CharlElie Couture
Avec sa voix traînante, son drôle d'accent et sa poésie volontairement banale, parfois proche de l'absurde, CharlElie passe du rock au blues derrière ses claviers ou sa guitare. Véritable artiste polyvalent, il est tout à la fois chanteur, dessinateur, photographe, romancier et producteur. Un créateur complet !
De son vrai nom Bertrand-Elie Couture, il est né le 26 février 1956 à Nancy dans l'est de la France. Son père est un ancien professeur d'histoire de l'art, reconverti antiquaire-décorateur. Sa mère est professeur de français. En 1959, naît son jeune frère, Jean-Thomas qui deviendra plus tard Tom Novembre. La scolarité du jeune Bertrand-Elie est brillante malgré un accent local si particulier que certains ne le comprennent pas. Après son baccalauréat, il quitte sa famille et part "faire la route". Puis de retour dans sa ville natale, il décide de faire l'École des Beaux-Arts. Il y reste cinq ans.
Depuis l'âge de sept ans, il travaille le piano avec sa grand-mère, d'abord les classiques tels Debussy ou Ravel, puis le jazz. Désireux de plaire à ses congénères, il se met ensuite à jouer de la guitare, instrument qui le suivra dans ses nombreux périples d'adolescent. Il se met dès l'âge de quatorze ans à écrire ses premières chansons.
Durant ses années d'étude aux Beaux-Arts, il commence à filmer en Super 8 et à exposer quelques tableaux. Sous l'impulsion d'un ami, Pierre Éliane, il enregistre en 1978, dans un studio nancéien un premier 33 tours "12 chansons dans la sciure". Tiré à seulement mille exemplaires, le disque est remarqué, mais CharlElie refuse d'aller habiter Paris.
1980 : signature chez Island, label de Bob Marley
Diplômé en juin 1979, il enregistre quelques jours plus tard ce qui est déjà son second album "Le Pêcheur", produit par un petit label. Même si les critiques sont bonnes, ce n'est pas encore le grand succès. Il décide alors de repartir sur la route. Avec sa guitare, il joue aux quatre coins de la France. Durant l'été 1980, il passe au Café de la Gare à Paris en fin de spectacle de l'humoriste Coluche. C'est là que quelqu'un enregistre une cassette du spectacle et l'envoie aux Bahamas où réside le célèbre producteur, Chris Blackwell. Il signe alors un contrat avec le patron de la maison de disques Island. Ce dernier lui apporte toute l'infrastructure technique et le must des musiciens américains pour réaliser ce qui deviendra "Pochette surprise". L'album enregistré en France et mixé à Nassau sort en février 1981. L'univers du chanteur commence à se dessiner plus précisément.
1981 : "Poèmes rock"
Sitôt le disque achevé, il s'enferme dans un studio à Nancy et n'en sort que pour donner quelques interviews. Il travaille sept mois durant et refuse de monter sur scène. En juillet, il part pour les États-Unis et enregistre avec un groupe new-yorkais le célèbre album "Poèmes rock" qui sort en définitive en octobre. Même si le 45 tours "Comme un avion sans aile" ne se vend pas énormément, le fait est que ce titre devient un tube et entraîne sur le chemin du succès, l'album entier.
"Quoi faire" est comme à propos, le titre du disque suivant qui sort en 1982. Avec son accent traînard et sa poésie volontairement banale, CharlElie Couture nous dépeint un univers de froidure, de solitude et de nuit où le rock sert de toile de fond musical. "Local rock" est justement le titre extrait de l'album pour la promotion radio. Il se produit au Palais des Sports à Paris du 23 au 26 janvier 1983, puis il passe à l'Olympia, la célèbre salle parisienne et la critique musicale est dithyrambique. Il entame ensuite une tournée à travers la France.
Poète du non-sens et de l'absurde, il s'attache à reproduire un univers semblable dans la musique qu'il compose à l'occasion de la sortie du film de Claude Berry, "Tchao Pantin", en 1983.
Durant l'hiver 1984, il sillonne avec ses musiciens, le continent asiatique, pendant deux mois et demi. Une tournée qui passe par Hong Kong, Singapour, Calcutta et Bangkok avec pour station terminus, l'Australie.
