Oliver Nayoka, le Jimi Hendrix du igbo highlife produit par la Colombie

Oliver Nayoka. © DR

Originaire d’Ekwulummiri, au sud de l’État d’Anambra au Nigeria, Okwudili Oliver Anisiobi alias Oliver Nayoka est un chanteur et guitariste nigérian virtuose. Il sort son nouvel album Aja Wele Wele avec le label colombien Palenque Records et le nigérian Odogwu Entertainment. Son igbo highlife mêlé à la rumba congolaise met à l’honneur la guitare ce qui lui a valu le surnom de "Jimi Hendrix du igbo highlife".

Sourire, danse, légèreté et voyage africain sont les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on écoute pour la première fois le nouvel album d’Olivier Nayoka sorti début novembre 2021. Sa voix résonnante et son doigté à la guitare font voyager. Les connaisseurs retrouveront l’influence du légendaire Oliver de Coque et sa maitrise de la musique congolaise. L’album ne compte que neuf chansons mais certaines en contiennent deux ou plus car Oliver Nayoka propose des morceaux de 8, 9 ou 10 minutes. L’immersion est donc totale. "Aja Wele-Wele est un album pour tous. À travers ce son, je voulais m’exprimer, donner de lespoir aux gens dans ce monde chaotique. Les chansons y ont un message pour l’âme. Elles emmènent les auditeurs dans un voyage dans la réflexion sur soi, sur les décisions de la vie. Peu importe la langue".

Musique de l’ethnie Igbo

Autodidacte, Oliver a appris seul à jouer de la guitare au sein de son peuple Igbo dans le sud-est du Nigeria, qui représenterait 18% de la population du pays. Puis, il a commencé à se produire dans les églises de l’État d’Anambra, au Nigeria. Sa carrière commence en 1993. Ensuite, il a formé un groupe qui le suit toujours "Talented fellows band of Africa". En 2006, il fait ses premiers débuts en tant que chanteur à Warri, la plus grande ville de l'État du Delta.

"Igbo highlife est un style de vie, cest un reflet de mon peuple - le peuple Igbo. Cest ce que nous sommes, quelque chose que nous ne pouvons pas vraiment expliquer. Mais, cest une musique unique produite avec linstrumentation et le langage africains. Je l’utilise pour raconter des histoires sur ma société et parler à lhumanité directement avec ma langue maternelle - la langue Igbo. Pour moi, la musique de Highlife est un mode dexpression et surtout de communication avec le monde".

Son habilité à la guitare lui vaut le surnom le Jimi Hendrix du Igbo highlife. Une comparaison que l’artiste relativise: "Cest un jeu de mots utilisé pour décrire mes compétences en guitare. Je ne suis pas Jimi et Jimi nest pas moi. J’ai mon propre style, ma sensibilité qui ne ressemblent pas à ceux de Jimi. Nous sommes tous les deux uniques".

Expression des racines africaines des Colombiens

Ce nouvel album a été produit par deux maisons d’édition : le label colombien Palenque Records et le nigérian Odogwu Entertainment. Lucas Silva, le directeur du label colombien explique : "Oliver est un magicien de la guitare. Il a renouvelé lhéritage culturel de son ethnie pour les nouvelles générations. C’est pour ça que je suis allé le chercher. Je voulais produire un album au Nigéria, dans sa communauté Igbo et faire un son issu de la tradition des années 1990. On voulait le faire comme à l’époque, avec un vrai orchestre, rien de pop et que la vraie musique de l’ethnie Igbo".

Le pari semble gagné puisque dès le premier mois de son lancement le succès est au rendez-vous notamment en Colombie où les amateurs de musique champeta (genre musical colombien) le suivent de manière assidue, surtout durant ces performances en direct sur internet. "En Colombie , on est fan de la musique du Nigeria depuis les 1970 et du highlife sur la côte caribéenne. Prince Nico Mbarga, Ikenga super stars, Oriental Brothers International band sont des groupes légendaires bien connus. Palenque Records est un label panafricaniste. On travaille beaucoup en Afrique dans des pays comme le Congo, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal car ce sont les racines des Afro-colombiens. Ils sont 10 millions. C’est la deuxième plus grande population noire d’Amérique du sud après celle du Brésil. Nous rendons un hommage à l’Afrique perpétuellement".

En effet, le mot "palenque" renvoie à la culture afro-colombienne et plus précisément au village de Palenque de San Basilio. Il a été fondé au XVIIe siècle par des esclaves fugitifs. Ce refuge est devenu leur maison en 1713, lorsque la couronne ibérique signe un traité leur accordant la liberté et des terres. Depuis, le village est habité principalement par les Afro-colombiens, les descendants directs des esclaves africains amenés par les Espagnols durant la colonisation.

Oliver Nayoka Aja Wele Wele (Palenque Records), 2021

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