Jean Leloup, 25 ans de hits

Jean Leloup sur scène
Festival d'été de Québec 2012 © MH Mello

Après sa mort autoproclamée puis sa renaissance, plusieurs changements de pseudonyme et une dizaine d’albums, l’excentrique artiste montréalais Jean Leloup célébrait le 8 juillet à Québec pas moins d’un quart de siècle de chansons.

Qu’il se nomme Jean Leloup, John The Wolf, Dead Wolf, le Roi Ponpon, Jean Leclerc, Massoud Al-Rachid, Pablo Ruiz ou Johnny Guitar, nous avons bien affaire au même homme : un créateur polyvalent dont les œuvres et la personnalité intriguent, fascinent et attirent les foules depuis quelques décennies.

Au milieu des années 1980, il entamait une fructueuse carrière en chanson après avoir passé sa jeunesse au Togo et en Algérie. Désormais âgé de 51 ans, le père du tube 1990 (tiré de l’album L’Amour est sans pitié) est devenu un compositeur, guitariste, chanteur, romancier et cinéaste au statut mythique au Québec. Si mythique qu’il refuse parfois d’accorder des entrevues.
 
Mourir et renaître… à Québec
 
Parce que Leloup est un personnage haut en couleur, il n’est pas étonnant que sa carrière et son image aient connu des hauts et des bas au fil des ans, surtout au cours des cinq dernières années. Après tout, l’artiste imprévisible avait bel et bien célébré la mort de Jean Leloup en 2003 alors qu'il trônait au sommet de sa gloire. Ses albums Le Dôme, Les Fourmis et La Vallée des réputations avaient en effet confirmé son statut de chanteur émérite.
 
L’artiste avait alors lancé deux disques "hommage", un coffret live et une compilation de ses plus grands succès, et personne ne croyait le revoir sur scène. Il y avait des rumeurs d’abus de substances, de troubles de santé mentale, etc. Mais – coup de théâtre ! – il était ensuite revenu proposer deux opus en solo (Mexico et Mille excuses Milady) et, l’an dernier, un album avec son nouveau trio The Last Assassins. Changement d’avis ou surprise préorchestrée ? Nul ne le sait vraiment.
 
Le 8 juillet dernier, soit quatre ans après y avoir créé un vrai scandale, Leloup était attendu de pied ferme à Québec sur la grande scène extérieure des Plaines d’Abraham, un lieu historique de la Vieille Capitale. À voir les milliers de festivaliers venus assister à ce spectacle de la tournée La Nuit des confettis, nul doute que le chanteur a été pardonné après avoir lancé des insultes à son public et interrompu son concert au Colisée de Québec en 2008. Rappelons que l’événement avait engendré une très mauvaise presse et mené au boycottage par certains admirateurs, si bien qu’il avait présenté ses excuses aux Québécois par le biais des médias.
 
Un grand retour sur scène
 
Malgré cette fâcheuse histoire ancienne, l’artiste plus grand que nature a été chaudement accueilli sur la scène du Festival d’été de Québec avec ses trois musiciens et sa choriste Virginia Tangvald, également membre des Last Assassins. Réchauffés par le groupe Misteur Valaire qui précédait Leloup, les spectateurs savaient qu’ils auraient droit à une intense dose de folie, mais serait-ce de la bonne ou de la mauvaise ? Eh bien, Leloup a paru au sommet de sa forme, visiblement ravi de monter sur l’immense scène et de livrer des succès remontant jusqu’au début de sa carrière.
 
Après une entrée en force avec les tubes IsabelleNathalie et Cookie de 1991, l’homme au chapeau caractéristique a chaudement salué son public, raconté des bribes d’histoires farfelues et s’est permis quelques digressions comme il en a le secret. Edgar, La vie est laide, Johnny Go (interprétée avec son complice James Di Salvio du groupe Bran Van 3000), La chambre et Le monde est à pleurer, des succès datant de la fin des années 1990 et du début des années 2000, ont sans contredit constitué les moments les plus captivants du généreux spectacle. Les Plaines d’Abraham étaient en fête et tous les festivaliers – âgés de 10 à 60 ans – en connaissaient les paroles par cœur.
 
Une surprise toutefois : le guitariste a livré peu de morceaux tirés de ses plus récents albums, Mexico, Mille excuses Milady et The Last Assassins. Il y a bien eu une version considérablement transformée de La plus belle fille de la prison, qui a curieusement pris les allures d’une amusante histoire de pêche, et aussi la chanson Recommencer… Mais l’on a surtout constaté le plaisir que Leloup éprouvait à interpréter ses compositions d’une autre époque. Outre quelques solos en plus, modifications de tempo ou déviations de récit, ces chansons étaient la plupart du temps presque telles quelles et reconnues illico par les spectateurs, qui poussaient des "oh !" et des "ah !".
 
Tant dans les moments festifs que dans les instants plus "ambiance" mais non moins intenses (Le Dôme et I Lost My Baby, par exemple), Jean Leloup a montré qu’il sait encore habiter la scène et animer une immense foule comme celle du Festival d’été.