1987 - 1988 : "Solo boys" / "Solo girls"
"Solo Boys" est l'album suivant. Il sort fin 1987. Il s'agit en fait, d'une galerie de personnages hantés par le sentiment de solitude, thème récurrent chez l'artiste. L'extrait de l'album, "La Suprême dimension" est bricolé et réalisé en famille, avec son frère Tom Novembre qui l'aide aussi pour le tournage du clip. "Solo Boys" sort chez EMI après que le chanteur ait quitté le label Island. L'année suivante sort "Solo girls", qui n'est que la suite logique du précédent. En effet, les chansons ont été écrites en même temps. On remarque surtout "Aime-moi encore au moins".
À la suite de la sortie des deux opus, il imagine un spectacle insolite à Paris, aux Folies Bergère, temple du music-hall. La soirée du 15 novembre 1988 est réservée au public masculin, le lendemain, au public féminin et enfin, le 17, ce sont les couples qui sont invités à venir écouter le chanteur nancéien. S'ensuit une tournée plus classique de quarante dates à travers la France. Il y est accompagné de son ami, Pierre Éliane, à la guitare. En 1989, sort un enregistrement public des Folies Bergère "Trois folies live" qui vient clore cette aventure "Solo".
De retour des antipodes et plus précisément d'Australie où il s'est exilé un moment, CharlElie sort un nouvel album en juin 1990 intitulé "Melbourne Aussie", enregistré là-bas. Fasciné par les immenses étendues sauvages et touché par le sort réservé aux aborigènes, le chanteur tente de reproduire toutes les impressions qu'il a rapportées de ce voyage, aussi bien par les textes, psalmodiés comme toujours, mais aussi par la musique, qu'il a jouée avec les musiciens locaux.
Artiste pluridisciplinaire par formation et par goût, il présente à Paris une exposition de peinture inspirée par le continent austral. Il la présentera aussi à Genève en Suisse. En même temps, il sort un roman "Les Dragons de sucre". Il donne aussi un concert unique à Paris à l'Élysée-Montmartre, le 27 novembre 1990.
L'année suivante, n'ayant toujours pas épuisé sa source d'inspiration, il sort un second album souvenir de l'Australie, "Victoria Spirit". Plus porté sur la réflexion que le précédent, cet opus recèle des sonorités souples aux accents lointains comme s'il s'agissait d'un carnet de voyage retravaillé posément avec précision. "Under control" est le titre choisi comme simple. Il enchaîne alors une tournée qui le mène entre autres au Zénith à Paris le 9 novembre 1991. En octobre 1991, il sort une compilation des meilleurs titres parus chez Island et il signe la pochette.
L'année 1992 est réservée, semble-t-il, à l'autre forme d'art que CharlElie apprécie tellement, la peinture. Il expose ainsi plusieurs dessins et toiles, ainsi que des photographies, à Lyon, Grenoble et Genève en avril 1993.
1994 : "Les Naïves"
Décidé à effacer les mots "ennui" et "repos", CharlElie Couture reprend réellement sa carrière de chanteur avec la sortie d'un magnifique disque "Les Naïves" en 1994, ouverture d'un nouveau chapitre dans sa vie. L'album, sorti chez Chrysalis, nouvelle maison de disque de l'artiste, est enregistré à Paris et à Nancy. Dix-huit chansons ciselées par un artisan expérimenté qui paraissent plus inspirées que jamais, que ce soit "Jacobi marchait" ou le portrait de "Miss Bigoudi". Toute la poésie de l'artiste se retrouve aussi dans le spectacle qu'il présente au Théâtre national de l'Odéon en novembre 1994, "Concert naïf au pays des anges". Une véritable mise en scène est imaginée par l'artiste, aidé en cela par le chorégraphe Philippe Découfflé et le costumier Philippe Guillotel. L'univers est à la fois léger et dépouillé, ce qui met en valeur la présence de CharlElie et de son piano.
Sorti au début de l'année 1995, "Dawn Town Project" est un album plus confidentiel. Conçu avec des musiciens new-yorkais et des Français férus de musique contemporaine et de technologie, le "Project" rassemble diverses influences. Le virage pris par CharlElie semble un peu serré depuis les "Naïves". Le public vient pourtant voir le spectacle qui suit l'album, à la Cité de la Musique de Paris, en novembre 1995.
1997 : "Casque nu".
En 1997, reparti dans ses pérégrinations habituelles, Couture enregistre cette fois-ci à Chicago, prolongeant ainsi l'expérience précédente, liée à la vie dans les villes. "Casque nu", le nouvel album est produit par le Britannique Michael Freeman. Grâce à la guitare, il renoue avec le blues. Sa voix y prend toute son ampleur. L'énergie y est à nouveau très présente, comme si la quarantaine passée, Couture prenait un nouvel envol.
