Bikini Machine, comme au cinéma

Bikini Machine, comme au cinéma
Bikini Machine © R. Auvrey

Pour leur retour sur le devant de la scène après une parenthèse (enchantée) avec Didier Wampas, les Bikini Machine retrouvent les guitares. Entièrement en anglais, leur quatrième disque, Bang On Time !, laisse plus de place au rock garage et moins à l'électro. A l'occasion de cette sortie, retour sur un groupe qui, loin des superproductions, compose une musique garage cinématographique et toujours fun.

Les filles portent des mini-jupes colorées sur lesquelles courent leurs longs cheveux, les garçons arborent des vestes cintrées et dans les booms, l'électrophone diffuse les Beatles, les Kinks ou les Pretty Things… Écouter Bikini Machine, c'est voir un film sur les années 60 et s'offrir une bonne dose de revival. "Je n'aime pas trop le terme de 'revival', rectifie Pat Sourimant, le bassiste et porte-parole de la bande. Il y a des groupes qui font cela très bien, mais ce n'est pas notre cas." Le clavier Sam Michel complète : "Nous, on estime qu'on fait de la musique actuelle en s'inspirant de toute cette période-là."

Le groupe originaire de Rennes revisite en effet l'imaginaire des sixties anglo-saxonnes pour composer un rock garage baigné d'électro. Leur premier disque, An introduction to Bikini Machine (2003) proposait déjà un voyage spatio-temporel et quelques temps plus tard, ils devaient reprendre à leur compte les vieux tubes de Jacques Dutronc. "En général, on fait de l'électronique avec des vieux claviers, des vieilles machines à la manière de François de Roubaix. Mais aussi bien au niveau des paroles que des sons, ce n'était pas possible d'améliorer ces chansons de la période Vogue. Alors, on avait mis des claviers et des batteries très actuels", raconte Pat.
 
Didier Wampas, l'électro et les guitares
 
Ces dernières années, les cinq Bikini auront surtout accompagné Didier Wampas, le chanteur des Wampas, dans sa carrière solo et si une collection de leurs instrumentaux a paru sous le titre Let's party with…, ils avaient mis leur propre production en suspens. Leur quatrième disque, Bang on Time !, sonne doublement comme un retour au premier plan. "Pile à l'heure, c'est avant tout un clin d'œil", note Sam. "Moi, dans ma tête, ça veut dire : Il était temps ! Et puis, c'est catchy comme titre, c'est presque un slogan. Cela rappelle les films de série Z", relève Pat.
 
Ceux qui ont emprunté leur nom à un navet des années 60 "pourtant tourné avec un budget énorme", Dr. Goldfoot and the Bikini Machine, et cultivent les références aux compositeurs de musiques de films ont tout fait à la maison. Cette méthode de travail artisanale a aussi à voir avec des morceaux très live dans lesquels les guitares ont pris le pas sur l'électronique. Le guitariste Franck Hamel constate : "Nous nous sommes débarrassés des séquences, des boucles, sauf que, lorsqu'on tend l'oreille, il y a encore plein de bidouilles électroniques derrière."
 
Les Black Keys, le succès et une noirceur
 
Assez étrangement, le son de Bang On Time ! évoque les Black Keys dont les derniers blockbusters ont pourtant laissé nos Bikini Machine songeurs. Pat : "Bien sûr qu'on a écouté les Black Keys mais je préférais leurs premiers disques dans lesquels les guitares rappellent les groupes sixties comme les Sonics. À moins qu'ils ne reviennent en arrière, ils sont devenus trop gros. Ils sont contraints de faire de tubes. C'est devenu FM. Autant je les aimais bien avant, autant maintenant, je préfère la musique et la manière de gérer sa carrière de Jack White". 
 
Le succès n'a d'ailleurs jamais été une priorité pour les petits Français qui ont fait leur route dans les salles rock et continuent de faire la musique qui leur chante. "Dès l'école, on nous oblige à avoir du succès, mais on a aussi le droit de se tromper ou bien d'emprunter d'autres voies. Ça nous fait toujours rire cette histoire, parce que justement, on n'est pas un groupe à succès et pourtant, on vit de notre musique depuis 20 ans", continue le bassiste, sourire en coin.
 
"La vie d'un Bikini Machine, c'est celle de beaucoup de musiciens. On est intermittents du spectacle. On gagne notre vie en faisant des concerts et à côté, en travaillant comme régisseur dans des salles ou comme technicien pour d'autres artistes tout en ayant le luxe de faire de la musique dans notre local", détaille son compère Franck.
 
En à peine plus de trente-deux minutes et dix chansons en anglais qui alternent entre un côté dansant et une noirceur "allant avec l'époque", les Bikini Machine remettent leurs pendules à l'heure. Cultivant leur côté rétro, ils regardent grâce à ce Bang on Time ! vers le futur et ce "rétro vers le futur" pourrait bien être le film de leur carrière.     
 
Bikini Machine Bang on Time ! (Yotanka)2014
Site officiel de Bikini Machine
Page Facebook de Bikini Machine
A écouter : la session live dans la Bande Passante (16/12/2014)

En concert le 17 décembre au Nouveau Casino à Paris