Cali
Ce petit frère méridional de Miossec, qui connut un succès fulgurant, s’est imposé comme une des révélations musicales de l’année 2004 grâce à son charisme scénique et à l’évidence mélodique de ses chansons.
Bruno Caliciuri est né le 28 juin 1968 à Perpignan. Sa famille est installée à Vernet-les-Bains dans les Pyrénées-Orientales. Fan de rock (The Clash, Simple Minds…) dès l’adolescence, mais également de rugby (il y a joué plus de quinze ans et rêvait d’intégrer l’USAP, le prestigieux club de Perpignan), il décide en 1984, suite à un concert mémorable de U2, de laisser tomber le sport afin de se consacrer totalement à la musique.
Opiniâtre, Cali apprend tout seul la guitare, joue avec différents musiciens, se produit dans les bals de sa région pour gagner sa vie en interprétant des reprises de groupes anglo-saxons comme Radiohead ou Eels, mais aussi de chanteurs français comme Fréhel ou Mouloudji.
Parmi les nombreuses formations rencontrées, Indy est la première en 1994 avec laquelle les choses prennent une tournure sérieuse avec l’auto-production de deux albums et plus de 200 concerts. Cette expérience musicale et humaine débouche sur un nouveau groupe de rock indépendant, Tom Scarlett, au sein duquel Bruno Caliciuri rencontre Hughes Baretge qui deviendra son guitariste attitré. Cinq ans, un album autoproduit et 300 concerts plus tard, le Catalan décide de jeter l’éponge et de faire le point.
A l’issue de cette remise en question, Bruno Caliciuri transforme son nom en Cali, obtient une résidence d’artiste au Mediator (la mythique salle de concert de Perpignan) et là, rode ses nouvelles chansons écrites en solitaire, en compagnie du fidèle Hughes Baretge (toujours à la guitare) et d’Aude Massat à l’alto et Julien Lebart aux claviers, deux anciens élèves du Conservatoire.
Cali recommence alors le parcours de tout artiste débutant, alternant concerts dans les cafés ou dans de petites salles et premières parties d’artistes comme Bénabar ou Brigitte Fontaine. La force de ses nouvelles chansons et de ses concerts fait qu’au niveau local, le bouche-à-oreille fonctionne : les dates s’enchaînent et Cali joue en juillet 2002 aux Francofolies de La Rochelle, date qui va marquer un tournant dans sa carrière. Ce soir-là, sa prestation décoiffante séduit la maison de disques Labels qui craque sur son talent de mélodiste et sa spontanéité et lui offre un contrat discographique.
2003 : "L'Amour parfait"
La production de son premier album est confiée à Daniel Presley, producteur américain déjà responsable du son de Venus, Dionysos, The Breeders …et c’est en Angleterre aux studios Parkgate que l’enregistrement se déroule. Pour Cali, c’est un signe, car c’est dans ces mêmes studios que The Waterboys, un de ses groupes fétiches, a conçu son chef-d’œuvre "This Is The Sea". À l’arrivée, treize morceaux qui ne choisissent pas entre le rock et la chanson, rappelant souvent ceux du premier album de Miossec. L’ironie et la tendresse jouent à cache-cache dans les textes réalistes, parfois vachards du Catalan (toujours plus dur avec lui-même qu’avec les autres) et le décalage original entre ses histoires d’amour ratées et ses mélodies efficaces va séduire au-delà de toutes ses espérances.
L’album intitulé "L'amour parfait" sort le 19 août 2003 et la critique et le public n’y résistent pas longtemps : les radios adoptent très vite "C’est quand le bonheur ?", transformant cette chanson en un hymne fédérateur pour beaucoup de trentenaires écorchés et désillusionnés qui voient en Cali un des leurs. Son groupe s’étoffe avec l’arrivée de Patrick Felicès à la basse et de Benjamin Vairon à la batterie et Cali fait de chaque concert une rencontre fusionnelle avec le public que ce soit dans une petite salle ou au Festival des Inrockuptibles en novembre 2003. C’est cette générosité scénique et la volonté de convaincre par ce média-là plus que par toute autre astuce marketing qui l’amène en avril 2004 à jouer au Printemps de Bourges sur la même scène que –M- et Bénabar, frayant ainsi sans complexes avec deux poids lourds de la "nouvelle chanson française".
