Jeanne Cherhal
Jeanne Cherhal est apparue derrière son piano telle une poupée impertinente et décalée, avec un répertoire de petites histoires du quotidien. Succès assuré.
Jeanne Cherhal naît le 28 février 1978 à Nantes. Avec ses deux soeurs, elle est élevée à la campagne par un père plombier et une mère enseignante. Encline dès l’enfance aux activités artistiques, Jeanne Cherhal se présente, en vain, au concours de danse de l’Opéra de Paris. Elle ne sera pas petit rat. En revanche, elle se met au piano vers 12 ans et dès 14 ans, elle écume les petites salles de la région nantaise avec des groupes rock. Ses grandes influences se situent d’ailleurs du côté des Björk, Tori Amos ou Sonic Youth.
Après le lycée, Jeanne attaque des études de philo qui se concluent par une maîtrise sur "le poème en prose chez Max Jacob". Parallèlement, son répertoire commence à se construire. Elle démarre en trombe en faisant la première partie de Georges Moustaki en novembre 1999, sur la scène du TNT à Nantes. Ses deux nattes dans le dos deviennent sa signature et ses débuts sont attachés à cette image de Fifibrindacier.
L’année 2000 scelle les débuts de Jeanne Cherhal. Au cours de l’été, elle reçoit la Truffe d’argent de Périgueux décernée à un jeune artiste et explose au Tremplin des Vieilles Charrues en Bretagne. Mais surtout, elle signe pour une tournée de 80 dates entre 2000 et 2001 avec le réseau du Chaînon Manquant qui fournit de l’aide aux nouveaux talents.
En concert et en solo
Tout naturellement, son premier album est un live, enregistré à l’Olympic de Nantes le 20 décembre 2001. Il sort le 16 avril 2002 sur le label Tôt ou Tard, label de ses idoles, les Têtes Raides et Jacques Higelin. Dans la foulée, elle reçoit le prix Attention Talent du Printemps de Bourges en avril.
C’est la tournée suivante qui la fait réellement découvrir du grand public. Pendant le mois de mai 2002, à l’Européen à Paris, puis en tournée, Jeanne Cherhal partage l’affiche avec Vincent Delerm, lui-même jeune espoir de Tôt ou Tard. La presse est unanime et ses chansons drôles, son air insolent et sa voix remarquable séduisent largement le public. Sans artifice, la jeune interprète évoque la facétie d’une Barbara débutante.
Jeanne Cherhal donne 300 concerts en piano-voix entre 2002 et 2003. En novembre 2003, après des concerts au Québec, elle assure la première partie de Thomas Fersen à la Cigale à Paris.
2004 : "Douze fois par an"
Ce dépouillement musical lui donne envie pour son second disque de s’entourer d’autres instruments. L’album sort le 17 février 2004 sous le titre "Douze fois par an". Jeanne Cherhal, qui a abandonné ses nattes, considère ce CD comme son vrai premier album. Elle y est accompagnée du guitariste Éric Lohrer, de la batterie de Jeff Boudreaux ou de la trompette d’Ibrahim Maalouf. Mais surtout, la réalisation est signée Vicent Segal, violoncelliste de M, de Higelin et moitié de Bumcello. M fait d’ailleurs les choeurs sur une des chansons ("La station") ainsi qu’une des soeurs de Jeanne, également chanteuse. Jacques Higelin dont elle a assuré plusieurs premières parties, partage un duo sur "Je voudrais dormir".
La sortie du disque est suivie d’une nouvelle série de concerts. Pas un mois sans date d’ici le printemps 2005. Elle retrouve l’Européen en février 2004, mais cette fois-ci en vedette. Elle remet ça à La Cigale les 12 et 13 en novembre 2004.
Le concert du 13 novembre est enregistré et donne lieu à un DVD, "Jeanne Cherhal à la Cigale", qui paraît en mars 2005. Dans la foulée, la chanteuse est sacrée Artiste révélation du public aux XXe Victoires de la Musique.
De janvier à août 2005, elle continue à sillonner les routes de France pour plus d'une soixantaine de dates. La jeune femme décide ensuite de faire une pause en ce qui concerne les concerts. On la voit pourtant reprendre le chemin de la scène, mais au théâtre cette fois-ci avec "le Monologue du vagin", la célèbre pièce de l'Américaine Ève Ensler à la fin de l'année 2005.
Toujours bien entourée, elle crée avec JP Nataf, ex-chanteur des Innocents, le groupe RedLegs. Aucune ambition d'album ou de grosse tournée, Jeanne (à la basse) et JP (à la guitare) reprennent des standards de la chanson française et internationale, simplement pour le plaisir, lors de quelques concerts aux quatre coins de la France. Ils se produisent notamment en juillet 2006 aux Francofolies de La Rochelle.
2006 : "L'eau"
Son troisième album paraît quelques mois plus tard, en octobre. Intitulé "L'eau", il est réalisé par le chanteur et musicien, Albin de la Simone. Ayant préparé seule des maquettes grâce à un logiciel de musique, elle a pu expérimenter plusieurs univers musicaux avant de passer en studio. Forte de ce travail préliminaire, son album tend un peu plus vers la pop. Le registre vocal semble plus étendu.
En ce qui concerne les textes, Jeanne Cherhal paraît un peu plus détachée de la vie quotidienne et de ses tracas. Plus abstraits dans l'ensemble, ils n'en restent pas moins ancrés dans le réel comme par exemple "On dirait que c'est normal" qui évoque l'excision. Le premier extrait de l'album s'intitule "Voilà".
La jeune artiste se lance dans une très longue tournée française et internationale. En avril 2007, elle fait même une date à l'Olympia à Paris.
L'album ne rencontre pas le succès escompté et la chanteuse se sépare de son label.