Le 10 mars 1998, CharlElie achève une tournée africaine qui l'a mené au Gabon, Tchad, et au Cameroun. Organisés par les CCF (Centres Culturels français), ces concerts permettent au chanteur-voyageur de se découvrir un nouveau public. À Yaoundé, la première partie est assurée par un célèbre natif de la ville, le joueur de tennis reconverti chanteur, Yannick Noah.
2001 : "109"
En 2001, "109", sous-titré "Poèmes Electro (en rappel de ses "Poèmes Rock" de 1981) est le vingt-deuxième album de sa carrière. Cette fois-ci, CharlElie, qui a plutôt l'habitude de travailler en solitaire, a sollicité l'avis de son entourage pour ses nouvelles chansons, et même de ses fans via le net. Sur ce disque plus acoustique, il invite deux artistes différents, la rappeuse Bam's et le Dominicain, Prix Découvertes RFI en 1998, Mangu. Le 4 décembre, il donne un concert exceptionnel à l'Olympia pour fêter ses 20 ans de carrière. Il est entouré de Arthur H, -M-, François Hadji-Lazaro, son frère Tom Novembre et ses filles.
En janvier 2002 disparaît son père. À partir du mois de mars, CharlElie, qui désormais a officiellement laissé tomber son nom Couture, démarre à Bruxelles une tournée de ses "109 shows".
Artiste pluridisciplinaire, CharlElie n'envisage pas ses activités uniquement du point de vue musical. Se sentant un peu à l'étroit en France où on ne le perçoit que comme chanteur, il décide de partir s'installer à New York, pour se lancer dans le grand bain de la création internationale. En août 2004, après un an de préparation, il arrive dans la grande ville, avec femme et enfants. Il installe un atelier au douzième étage d'un immeuble donnant sur l'Hudson. En marge de la peinture, il prépare tout de même un nouvel album.
Pour la première fois, il laisse la composition des musiques à d'autres, histoire de développer un univers qui ne soit pas celui de ses précédents disques. Il fait appel à des artistes comme Dombrance, Naïche, Mathias Delplanque ou le Marseillais Ushthiax B. Les textes quant à eux, restent du domaine de CharlElie qui ne se voit pas chanter autre chose que ses propres mots. L'album "Double vue" sort en novembre 2004. S'ensuit une tournée en 2005, avec notamment quelques dates au Québec.
Toujours installé à New York, il continue ses activités artistiques : peintures, sculptures, qu'il expose dans des galeries en France et aux États-Unis, ainsi que sur son site internet.
En mars 2006, il publie le livre "L'atelier New Yor-Cœur", réunissant ses dessins, photos et textes inspirés par sa ville d'adoption. Cette publication précède la sortie de l'album "New Yor-Cœur" en novembre, enregistré chez lui, dans la Big Apple, avec des musiciens américains. Dombrance le rejoint à nouveau sur ce disque, pour le mixage. Cette fois, CharlElie compose et écrit. Sur une musique rock, ses textes incisifs livrent sa vision du monde, noire et sans illusion.
2011 : "Fort rêveur"
C'est toujours de New York qu'il envoie un nouvel album en janvier 2011 : "Fort rêveur", encore un titre jeu de mots pour redire son attachement à deux langues. Mêlant chanson, rock et blues, ce disque est plein du quotidien new-yorkais du chanteur, des bruits et des odeurs de la ville, captés lors de ses trajets à vélo dans Manhattan. Du Bronx à Harlem en passant par Ground Zero, CharlElie nous balade au son des guitares, de la basse et des claviers superbement dosés par le producteur Sean Flora (The Black Keys, Franz Ferdinand, Beth Ditto…). Avec un minimum de mots, il dit ses contradictions et son envie perpétuelle de se réinventer.
L'artiste fait le choix de vendre "Fort rêveur" en exclusivité au prix de 6€ sur un site de ventes privées pendant deux mois, avant de le sortir en téléchargement légal puis en tirage limité en magasin (au format vinyle, pour réhabiliter l'objet disque). Il entame une tournée française le 27 janvier 2011, posant son micro à la Boule noire, à Paris, du 9 au 12 mars puis au Casino de Paris les 10 et 11 juin.
Au Casino de Paris, il invite sur scène Louis Bertignac mais aussi Benjamin Biolay, un de ses grands fans, avec qui il s'est lié d'amitié.
