour beaucoup. Balade sonore dans toutes les saudade du monde, Spleen s’offre des échappées belles vers le tango, l’électro, le fado, le blues américain ou le classique arabe. Où sommes-nous ? Quelque part, dans un ailleurs envoûtant, où chacun peut se sentir à la fois accueilli et dépaysé. Ou bien frustré que ça ne dure pas un peu plus… Pas de quoi désespérer cependant, faute de quoi il faudrait écouter Spleen en boucle, pour ne jamais devoir guérir de son souvenir.
 
Smadj, Spleen (Jazz Village) 2015

Page facebook de Smadj

 

En concert le 5 juin au New Morning à Paris.