Quelques mois avant, Cali est nominé dans la catégorie Artiste Révélation de l’Année aux Victoires de la Musique et même s’il ne repart pas avec le trophée, son passage dans l’émission ne laisse personne indifférent. Il reçoit quelques semaines plus tard le prix Vincent-Scotto décerné par la Sacem pour sa chanson "C’est quand le bonheur".
Après un printemps très chargé, l’été le voit enflammer non seulement les scènes des plus gros festivals (Solidays, les Francofolies à nouveau, Les Méditerranéennes ou Les Vieilles Charrues où il joue pour la première fois devant 60.000 personnes), mais aussi le Stade de France quand l’USAP joue la finale du championnat de rugby. A la fin du mois d’août 2004, presque un an jour pour jour après la sortie de "L’Amour Parfait", sa maison de disques annonce le chiffre de 100.000 exemplaires vendus.
Après une petite pause bien méritée en famille dans ses Pyrénées natales, Cali publie à l’automne "Plein De Vie", un DVD enregistré le 26 mai 2004 au Bataclan qui témoigne fidèlement de l’intensité de ses concerts. Infatigable, le Catalan reprend la route jusqu’à la fin de l’année afin de poursuivre son histoire d’amour avec ce public qu’il a cherché sans relâche depuis vingt ans.
En novembre, le chanteur reçoit le Prix Constantin qui récompense en France, les nouveaux artistes. "L'Amour parfait" a réussi à s'écouler à plus de 400.000 exemplaires. Le 28 janvier 2005, Cali se produit à l'Olympia à Paris. Le musicien se remet à l'écriture d'un nouvel album.
2005 : "Menteur"
Très attendu, le nouvel opus sort en octobre 2005 et s'intitule "Menteur". Enregistré au studio Grouse Lodge à côté de Dublin puis au mas d’En Llinas à Castelnou en Catalogne française, ce disque se veut éclectique, mais reste cohérent grâce à l'inspiration du chanteur. Les textes sont parfois crus, souvent percutants. Ils abordent souvent le thème du désespoir amoureux ("Je te souhaite à mon pire ennemi" ou "Qui se soucie de moi ?", premier simple extrait de l'album), de l'amour en tout cas ("Roberta"). "Menteur" est aussi un album de rencontres : Matthieu Chédid qui joue de la guitare sur plusieurs morceaux, le bassiste Damien Lefèvre du groupe Luke, Daniel Darc pour un duo "Pauvre garçon", et le musicien irlandais Steve Wickham du groupe The Waterboys qui vient apporter une touche gaélique avec son violon et sa mandoline.
Cali présente ses nouvelles chansons du 16 au 18 novembre à Bruxelles à l'Orangerie puis à Paris à l'Olympia du 21 au 23 du même mois.
Les semaines se succèdent et sont largement remplies : tournages de clips, participations à des spectacles au profit de "Clowns sans Frontières" ou du Téléthon, duos avec d'autres chanteurs (Arno, notamment). Cali enregistre la chanson "Je reviens te chercher" pour la bande originale du film "Fauteuils d'orchestre" de Danièle Thompson.
Le 14 mars 2006 sort, aux éditions du Bord de l'Eau, le livre "Cali Miossec, rencontre au fil de l'autre", une série d'entretiens réalisés par Grégoire Laville et Yves Colin qui illustrent les quelques différences et les innombrables points communs des deux chanteurs français au "désespoir joyeux", selon la définition de Miossec. Toutes ces occupations n'empêchent pas le Perpignanais de continuer ses virées à travers la France. Son agenda est rempli jusqu'au septembre 2006, ses concerts dans les villes de l'Hexagone succédant à ses passages toujours très appréciés par les festivals de l'été.
Autre expérience pour le chanteur, cinématographique, cette fois : Cali joue dans "Magique !" aux côtés des comédiens Marie Gillain et Gad Elmaleh. Le tournage de ce film musical, pour lequel il a composé de nombreuses chansons, a lieu durant l'été 2006.
Alors qu'il s'est engagé aux côtés du Parti socialiste pour l'élection présidentielle, le 1er mai 2007, il chante au stade Charlety à Paris devant les supporteurs de la candidate Ségolène Royal. Il y reprend devant un parterre enthousiasme son premier succès "C'est quand le bonheur".