Au cours de ces deux années, 2011 et 2012, CharlElie se produit également en Belgique, en Suisse, au Canada et sur la côte est des États-Unis. Et il expose en France et aux États-Unis - où il vit à New York -, ses peintures, photographies et sculptures.
2014 : "ImMortel"
En mai 2014, CharlElie Couture présente à la Gaîté lyrique à Paris des extraits de sa collaboration avec Benjamin Biolay avant la sortie officielle du nouvel album.
Le 15 septembre 2014, CharlElie Couture sort donc son nouvel album studio, "ImMortel", produit par Benjamin Biolay. L'interprète de "Comme un avion sans ailes" a entièrement écrit et composé l’album qui aborde avec sa poésie particulière, les thèmes de la solitude, du temps qui passe, de la mort, des fins d’amour, et de la France vue d’ailleurs.
Country, blues, rock, reggae se mêlent comme à l’accoutumée, mais la participation de Benjamin Biolay modère le côté blues/rock du chanteur qui semble apprécier ses arrangements tout en harmonie. Les deux hommes semblent avoir trouvé une façon de travailler tout à fait adaptée à leur personnalité respective même si leurs univers ne sont pas les mêmes.
CharlElie commence ensuite une tournée en France avec un passage au Trianon à Paris le 10 octobre 2014. Cette tournée se poursuit en 2015.
Très inspirée par Big Apple où il vit depuis de nombreuses années, sa production photographique et picturale fait l'objet d'une exposition à Nancy du 28 novembre 2014 au 1er mars 2015 et s'intitule "CharlÉlie NCY-NYC".
2016 : "Lafayette"
En 2016, il enregistre son nouvel album en Louisiane, sous le signe d'une double culture, française et étasunienne, en hommage aussi à sa mère décédée l'année précédente. Elle-même avait vécu en Alabama après la guerre et avait souvent parlé de son "rêve américain". De fait, la musique est d’inspiration cajun, de ce courant musical que l’on trouve aux alentours de … Lafayette. Sur deux chansons, on peut d’ailleurs entendre l’ambassadeur de la musique cajun, Zachary Richard. Le groupe Lost Bayou Tremblers vient prêter main-forte à CharlÉlie sur le l’adaptation française du traditionnel "The House of the Rising Sun" rebaptisé "Maison soleil levant". Une chanson pourtant fait référence aux évènements qui eurent lieu en France (l’attentat contre Charlie Hebdo et les attentats du Bataclan), "Un jour les anges" ("Un jour les anges en auront marre/Qu'on reste sourds à leur mission/Alors avant qu'il soit trop tard…").
Après quelques concerts en Louisiane, le Nancéien d’origine joue à Central Park à New York pour la Fête de la Musique.
En 2017, la galerie Raisons d'art à Lille expose une vingtaine de ses œuvres créées dans son atelier à Harlem.
Mais l’artiste décide de rentrer en France et de s’y installer à nouveau. C’est notamment l’élection de Donald Trump qui a remis en cause son lieu de résidence, ne reconnaissant plus tellement l’Amérique telle qu’il l’a rêvée.
2019 : "Même pas sommeil"
Son 23e album sorti en janvier est salué par la critique, qui se délecte des influences multiples (rock, jazz et blues) encore ancrées dans la musique anglo-saxonne, de JJ Cale à Lou Reed en passant par Randy Newman. Cela ne l’empêche pas de chanter Paris ("Même pas sommeil" et "A Paris, je péris"). Un autre thème lui tient à cœur, celui de l’écologie, qui est abordé à travers deux morceaux, "Ma descendance" et "Les heures caniculaires". CharlÉlie pose, avec "Même pas sommeil", un regard lucide et sensible sur notre époque.
Il retrouve la scène et se lance dans une tournée à travers la France.
Le musée Paul-Valery à Sète dans le sud de la France, organise en février une expositon de plusieurs semaines intitulée "Passages" présentant une trentaine de ses peintures et photographies ayant pour thème le New York urbain qu'il connait bien et qu'il magnifie grâce à son art.
Les studios Pixar et Disney lui confient les trois chansons de "Toy Story 4" présenté au Festival du cinéma d'animation d'Annecy en 2019. Avec le recueil de poésie "La mécanique du ciel, 50 poèmes inchantables" qu’il a publié en début d’année chez Castor Astral, il accompagne et préside le 37e Marché de la Poésie.
Août 2019