Gaspard Royant, ancien critique musical, tourne sur la scène indépendante française depuis 2007. Rigoureux adepte d’un anglais irréprochable et d’un rock’n’roll vintage, il a enchanté le début de 2014 avec son décoiffant Marty McFly. Il sort aujourd’hui son second album, aussi insolemment réussi que le premier, Have you met Gaspard Royant ?
Tel un Roy Orbison londonien, il a su nous séduire en 2014 avec ses titres Marty McFly et The Woods, issus d’un premier album crânement intitulé 10 Hits Wonder. Culotté. Gaspard Royant n’est pourtant né ni au Texas, ni sur la Tamise, mais au bord du lac Léman, en Haute-Savoie. Jeune adulte, il devient pigiste pour la chaîne musicale MCM avant de se lancer dans la traversée des États-Unis d’est en ouest, à la recherche de ses amours d’enfant : le rock’n’roll. Logique, dès lors, que son premier disque sonne agréablement années 1960.
Dans ce second album, Have you met Gaspard Royant ?, notre provo savoyard, avec sa voix magique et son talent protéiforme, nous invite au voyage entre les années 1960 et 1985 : tout son enregistrement consiste en une savante triangulation entre ses référents américains, Roy Orbison et Chris Isaak, et la soul britannique façon The Jam.
Côté Orbison, Royant déploie le slow lancinant A Night In The City. Côté The Jam, l’on peut, au choix, bouger sur le mélodieux et addictif Baby, I’m with you ou réfléchir, avec New Religion, sur le fondamentalisme… Quant à Chris Isaak, lui aussi dans l’orbite orbisonienne, on ne peut ignorer sa patte dans Here For Nobody (son piano magistral) et Summer’s Gone, qui évoque aussi Elvis crooner.
Le tout a été amoureusement emballé par la réalisation d’Edwyn Collins (Rip It Up, 1982, avec Orange Juice) et la section de cuivres des Dexy’s Midnight Runners, icônes de la northern soul britannique. De la belle ouvrage ! On aimerait simplement une version française du magnifique Getaway, sautillant hymne à la timidité, maladie infantile de la séduction. En piste cachée.
Gaspard Royant Have you met Gaspard Royant ? (Jive-Epic/ Sony) 2016