Grand Corps Malade, à plein de voix
Depuis bientôt une décennie, sa voix grave et sa silhouette étirée par une canne anglaise incarnent le slam en France. Cette fois-ci, Grand Corps Malade a convoqué une pléiade d'artistes sur un album choral, notamment marqué par la classe folle de Charles Aznavour et le retour de Renaud. "Il nous restera ça", dit la formule qui a servi de ciment à ce disque. Et si, dans un pays sous le choc des attentats terroristes qui ont touché Paris, il nous restait Fabien Marsaud ?
Il y a d'abord le parti pris d'un album à plusieurs mains, pas tout à fait comme les autres. Dix chanteurs, auteurs, acteurs ont écrit chacun un texte autour de la formule "il nous restera ça", comme dans un grand atelier d'écriture. Il y a ensuite un choix d'artistes dont on ne savait pas trop quoi attendre, parce qu'il nous semblait passablement convenu. Et enfin, il y a la magie d'un artiste, Grand Corps Malade, qui amène à lui tout ce petit monde et suggère que l'écriture est un combat.
"Ecrire", si on ne devait retenir qu'un mot de cette aventure, c'est bien celui-ci, car il donne lieu à un texte de Charles Aznavour qui sonne comme une leçon : "Rêver, chercher, apprendre / N'avoir que l'écriture et pour maître et pour Dieu / Tendre à la perfection à s'en crever les yeux / Choquer l'ordre établi pour imposer ses vues / Pourfendre" Le grand Charles plie peut-être sous le poids des années, mais face au crépuscule qui s'annonce, il reste droit comme I.