Justin Adams et Juldeh Camara (JuJu)
Avec leur troisième album en commun, In Trance, le guitar hero britannique Justin Adams, et le musicien gambien Juldeh Camara, franchissent un pas supplémentaire sur la voie de l’alchimie : une véritable leçon de groove et de transe !
La musique : terre de tous les métissages, de toutes les rencontres, où résonnent parfois la force de l’évidence. Ces deux-là, l’Anglais Ju(stin Adams), guitariste de Robert Plant, producteur de Tinariwen et de Lo’jo, et le Gambien Ju(ldeh Camara), ne pouvaient que croiser leur art, faire résonner au firmament des fusions réussies, l’entrelacs du punk-rock-jazz et des sonorités africaines du riti (violon à une corde) et du kologo (banjo à deux cordes), au gré d’itinérances constamment renouvelées.
Au milieu des années 2000, leur coup de foudre musical avait déjà donné lieu à deux albums finement ciselés, Soul Science en 2007 et Tell No Lies en 2009. Ce troisième opus marque pourtant une étape supplémentaire sur la voie de l’alchimie. Ici, on peine à distinguer les influences de l’un et celles de l’autre, ou même les références à d’autres illustres aînés : les deux protagonistes, devenus groupe (Juju), forgent in vivo, une matière sonore inédite, explorent un territoire vierge, façonnent à deux une identité, loin de toute balise.
Accompagnés, pour la première fois, d’une section rythmique qui transcende leur propos (l’extraordinaire percussionniste Dave Smith, et le non-moins talentueux bassiste Billy Fuller), ils sillonnent les routes de la transe, entraînent l’auditeur sur des pistes d’une quinzaine de minutes, où l’adjonction de petits éléments (rythme, sel, piments...) aux boucles hypnotiques, contribue à la formation d’un univers incantatoire chargé de décibels et d’intelligence, où le groove reste le maître mot.
Sur les guitares, sur le roulis des percussions, le violon virtuose s’élance, comme le chant habité de Juldeh, pour faire bouger les corps, désormais habités. Enregistré en une seule prise, mais avec une architecture fine, qui révèle les heures de jeu ensemble, l’hypnotique In Trance tient du miracle : à deux, donc forcément plus riches, ils élaborent une seule respiration, un seul amour, une seule discussion, un seul monde.
Juju (Justin Adams & Juldeh Camara) In Trance (Realworld) 2011