Le collectif La Femme, qui sort son premier disque, Psycho Tropical Berlin, était à l’affiche du 37e Printemps de Bourges. RFI Musique était sur les traces de ces jeunes gens modernes, qui remettent au goût du jour les années 80 et la surf music.
Lorsqu’on parvient enfin à les joindre au téléphone, quelques jours après leur passage au 37e Printemps de Bourges, ils sont sur la route. En moins d’une semaine, le collectif La Femme aura relié Bourges à Dijon, se sera rendu en Suisse et aura passé son dimanche après-midi sur la scène du Zénith de Strasbourg "où une date importante" les attendait. La Femme est partout et logiquement, de plus en plus de monde s’intéresse à ce groupe à géométrie variable qui remet au goût du jour les années 80.
La Femme ressemble à trente ans d’écart au duo Elli et Jacno et puise dans ces temps où la musique pop s’écrivait avec des claviers, des guitares au son sec et des paroles faussement naïves. Inspirée par le yéyé, la surf music et le rock’n’roll originel, La Femme doit surtout beaucoup au punk et à la new-wave. "Dans nos goûts, on est plus Marie et les garçons que Taxi Girl", indique Marlon Magnée, l’un des deux garçons à l’origine du groupe. La Femme ne se laisse pas approcher si facilement.
Son premier album, Psycho Tropical Berlin, est un mélange à plusieurs degrés de lecture de toutes ces influences. Il y a des parties instrumentales qui mêlent le côté rétro du surf et le futurisme de la science-fiction, des voix gentillettes de filles et des garçons qui lancent des slogans absurdes : "Prends le bus / Prends le bus / Antitaxi !" L’écriture de La Femme ressemble à un grand collage qui s’oriente autant vers le psychédélisme que vers l’esthétique des années 1930.
Le disque est né en deux ans, alors que le bouche-à-oreille faisait son chemin et que le groupe créait dans l’ombre sa propre structure, Les Disques Pointus. Sous l’égide de ses deux têtes pensantes, Marlon Magnée et Sacha Got, La Femme a enregistré dans des caves, dans les studios qu’on lui a prêtés, mais aussi dans des lieux prestigieux comme le studio ICP de Bruxelles. Autour de l'album, désormais sorti chez Barclay, le collectif a aussi conçu tout un univers visuel. Avant d’en arriver là, les garçons et les filles de La Femme se sont fait connaître grâce à une longue tournée aux États-Unis durant laquelle ils ont traversé le pays de la côte est à la Californie.
Au 22, la petite salle du Printemps de Bourges, c’est donc un groupe déjà bien rodé qui s’est présenté, au milieu d’une soirée largement réservée au retour de la pop des années 80. Quatre claviers, une thérémine, basse, batterie… on aurait cru les six membres de La Femme, cinq garçons et une chanteuse, sortis d’un film de série B, avec leurs lunettes rondes, leurs cheveux rasés et décolorés. Durant quarante-cinq minutes, ces jeunes gens modernes (21/22 ans de moyenne d’âge) qui semblaient avoir les doigts dans la prise, ont fait danser les grands adolescents de vingt ans venus les voir. La Femme ne demande maintenant plus qu’à grandir.
La Femme, Psycho Tropical Berlin (Barclay) 2013
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A écouter sur RFI l'émission, La bande Passante, le supplément Printemps de Bourges 28/04/2013