Philippe Lavil
Il y a une petite brise de sérénité et quelques cicatrices sous le temps radieux de La Part des anges, le nouveau disque de Philippe Lavil, chanteur martiniquais de Paris.
Philippe Lavil compte parmi les petits maîtres de la chanson française, artistes dont le public connaît mieux le style que le nom, les chansons que le visage. Le principal avantage que l’on peut trouver à cet état de fait est qu’il peut se permettre de prendre son temps entre ses albums, tout en ne se sentant pas prisonnier d’une esthétique ou d’un genre.
Ainsi, après l’instrumentation et le climat vintage de Calypso, précédent album paru il y a presque quatre ans, il s’est construit un disque à la fois parfumé des effluves de ses Antilles natales et sans rien qui dépayse l’oreille métropolitaine. Le travail du réalisateur Camille Bazbaz y est pour beaucoup, mais aussi l’instinct de Philippe Lavil, qui sait être sucré avec ce qu’il faut d’épices pour toucher l’oreille rêveuse, le cœur un peu mélancolique et les jambes qui voudraient bien chalouper un peu – mais pas trop…
On goûtera le partage de souvenirs antillais avec Laurent Voulzy dans leur duo Fort-de-France ou la petite méditation sur les tromperies des couleurs de cartes postales avec Louis Chédid, Sous le même soleil. Et l’auteur-interprète Philippe Lavil sait bien se mettre en scène, comme lorsqu’il se présente comme "très beaucoup célibataire" dans La Fille du train ou médite sur les bienfaits du départ au loin dans Viens voir ce que tu deviens (texte écrit avec Elisabeth Anaïs, belle mélodie de Christophe Monthieux).
En pente douce dans la sensualité comme dans le sentiment, dans la mélancolie comme dans l’hédonisme, Lavil fait entendre des chansons à l’été tempéré, traversées de grains et riches de douces torpeurs. Un disque de viveur qui a beaucoup appris de la vie…
Philippe Lavil La Part des anges (Sony Music) 2011