En trois ans d'existence à peine, Kid Wise a entamé une ascension rapide vers les sommets de l'indie-pop française. Avec L'innocence, un premier album sur le thème de l'enfance, le groupe originaire de Toulouse entend confirmer la belle image qui a accompagné jusqu'ici sa musique progressive et planante sur Internet.
Dans un café/disquaire branché de Paris, les plus jeunes membres de Kid Wise se rappellent de leurs années lycée. Formé autour d'Augustin Charnet, 19 ans aujourd'hui, le groupe est l'un des petits prodiges de la pop française, un enfant prometteur qui, en trois ans, a déjà gravi tous les échelons de la découverte. "J'étais en terminale. Kid Wise c'était un projet parallèle, raconte le jeune chanteur. J'avais un ordinateur, un logiciel et je faisais des chansons dans ma chambre. J'ai réalisé un petit EP et puis, j'ai eu envie d'une formation. Il y a eu des rencontres. Ça a pas mal bougé, mais c'est devenu un groupe de six personnes, démocratique.
Leader incontestable de sa bande, Augustin Charnet a beaucoup changé depuis les premières photos de famille ; l'adolescent à la casquette relevée sur la tête semble s'être effacé devant le musicien en devenir. Rapidement sorti du lot à Toulouse, Kid Wise incarne dans cette ville héritière de la chanson festive des années 90 (
Zebda,
Fabulous Trobadors...) la santé florissante d'une pop chantée en anglais, occupant désormais le devant la scène.
Pop de stade et rock de garage
Sur scène justement, il faut imaginer un chanteur androgyne au clavier, un groupe de rock orchestré qui le pousse, et musicalement, de longues plages planantes suivies par des montées orchestrales. Inspirée par les Islandais de Sigur Rós, le post-rock de God Speed You ! Black Emperor et une quantité industrielle de musique allant du classique au rock expérimental, la pop "progressive" de Kid Wise n'a rien d'évident a priori. "Un jour, quelqu'un nous a dit qu'on est à mi-chemin entre la pop de stade et le rock de garage, c'est exactement ce qu'on cherche à faire", constate Augustin Charnet.
Arrivant après des clips qui ont bénéficié du bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux, L'innocence, son premier album, possède cette ambition d'une musique onirique évoquant avec naïveté l'enfance. "Quand tu vois ce qui se passe dehors, c'est violent. La vie d'adulte, ça nous fait flipper ! On a un peu le syndrome de Peter Pan. Kid Wise, c'est notre bulle, notre échappatoire" poursuivent en chœur les jeunes musiciens. Loin de productions actuelles réalisées à la maison, le disque a nécessité une quarantaine de jours de studio dans lesquels le groupe "a mis toutes ses tripes".
Travail de l'image
Plus que bien entouré, Kid Wise a créé son propre label, Maximalist Records, afin de sortir les disques qu'il souhaite et signé des contrats dans les sous-divisions de la multinationale du disque Universal. Mais à l'image d'une génération née avec la crise, ses membres ne se bercent pas d'illusions quant à la chance d'avoir actuellement "un quotidien super, entièrement tourné vers la musique".
Le groupe travaille sur Internet une image personnifiée par leur ami Fred, l'égérie au masculin qu'on voit sur la pochette de L'innocence. Augustin Charnet explique : "C'est l'un de mes meilleurs copains, un mec bien dans son monde, avec une grosse philosophie. Fred est notre représentation de la liberté, c'est lui qui nous a poussés, en disant : 'Ok, vous êtes signés, mais tout doit avoir la même innocence qu'au début !"
Kid Wise L'innocence (The Wire records/Universal)2015