Moins de neuf mois après son dernier disque, dEUS fait paraître Following Sea. Sorti à la surprise générale sur internet le 1er juin, ce septième album écrit la chronique d’un groupe en roue libre, libéré de toutes contraintes créatives. Ce n’est pas demain que dEUS perdra son statut de monument du rock belge mais le résultat est inégal.
Comme Radiohead et quelques autres avant lui, dEUS a sorti son nouveau disque Following sea sur internet : c’était vendredi 1er juin et la mer était calme. La pratique n’est plus tout à fait nouvelle mais elle étonne toujours, surtout venant d’un groupe dont le dernier album remonte à moins de neuf mois. C’était oublier que dEUS et son leader, Tom Barman, ont toujours refusé les habitudes et cassé la routine.
Il y a une bonne quinzaine d’année, dEUS composait à l’image de Noir Désir en France, les standards du rock dans son pays et le groupe, dont la moindre sortie est toujours suivie de près par les radios et la presse, reste quoi qu’il fasse, un monument en Belgique. Que peut donc faire un monument de la musique "pop", alors que les disques se vendent de moins en moins ? La réponse tient dans un choix : soit il se répète, soit il continue d’être ailleurs.
dEUS a clairement fait son choix et opté pour le deuxième schéma. En septembre dernier, Keep you close était trop lisse pour égaler les grands disques des années 90, mais Tom Barman et les siens semblaient chercher de nouvelles voies. Following Sea est un disque bien différent, composé en bonne partie des chansons qui n’ont pas été retenues pour Keep you close et que dEUS prévoyait de sortir sous forme d’EP.
À la fois plus pop d’un côté et plus rêche de l’autre, il écrit la chronique inégale d’un groupe en roue libre, qui se laisse aller dans ses recherches : parlé/chanté sur la moitié des chansons, chant en français pour le très gainsbourien Quatre mains, sonorités électroniques... La question d’un disque anecdotique ne se pose pas pour dEUS, puisque le groupe d’Anvers garde le cap. Comme une boussole, Tom Barman montre le nord et dEUS ne dévie pas d’un rock exigeant, qu’on dit – à tort- cérébral.
Sirens, Hidden Wounds ou le planant Nothings sont ainsi de jolies chansons pop, néanmoins, toute la seconde partie de Following Sea laisse beaucoup plus sceptique. Elle pose plus généralement la question des disques sortis sur internet : vite mis en ligne, vite écoutés, vite passés, ces disques ne seront sans doute jamais générationnels comme l’ont été les premiers dEUS.
dEUS Following sea (Pias) 2012