2008 : "L'espoir"
Le chanteur de Perpignan signe un troisième album, "l'Espoir", qui sort en février 2008. Il délaisse quelque peu les histoires d'amour chaotiques pour aborder des sujets plus généraux, voire politiques comme dans le titre qui donne le nom à l'album. Cette chanson est largement inspirée par le mouvement initié par les Têtes raides, le "KO Social", auquel il avait participé. Il en appelle aussi à la "Résistance" (chanson écrite juste après la défaite de Ségolène Royal aux élections présidentielles), rend hommage à ses grands-parents "Giuseppe et Maria", ou rappelle "le Droit des pères" (divorcés). L'album est arrangé et réalisé par Mathias Malzieu de Dionysos. Entre rock et chanson, Cali propose des morceaux portés par une énergie rare qui devrait prendre toute sa dimension sur scène. La tournée démarre en mars 2008.
"L'espoir" reçoit en 2009 la Victoire de la musique de l'album Pop/rock de l'année. Pendant la cérémonie, Cali se lance dans une tirade sur la façon dont la France traite les sans-papiers : "C'est un pays déshonoré". Encore une fois, il rassemble ou agace. A ceux qui trouvent qu'il en fait trop, il répond quelques mois plus tard par un livre, dans lequel il explique au journaliste Didier Varrod les racines de ses engagements. "Rage !" est publié aux éditions Plon.
En octobre 2009, Cali rejoint The Hyènes, un groupe à vocation récréative - formé par Denis Barthe et Jean-Paul Roy de Noir Désir, Vincent Bosler de The Spooky Jam et Olivier Mathios de Ten Cuidado – et signataire de la bande-son du film "Enfermés dehors" d'Albert Dupontel. Le quintet décide de partir pour un "Bordel tour" d'un mois dans plusieurs salles de France avec, dans sa besace, des reprises d'AC/DC et d'Iggy Pop and The Stooges et des chansons engagées de Cali. La troupe de "rebelles" s'arrête au Bataclan, à Paris, le 21 octobre 2009.
2010 : "La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur"
Cali part ensuite se réfugier au calme dans son chez lui catalan. C'est là, comme à son habitude, qu'il élabore son nouvel album. "La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur" (titre inspiré d'un SMS envoyé par un ami parti pêcher la truite aux États-Unis…). Celui-ci sort le 15 novembre 2010.
Avec cet opus, Cali opère un net virage rock, avec des chansons énergiques, des riffs de guitares metal et des paroles souvent coup de poing (celles du titre "Lettre au Ministre du saccage des familles et des jeunes existences dévastées", par exemple). Un album taillé pour la tournée des Zénith que s'offre l'artiste à partir du mois de mars 2011, avec un passage par celui de Paris le 4 mai.
Il repart sur les routes dès le mois de février 2012 pour présenter ses chansons en version acoustique, accompagné du pianiste britannique Steve Nieve qui officia longtemps aux côtés d'Elvis Costello.
2012 : "Vernet-les-Bains"
Retour aux sources pour le Catalan avec cet album hommage à Vernet-les-Bains, le village des Pyrénées-Orientales où Cali a grandi. Le chanteur délaisse la politique pour revenir à des thèmes plus personnels : la nostalgie, l’enfance et l’amour.
Les riffs de rock ont laissé la place aux arpèges de guitare acoustique et aux accords de piano pour un Cali tout en retenue, lucide sur les affres de l’amour : “L’amour est éternel jusqu’à ce qu’il s’arrête“. Le morceau final au titre ironique Happy end réunit Bénabar, Miossec ou encore Dominique A.
En 2013, paraît "La Vie de cowboy", CD live de la tournée acoustique avec Steve Nieve et un double CD live électrique de la tournée 2013 de "Vernet-les-Bains".
Du 14 janvier au 26 avril 2014, Cali vient jouer à Paris une pièce de théâtre, un texte écrit à l'origine par les Américains Patti Smith et Sam Shepard. Loin des siens pendant 4 mois, le chanteur en profite pour écrire une soixantaine de chansons.
Il participe aussi en tant que juré à un programme de télé-crochet musical intitulé "Rising star". Diffusée en France de septembre à novembre 2014, cette émission ne rencontre pas son public et disparaît très vite des écrans.