2010 : "Charade"
Elle rejoint la maison de disques Barclay et passe un an en studio jusqu'en novembre 2009. Elle travaille seule avec un ingénieur du son, Yann Arnaud. Joue de tous les instruments. Elle semble portée par un désir de changement, audible très rapidement sur le disque qui sort en mars 2010 et qui s'intitule "Charade", préparant ainsi le public à une transformation personnelle et artistique. Ces nouvelles chansons sont reliées par un fil conducteur, une charade en quatre parties, qui donne son nom à l'album.
Seul Benjamin Biolay est venu apporter sa touche personnelle en cosignant avec Jeanne Cherhal "J'ai pas peur". À noter aussi, la chanson "Mon corps est une cage" une adaptation en français de "My Body is a Cage" du groupe canadien Arcade Fire, qui offre un concentré des thèmes abordés dans cet opus, le corps bien sûr, le désir et les relations avec les hommes.
Elle est en concert le 9 mars au Bataclan à Paris et démarre très rapidement une tournée où l'on voit la chanteuse trentenaire métamorphosée sur scène, loin de l'image sage de ses débuts.
En avril, elle participe avec cinq de ses consœurs à une création unique et 100 % féminine sur la scène du Printemps de Bourges. Baptisées Les Françoises, Jeanne Cherhal, Camille, Olivia Ruiz, La Grande Sophie, Émily Loizeau et Rosemary (du groupe Moriarty) interprètent chacune les chansons des autres, et s'accompagnent à la guitare, au piano ou à la batterie. La direction artistique est assurée par Édith Fambuena et la mise en scène par Juliette Deschamps.
Au printemps 2011, Jeanne Cherhal se lance dans une aventure théâtrale. Elle participe au spectacle musical "The second woman" donné au théâtre des Bouffes du Nord à Paris, une mise en abîme d'un opéra contemporain, composé par Frédéric Verrières, écrit par Bastien Gallet et mis en scène par Guillaume Vincent.
On la retrouve le 21 mars 2012 pour un concert tout particulier. En effet, la chanteuse a souhaité rendre hommage à un album et une artiste qui ont marqué la chanson française, "Amoureuse" de Véronique Sanson. Quarante ans après la sortie du disque, le 20 mars 1972, Jeanne Cherhal interprète au Centquatre à Paris, lors de deux récitals consécutifs, les douze titres du premier album de Sanson. La prestation est saluée par cette dernière, qui la rejoint même sur scène à la fin de son deuxième set. Une autre représentation est donnée aux Francofolies de La Rochelle le 13 juillet suivant.
2014 : "Histoire de J."
Marquée par cette expérience et par le jeu puissant de son aînée, Jeanne Cherhal renoue avec le piano – un peu délaissé lors du précédent album – et travaille à la composition de plusieurs morceaux. L'album "Histoire de J." parait en mars 2014.
Enregistré "à l'ancienne", en analogique et en groupe (avec ses musiciens Sébastien Hoog, Laurent Saligault et Éric Pifeteau), le disque s'enveloppe d'une atmosphère qui rappelle les productions des années 1970. À travers les textes, très introspectifs, l'artiste se livre corps et âme, évoquant sans détour le désir ("Cheval de feu", "J'ai faim").
Sa tournée débute dans la foulée, à la Cigale à Paris. À la fin de l'année, l'album est récompensé du prix de l'Académie Charles-Cros, dans la catégorie chanson (ex æquo avec "Soleil dedans" d'Arthur H).
En 2015, bouleversée par les attentats survenus à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher à Paris, Jeanne Cherhal prend la plume pour rendre hommage aux disparus et aux marcheurs rassemblés dans les rues parisiennes, venus défier la peur et tous les extrémismes. Le titre s’intitule "Un dimanche de janvier" et c’est Johnny Hallyday qui en est l’interprète. Ce titre fait partie de l'album "De l'amour" sorti à la fin de l'année. Elle aura, en tout, écrit quatre textes pour le patron de la chanson française.
Elle retrouve ensuite les émotions de la scène. Dans une formule piano-voix, elle sillonne la France pour interpréter les chansons de ses albums. "N'importe où, n'importe quand", un morceau inédit qui ouvre tous ses concerts, naît dans ce climat pesant de l’après-13 novembre, date des attentats qui ont notamment touché le Bataclan. Le message y est très clair : "Et le doigt d'honneur à l'infini. Nom de Dieu, le show n'est pas fini. " Un Olympia en janvier 2017 couronne le tout.
Jeanne Cherhal se lance dans l’exercice périlleux de l’hommage. 2017 marque en effet les 20 ans de la mort de Barbara. Mais au jeu de la carte blanche offerte par la Philharmonie, elle va exceller, accompagnée du musicien franco-libanais Bachar Mar-Khalifé. Dos à dos, au piano, les deux artistes relèvent le défi avec brio. Un résultat inattendu qui illustre la grande richesse de l’œuvre de la Dame en noir, et qui hisse Jeanne Cherhal définitivement parmi les virtuoses de la scène musicale française.
2019 : "L’An 40"
À l’an 40 de sa vie, l’artiste livre un album sans faux-semblant, à son image, dans un autoportrait enregistré en grande partie à Los Angeles. Une fois encore, elle impressionne par ses talents de compositrice, interprète et productrice.
Dix titres où il est question d’amour, de féminité, ou encore du départ d’un ami, le grand Jacques (Higelin) dans le bouleversant "Un adieu". Elle chante le temps qui passe "L’An 40" et s’accompagne d’un chœur gospel sur "Racines d’or".
Elle commence ensuite une tournée. Elle se produit le 3 décembre à Paris aux Folies Bergère. Les concerts se poursuivent jusqu'au début de l'année 2020.
Mars 2020