Deluxe ne sort jamais sans sa moustache. L’emblème de ce combo originaire d'Aix-en-Provence, s’expose même sur le visuel de Stachelight, tel un talisman. Ce deuxième opus au son plus pop a été enregistré avec la complicité de -M-, d’IAM et de Nneka. Un casting Deluxe !
Prendre rendez-vous avec Deluxe, c’est arrivé à coordonner 7 agendas. Ceux de Liliboy, Kaya, Pépé, Pietre, Kilo et Soubri et le nôtre. Car chez les Deluxe, tout se partage ! De la composition à l’écriture des titres, en passant par la promo. Le sextet aixois a érigé la démocratie participative en mode de vie.
Alors, quand seuls, Liliboy la chanteuse, Kaya le bassiste, Kilo, le batteur, scratcheur et beatmaker et Soubri le percussionniste se présentent au rendez-vous, nous comprenons vite que les aléas de la vie peuvent retenir les multi-instrumentistes Pépé et Pietre ailleurs. Qu’importe, le groupe parle le plus souvent d’une seule voix. La démocratie deluxienne a du bon.
Deluxe, un groupe de rue
Petit retour en arrière. Kaya, Pietre et Kilo se sont connus au collège. Rejoints par Pépé et Soubri, ils arpentent le pavé aixois, instruments sous le bras et batterie de voiture en bandoulière de 2006 à 2011. "Forcément, ça unit" précise Kilo qui comme la majorité de ses collègues est autodidacte.
En décembre 2011, lors d’une soirée aux Beaux-Arts d’Aix, ils font la connaissance de Liliboy. Le groupe a trouvé sa voix, sans vraiment la chercher. C’est lors de ces concerts improvisés dans les rues de la cité du Roi René, de ces heures de manche, que Zé Mateo les repère. Membre du trio de beatmakers Chinese Man qui a su construire sa pagode, son label, en toute indépendance, Zé et ses amis leur ouvrent un an plus tard les portes du label.
Le pari du live en studio
"Notre premier E.P paraît en 2011" se souvient Kaya. "Il est bien accueilli. On fait Taratata, tout en enchaînant une centaine de dates sur une période relativement courte." "En fait, on sera sur la route pendant deux ans" précise Liliboy. The Deluxe Family Show, leur premier album paraît en septembre 2013, dans la foulée de la sortie de la B.O des Profs, une comédie de Pierre-François Martin-Laval qu’ils cosignent. "Tout s’était enchainé très vite, se rappelle Soubri, les tournées, la compo et les enregistrements. Cette fois-ci, on a souhaité prendre notre temps, répétant l’album pendant trois mois. Et surtout, on a fait le pari du live, tous ensemble devant les micros, plutôt qu’instrument après instrument."
Pour cela, Deluxe qui a créé sa propre structure de production (Nanana Production) s’installe un mois durant dans un studio marseillais (le Recording Studio) à même de les accueillir dans des conditions proches de celles d’un concert, le public en moins.
Pour Liliboy, ce n’est pas la seule différence :
"On ne peut pas parler de méthode, mais tout va beaucoup plus vite entre nous et surtout beaucoup plus loin. Par exemple, Seize your Day (un des 13 titres de l’album, ndlr)
, donne une nouvelle vie à Jazz à voir
, une chanson qui n’avait pas trouvé sa place sur le premier opus. Cette nouvelle version est beaucoup plus épurée. Les accords ont été renversés et parfois même changés, précise-t-elle
. On sait peut-être juste mieux communiquer entre nous, comprendre quand pour l’un d’entre nous, la direction choisie n’est pas la bonne. On passe plus facilement à autre chose."
La fameuse démocratie en vigueur chez Deluxe repose sur la confiance. Une confiance, une collégialité qui va se nicher jusque dans leurs clips.
"En même temps que nous composons, explique Kilo,
naissent dans nos têtes des images. Ça va de pair pour nous. Il n’est pas impossible d’ailleurs que l’on réalise ou coréalise un clip pour chacun des 13 titres de Stachelight
."
Ce nom évoque l’emblème du groupe, devenu lumière de fond de scène. "Depuis nos premières dates, on travaille avec Luana Poncet aux costumes, Nicolas Bertocchi au son et Simon Louwet aux lumières. Quand on a exprimé l’envie de mettre en lumière la moustache, Simon a su trouver la solution" relate Kaya.
Casting Deluxe !
Cette moustache pourrait surligner un large sourire, car Deluxe a la baraka. Eux parlent même de bonne étoile en évoquant la grand-mère de Pietre qui allume souvent une bougie pour eux. "Ça doit nous porter chance" commente Soubri.
Pas étonnant dès lors de croiser sur cet album au rayon
featuring, les noms de la chanteuse germano-nigériane Nneka, d’
IAM représenté par Shurik’N et
Akhenaton, et de
Matthieu Chedid (-M-).
"On s’est croisé dans des festivals. Ils nous ont vus sur scène et nous ont fait confiance" s’enorgueillit Kilo.
"J’ai grandi avec -M- et IAM dans les oreilles. Quand ils ont accepté, je n’y croyais pas. C’était mieux qu’un rêve de gosse. -M- est encore plus perfectionniste que nous, qui le sommes déjà pas mal. Il ne s’est pas contenté d’enregistrer ses parties. Il a été présent jusqu’à ce que ces deux titres (Baby that’s you sur lequel il chante et Wait a minute où il prend la guitare) soient mixés. Il voulait que ça soit parfait, nous répétant : qu’on peut toujours faire mieux, que c’est lorsque tu crois que tu as fini, que tu peux faire mieux. Pas étonnant qu’il ait déjà obtenu 9 Victoires de la Musique."
Le 19 novembre dernier, Deluxe s’offrait l’Olympia avec en invités surprises, -M-, Akhenaton et Shurik’N. Un peu plus d’une semaine après les attentats parisiens du 13, le concert qui affichait complet réunissait un peu moins de monde que prévu (2400 personnes présentes sur les 2800 billets vendus).
"On a failli annuler. -M- et IAM étant toujours partant, on a foncé" précise Kilo.
Et ils ont eu raison à en voir les vidéos sur le net. "Le public n’en revenait pas. L’ambiance était folle. Il ne voulait pas sortir, reprenant nos chansons jusque dans le hall. C’est comme si j’avais pris de la drogue. J’ai mis deux semaines à redescendre" confie le batteur qui tous les lundis, retrouve ses acolytes pour un match de foot. "Si on veut continuer les clopes et le vin rouge, il faut du sport." Définitivement la démocratie participative à la Deluxe a du bon.
Concerts : En mars, une tournée française de 28 dates, un concert marseillais le 30 avril au Dock des Suds, de nombreux festivals cet été et un premier Zénith parisien le 22 octobre.