2015 : "l’Âge d’or"
Jouissant d’une belle réception critique et publique, le 6e album studio du natif de Perpignan parvient à mettre tout le monde d’accord. Simple et émouvant, le chanteur y reprend Léo Ferré avec "L’Âge d’or" et "Ostende", mais aussi Jean Ferrat avec "Camarade". Concocté avec David-François Moreau, compositeur de musique de film et de ballet, ce nouvel album brille par ses arrangements amples et élégants.
"L’Âge d’or" aborde également la question de la paternité. Deux ans après la naissance de Poppée, sa deuxième fille, Cali s’affirme comme un papa heureux avec "Poppée in utero" et "Poppée". La pochette de l’album est d’ailleurs une photographie en noir et blanc dans laquelle le musicien pose aux côtés de Coco, son autre fille de 9 ans.
Comme de bien entendu, Cali reprend la route et se produit entre autres, à Paris le 27 mai au Zénith.
2016 : "Les choses défendues"
Cali présente ce nouvel opus comme un instantané de ce qu’il est au moment où il l'écrit. Un disque aux sonorités pop où se font sentir les influences de Bob Dylan sur "I want you", une adaptation du titre chanté par le Nobel de littérature en 1966 et Bruce Springsteen sur "Elle a mal", chanson qui raconte avec réalisme l’histoire d’une femme battue par son mari.
L’album de 14 titres s’ouvre avec "A cet instant, je pense à toi", chanson sur des moments sombres de l’actualité tandis que "Tout va recommencer" évoque la vie qui continue après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
Cali défend cet album sur scène lors de 60 concerts jusqu’en avril 2017.
2018 : premier roman, "Seuls les enfants savent aimer"
Bruno Caliciuri alias Cali revient sur le devant de la scène avec un roman autobiographique. "Seuls les enfants savent aimer", publié aux éditions du Cherche-Midi, raconte l’histoire d’un deuil impossible après le décès de sa mère lorsqu’il avait 6 ans.
Adressé à cette maman institutrice, disparue suite à un cancer à seulement 34 ans, ce premier roman décrit l’enfance sombre du chanteur passée à Vernet-Les-Bains, le village où il a grandi et auquel il a dédié un album éponyme en 2012.
Avec ce livre, Cali rencontre un joli succès.
Fin 2018, Cali retrouve la scène et les studios avec les chansons de Léo Ferré pour un "Cali chante Léo Ferré". Il connaît bien la famille du poète et ces nouvelles interprétations constituent pour lui un retour aux sources. En effet, dans la famille de Cali, on écoutait largement les disques du grand Léo. "Paris je ne t’aime plus ", "Thank you Satan ", "Jolie môme ", "Avec le temps ", "C’est extra " … En tout, 15 chansons qu’il enregistre en 5 jours, adoubé par Mathieu Ferré, le fils du chanteur décédé en 1993 à l’âge de 76 ans.
Le 16 novembre 2018, il se produit avec ce répertoire au Théâtre Dejazet à Paris.
En avril 2019, son deuxième roman voit le jour "Cavale, ça veut dire s’échapper", un texte semi-autobiographique dans lequel il revient sur sa jeunesse, sa découverte de la musique, avec notamment The Clash, U2. Il assoit un peu plus son nouveau statut d'écrivain.
2020 : "Cavale "
En pleine épidémie de coronavirus, Bruno Caliciuri sort son neuvième album pour lequel il a travaillé en duo avec Augustin Charnet jeune pianiste présent sur la tournée précédente consacrée à Léo Ferré. Côté texte, Cali continue d'explorer les thèmes qui lui sont chers : l’amour et l’urgence de vivre, la vie d’artiste sur les routes. Dans "C’est avec un couteau qu’on fait une chanson", le chanteur slame pour la première fois.
En raison du confinement, les premières dates de présentation de l’album au public sont reportées. Cali se replie sur les concerts live, via les réseaux sociaux, en attendant le retour sur les planches. Trop heureux de retrouver son public, il peut assurer, en duo avec Augustin Charnet, quelques dates à la rentrée dont le 2 octobre au Théâtre de la Ville à Paris.
À l'automne, il publie aussi un recueil de poésie intitulé "Éparpillés".
Octobre 2020