Shurik’n, toujours dans la course
Douze ans depuis son premier album solo, c’est ce qu’on appelle savoir se faire attendre. Pourtant, difficile de dire que le Marseillais Shurik’n, est resté inactif depuis Où je vis, l’album qui marquait son émancipation discographique. En effet, le MC d’IAM n’a pas cessé de rapper, que ce soit aux côtés de son ami de toujours Akhenaton ou avec son frère Faf Larage, partenaire du duo La Garde. Aujourd'hui, il propose un nouvel opus, Tous m’appellent Shu.
Tous M’Appellent Shu, c’est donc le disque de Geoffroy Mussard, alias Shurik'n, un soldat du hip hop, sur le sentier de la guerre sainte du rap depuis plus de deux décennies. "C’est un album qui me ressemble, je n’avais pas la prétention de faire autre chose. Ma vie avait changé, je suis devenu père. Et je savais qu’il y aurait des sujets qui passeraient largement au-dessus de la tête de certains auditeurs. Mais ça fait partie de la vie. Le rap a l’âge qu’il a. Si on cherche des contradictions, on en trouvera. C’est l’album de quelqu’un concerné par les problèmes de sa génération, même si ça m’éloigne de certains auditoires. Cela poserait un problème si je ne voulais m’adresser qu’à des jeunes de 18 ou 20 ans. S'ils viennent, c’est un compliment, mais pas le contraire", explique Shu.
Les quinze morceaux de cet album ne sont effectivement pas atteints de jeunisme ni de démagogie, même si certains auront peut-être du mal à cautionner le texte de Mon Fils, titre intense sur l’histoire d’un père qui perd son enfant et se fait justice lui-même. "Je me suis demandé quelle serait ma réaction primale, après la peine. Qu’est-ce qui se passe dans ta tête s’il t’arrive ça ? Je pense qu’il y a au moins une seconde où les parents se disent 'Donnez-nous celui qui a tué'. C’est humain. Sur Où Je Vis je n’étais pas capable d’écrire ça, aujourd’hui je peux l’assumer".
On retrouve Akhenaton sur Comme Vous et Le Sud (produit par "Tonton" Imhotep), deux titres importants et brillants. La grosse différence avec le premier solo de Shurik’n est dans la musique : au lieu de s’occuper lui-même de tous les sons, Shu ne s’en est gardé que trois (MC, La Même Chose et Mon Fils), laissant le reste des productions à des beatmakers extérieurs tels que Njaga, Haytem, GR & F, Sensay de Lausanne.