The Shoes à l’heure de danser
Producteur pour Gaëtan Roussel et Shakira, le duo The Shoes impose sa pop électronique dans les festivals de l’été européen. Le duo, représentant d’une scène rémoise en pleine explosion, était à l’affiche de la scène "Not Ze Francos" mercredi soir, lors des 27e Francofolies de La Rochelle qui se poursuivent jusqu’au samedi 16 juillet.
Ambiance carmin, lumières blanches et jeans moulants ourlés au-dessus des chaussures. Au moment où The Shoes prend le contrôle de ses machines dans la nuit de mercredi à jeudi au Casino de La Rochelle, tout le monde sait bien que le temps est venu de danser. Derrière leurs claviers et leurs pédales d’effets qu’ils ne cessent de bidouiller, Guillaume Brière, Benjamin Lebeau et leurs deux batteurs ne font d’ailleurs pas mystère de leurs intentions : People Movin’, Time to dance, leurs morceaux parlent pour eux.
"Souvent, on nous qualifie de groupe électro. Ça nous va parce qu’on aime bien cette musique. Mais je trouve que The Shoes, c’est plutôt pop, estimait quelques heures avant leur concert Guillaume Brière. Évidemment, les outils pour habiller les chansons sont assez électroniques, mais on fait quand même des morceaux avec un couplet et un refrain, des voix et une grille d’accords qu’on pourrait jouer au piano."
The Shoes a l’évidence de la musique des années 80 et fait partie des groupes français qui concurrencent les Anglais en matière de pop, un choix devenu si commun que les Francofolies de La Rochelle réservent désormais une programmation "Not Ze Francos" à cette scène et qu’ici, le 14 juillet a été célébré avec des groupes anglophones : Cocoon, Lilly Wood and the Prick et The Do. "On est quand même un groupe français, entre les chansons, on parle en français et puis, quand on arrive sur scène, on dit 'bonjour'", plaisante Benjamin Lebeau.
L’esthétique du groupe comme le son de leur premier album, Crack my bones, respire cependant l’Angleterre et les clubs où la bière a autant d’importance que la densité du son. Ainsi, pour remettre en ordre les pièces d’un premier album créé par bribes, The Shoes a fait appel à un producteur anglais et ils ont mixé à Londres. Guillaume Brière reconnaît : "Comme on peut faire plein de choses différentes, on s’éparpille vite. D’où l’utilité de prendre un producteur, mixeur et un réalisateur pour tout mettre en ordre."
Scène rémoise
Avant de fonder The Shoes, Guillaume Brière et Benjamin Lebeau se sont, depuis leur rencontre dans la cour de l’école, essayés à toutes sortes mélanges et de recherches. Ils ont d’abord fondé des groupes au lycée et puis sorti un album, sous le nom de The Film. The Film a connu une gloire éphémère pour la musique d’une publicité pour grosse berline, mais quand on évoque cette époque où ils s’étaient installés à Bordeaux et jouaient avec tous les musiciens de la scène indépendante locale (Kim, Adam Kesher…), ils s’étonnent. "On n’en parle pas trop d’habitude" explique Guillaume. "C’était à l’époque de Neandertal ça, reprend Benjamin. The Shoes, c’est vraiment le projet où on a pu mettre tout ce qu’on aime." C’est-à-dire de la pop anglaise, beaucoup d’électronique et sur scène, des percussions qui donnent à leurs air légers, un gros son lorgnant vers la house et le big beat… À les entendre, on se croirait parfois dans les gros festivals belges, où l’électro et la pop ont depuis longtemps déjà scellé leur union.
A Reims, petite ville plus connue jusqu’ici pour être au cœur de la Champagne que pour la musique, le groupe se trouve en ce moment au centre d’une scène de musiciens qui mélangent l’électro à la pop -ou le contraire. Yuksek, Brodinski avec lequel ils collaborent sur un projet parallèle, The Bewitched Hand, The Shoes forme désormais avec ses copains de lycée parmi les collectifs les plus réputés de la musique indépendante française.
C’est aussi un duo de producteurs avisés qui a travaillé ces dernières années pour Julien Doré, Gaëtan Roussel, Santogold ou la star latino Shakira. Pourquoi une telle démarche de producteurs ? Guillaume Brière résume : "En fait tout ce qu’on a dit jusqu’ici, c’est du blabla. Faire de la musique, c’est notre métier et on ne sait faire que ça. Dès qu’on a un peu de temps, on travaille donc pour nous ou pour les autres."
The Shoes Crack my bones 2011