Brahim, valeur sûre du reggae
Au royaume de la musique, il existe une catégorie d’artistes dont le talent indéniable, révélé à l’occasion, est ensuite souvent sous-employé. Brahim a été de ceux-là. Référence dans le milieu du reggae français, il a de nouveau les moyens de se faire entendre plus largement avec son troisième album, Sans haine.
Lorsque Brahim est arrivé sur le devant de la grande scène des Francofolies de La Rochelle, en plein milieu du concert que les reggaemen français de Danakil y donnaient l’été dernier, Brahim aurait pu passer pour un inconnu auprès des milliers de spectateurs massés au pied des fortifications. Mais ses hôtes, soucieux de le présenter à sa juste valeur, n’ont pas manqué de rappeler que cet invité un peu spécial, dont ils reprennent un titre en live, s’était produit sous son nom, dix ans plus tôt, sur ce même festival.
A l’époque, son album L’idéal était parvenu à réunir une rare – peut-être même unique encore à ce jour – unanimité dans le monde du reggae hexagonal. A tel point que certaines de ces chansons ont nourri la jeune génération de musiciens, qui s’est fait les dents dessus, puis les a intégrées à son répertoire. Brahim l’a découvert incidemment. "Quand tu vois les vidéos sur Internet, tu as l‘impression que tu es mort et que c’est un hommage", s’amuse-t-il, avant de confier que cette "reconnaissance" lui fait un bien fou. "Ça donne la force d’avancer, à défaut de ne pas avoir trop d’argent !"
Dans ce contexte plus sécurisant, ses mots à vif gardent toute leur justesse. Aux affirmations faciles, il préfère les interrogations : "Faut-il une révolution pour trouver une solution ?" paraphrasant Bob Marley dans son morceau Revolution. Sur ses cahiers qu’il remplit, surtout la nuit quand il sent "qu’il y a plein d’âmes qui dorment", Brahim couche ce qu’il a intériorisé. Une habitude prise depuis l’enfance.