Naâman et la parole reggae

Naâman et la parole reggae
Naâman, <i>Rays of Resistance</i>, 2015 © DR

Devenu, en l'espace d'un album, l'un des personnages clés de la nouvelle scène reggae en France, Naâman renforce ses fondations et élargit son horizon avec son nouveau projet baptisé Rays of Resistance.

Au bord de la mer, en Jamaïque, dans une petite maison, sans voir personne et avec l'intention de se “couper du monde” : c'est ainsi que Naâman a donné forme à la plupart des titres de son deuxième album officiel, en novembre dernier, après un voyage de plusieurs mois qui l'a mené en Inde, au Népal...

Cet isolement confinant à la retraite s'avérait nécessaire à ses yeux pour se concentrer sur son nouveau projet, avec comme ligne directrice la volonté de “délivrer un message complètement positif” qui lui ressemble. Voire même de “laisser une trace”, s'est-il dit à cette époque quand l'avion dans lequel il se trouvait traversait de telles turbulences que tous les passagers pleuraient, pensant leur dernière heure arrivée... Et le reggaeman français avait beaucoup de choses à dire, si l'on en juge par la longueur des textes, reproduits dans le livret du CD !
 
Après cette phase d'écriture, la suite s'est déroulée dans un studio parisien, au printemps de cette année, avec les musiciens qui accompagnent Naâman sur scène. Vu ce que l'équipe a gagné au fil du temps et ce qu'elle peut désormais proposer en live, notamment en termes de cohésion, il aurait été dommage de s'en priver ! Le résultat après deux mois d'enregistrement est forcément différent de celui obtenu en dix jours, comme c'était le cas pour Deep Rockers : Back A Yard, fruit d'un séjour express à Kingston.
 
“Moins instinctif”, de l'aveu même de son auteur, Rays of Resistance est un album plus abouti. Sans pour autant faire le sacrifice de cette fraîcheur séduisante qui constitue un des atouts de Naâman, à l'exemple de Karma qui a fait ses preuves en concert depuis longtemps. Le reggae reste la couleur dominante et s'est étoffé, comme sur International Love, marqué par la voix d'une des deux choristes du groupe de reggae américain Groundation. Mais le jeune Dieppois revendique aussi une palette d'influences plus large. Cela peut s'entendre sur My Days avec la chanteuse écossaise d'origine indienne Soom-T (qui fait actuellement parler d'elle pour sa collaboration avec Tom Fire). Ou Garden of Destiny, avec les deux Jamaïcains Massy et Triple déjà invités sur un EP début 2015, dans une veine clairement trip hop. D'autres ambiances, d'autres atmosphères qui révèlent Naâman sous un autre jour.
Naâman, Rays of Resistance (Soulbeats Records) 2015
Page Facebook de Naâman