Princess Erika

© S. Benhamou/Gamma-Rapho
Passeport artiste
1964
Paris (France)
Pays:  France
Langue:  Français
Qualité:  Auteur / Chanteuse / Compositeur
Genre musical:  Ragga/dancehall / Reggae / Chanson

La belle n'a pas la langue dans sa poche. Son premier succès s'appelait d'ailleurs "Trop de blabla". Princess Erika, africaine de cœur et européenne de naissance, revendique une indépendance de ton. Ses prises de position sont claires et son discours aussi. Princess Erika est une femme de caractère. Pas de doute.

Biographie: 

Erika Dobong'na est née à Paris en 1964 de parents camerounais. Sa mère est la fille d'un chef traditionnel et exilée politique en France. Elle rencontre à la faculté le père d'Erika et donne naissance à quatre filles, Esther, Erika, Eva et Elga.

À l'âge de cinq ans, la jeune Erika entre au conservatoire pour suivre des leçons de solfège et de piano. Mais quant à l'âge de 12 ans on lui offre une guitare, elle préfère reprendre les chansons de Bob Marley ou des Beatles. Deux ans plus tard, elle quitte le lycée le temps de quelques semaines, avec son premier groupe pour partir en tournée des clubs en Bretagne. Poursuivant tout de même son cursus scolaire, elle commence après le baccalauréat des études de lettres.

La musique semble être sa véritable vocation. À partir de 1982, elle évolue au sein des Blackheart Daughters qu'elle crée avec ses sœurs, puis Princess and the royal Sound avec qui elle effectue plusieurs tournées en première partie du Jamaïcain Dennis Brown.

Trop de blabla

Fin 1986, elle décide d'enregistrer à Londres avec les musiciens du groupe de reggae, Aswad. Elle produit donc elle-même son premier disque qui ne sortira malheureusement pas tout de suite. En effet, il faut attendre 1988 pour voir publier chez Celluloïd, le 45 tours "Trop de blabla", titre aux sonorités reggae destiné "à tous ceux qui parlent trop et ne font rien". Succès médiatique immédiat.

Après un second 45 tours en 1989, intitulé "Tendress" qui passe à peu près inaperçu, il faut attendre trois ans pour voir Princess Erika réapparaître sur la scène musicale. Un album éponyme sort en juillet, avec comme premier extrait le titre "Calomnie". Auteure, compositrice et interprète, la jeune femme déploie tous ses talents pour chacun des douze titres où se mêlent les influences, les couleurs musicales et les rythmes, reggae, soul, funk et jazz. De l'écriture de cet album longtemps mûri, elle en retire une certaine expérience qui fait d'elle une artiste à part entière. Pour compléter le tout, elle part en tournée avec les Négresses Vertes en octobre/novembre et se produit aux Transmusicales de Rennes en décembre. L'année suivante est marquée par des concerts donnés en banlieue ainsi qu'une date dans le célèbre club de jazz parisien le New Morning le 12 février avant les Francofolies de la Rochelle et de Québec en juillet.

D'origine

Dorénavant estampillée chanteuse rasta, Princess Erika s'envole pour Londres et enregistre un nouvel album, mixé par Stéphane Blaëss, ex-Ghetto Blaster et fidèle compagnon de route. En avril 1995, sort donc "D'origine", nouvel opus avec comme premier extrait "Viens". On retient aussi un duo avec une légende du reggae, Freddy Mac Greggor "Longtime", "Tu t'affoles" qui transcrit les angoisses d'une mère pour son enfant (situation qu'elle doit connaître puisqu'elle est la mère d'un garçon appelé Julien né en 1985) ou encore un titre en forme d'éloge à la paresse "Faut qu'j'travaille", qui sera un peu plus tard remixé par Andy Marvell, très connu dans le milieu hip hop reggae new-yorkais. 

Mais Princess Erika ne reste pas dans son coin. En 1996, elle chante en duo avec Marc Lavoine "les Hommes sont des femmes comme les autres" ; elle participe aussi à la soirée des Enfoirés, association caritative française d'aide aux défavorisés ; en 1997 elle enregistre avec un jeune rappeur Nigga Phy, un autre duo intitulé "Sale époque". La "casquette" d'auteur lui convient très bien puisqu'elle écrit un texte pour le duo Les Nubians "Embrasse-moi", pour Jane Fostin, artiste antillaise, ainsi que pour quelques autres.

Mais en 1998, elle réalise le rêve de toujours : partir enregistrer en Jamaïque, à Kingston. Elle choisit la crème de la rythmique reggae avec les légendaires Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. L'album "Tant qu'il y aura" finalement mixé en Angleterre (comme d'habitude) sort début 1999 avec un premier extrait intitulé "Nouvelle génération", titre qui veut rendre compte du désespoir des jeunes face à la société actuelle.

Action

En 1999, Princess Erika prend fait et cause pour une association qui aide les enfants du tiers-monde à bénéficier de soins médicaux, la Chaîne de l'espoir. Sur son initiative, près de 25 chanteuses montent le 8 mars 2000 sur la scène de la Cigale pour un concert exceptionnel au profit de l'association. Un an plus tard exactement, l'opération est rééditée avec un clip à la clé, "Que serai-je demain".

Les années 2000 voient Princess Erika mettre entre parenthèses sa carrière de chanteuse pour se consacrer au théâtre et au cinéma. Une expérience qui n'est pas véritablement nouvelle puisqu'elle avait déjà partagé l'affiche avec Anémone dans "Maman" de Romain Goupil, en 1989, puis on l'avait vu en 1998 aux côtés de Smaïn dans "Charity Biz'ness" de Thierry Barthes. En l'an 2000 elle joue dans une pièce de Peter Brooks, "Le Costume", puis dans "Les monologues du vagin" de Eve Ensler de 2001 à 2004. On la voit aussi dans le film franco-congolais de Zéka Laplaine "Le jardin de Papa" en 2003.

2005 : "À l'épreuve du temps"

On peut entendre Princess Erika la chanteuse, en 2002 dans l'album "Zaïone" de son amie de jeunesse Sally Nyolo, ex-Zap Mama.

Le quatrième album de la princesse du reggae français, "À l'épreuve du temps", paraît en octobre 2005. Comme son premier opus, il est entièrement autoproduit. En plus de signer les textes et les musiques, Princess Erika a fait ce disque "en famille" : on retrouve son fils Julien le temps d'un duo "S'élever". Ses trois sœurs se chargent des chœurs sur l'album… Toujours empreint d'une "vibe" reggae, sans se plier à l'orthodoxie de la musique jamaïcaine (on retrouve aussi des rythmes africains, des violons…), l'album est très intime et la princesse parle d'elle, de sa condition de femme, du bonheur d'être mère, de sa personnalité multiculturelle, de tout ce qui a forgé l'artiste qu'elle est aujourd'hui.

Qu'on la perçoive comme africaine ou française, ses influences musicales poussent Princess Erika vers des horizons plutôt caribéens. Les mots de ses chansons n'appartiennent qu'à elle, témoins d'une identité qu'elle s'est forgée au gré de ses révoltes et de ses coups de cœur.

Novembre 2005

Discographie
J'SUIS PAS UNE SAINTE
Album - 2022 - Trop de blabla production
JUSTE ERIKA
Album - 2011 - Autoproduction
À L'ÉPREUVE DU TEMPS
Album - 2006 - Alerte Orange
TANT QU'IL Y AURA
Album - 1999 - Epic
D'ORIGINE
Album - 1995 - Polydor
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