Françoise Hardy
Les télés françaises aiment bien ressortir régulièrement cet extrait en noir et blanc du Petit Conservatoire de la Chanson où l'on voit Françoise Hardy gentiment mais fermement rabrouée par l'autoritaire Mireille. "Oui madame", répondait, timide, la jeune Françoise, aussi à l'aise avec un micro qu'un canard avec un couteau. Autant que ses chansons nostalgiques, sa voix douce, et son physique à la beauté anguleuse, le public aime chez cet artiste ce côté intériorisé, un peu mystérieux, et en décalage - apparent - avec le show-biz. Hardy, toujours une valeur sûre.
Elle est née le 17 janvier 1944 à Paris. Elle grandit avec sa soeur Michèle, de dix-huit mois sa cadette dans un appartement parisien du IXe arrondissement. Sa mère les élève seule, avec son salaire d'aide-comptable. Leur père ne vit pas là. Il passe deux ou trois fois par an les voir et ne verse de pension alimentaire que très rarement. Les seules personnes que la jeune Françoise est amenée à voir, sont ses grands-parents maternels qui ont un pavillon de banlieue, à Aulnay-sous-Bois. Sa grand-mère est une personne un peu spéciale, qui va contribuer à la perturber : "de comportement névrotique à un degré important, de style castrateur, envahissante" comme le dira bien plus tard la chanteuse elle-même.
La jeune Françoise souffre des réflexions méchantes et néfastes de cette aïeule et se replie sur elle-même pour se protéger. De nature timide, elle ne s'épanouit pas non plus à La Bruyère, l'institution religieuse qu'elle fréquente. Elle est une adolescente à la fois studieuse et très pieuse. Le physique de grande fille maigre avec de longues jambes n'arrange pas l'image qu'elle peut se faire d'elle-même.
De son propre aveu, Françoise Hardy commence à faire des chansons parce que la seule chose qui l'intéresse dans la vie, c'est d'écouter celles des autres. Des opérettes avec Georges Guétary qu'elle adore dès son plus jeune âge, elle passe ensuite à Paul Anka, Charles Trenet et Cora Vaucaire. Elle reprend et chante à son tour dans sa chambre les succès de ses idoles.
Le temps des vacances est pour elle, une bouffée d'oxygène. Durant son adolescence, elle les passe souvent en Autriche pour perfectionner son allemand. Solitaire, elle écoute ses airs favoris, lit et écrit.
Ça s'arrange
Ayant obtenu son baccalauréat avec succès, le père de Françoise lui offre en cadeau une guitare. Elle commence à faire des chansons et s'inscrit au Petit Conservatoire de Mireille, école de variété bien connue dans les années 1960. Sa mère la pousse à s'inscrire à la faculté de Sciences Politiques. Elle n'y reste pas longtemps. Elle va par la suite à la Sorbonne et commence des études de lettres.
Puis, elle apprend par les journaux qu'une maison de disques souhaite auditionner de jeunes chanteurs et chanteuses. Elle s'y rend et malgré l'échec, se rend compte qu'elle peut espérer se présenter ailleurs. C'est en fait au bout de trois auditions et quelques cours de solfège, que Françoise Hardy signe un contrat avec la maison de disques Vogue, le 14 novembre 1961 à l'âge de 17 ans.
En avril 1962, elle enregistre dans des conditions aléatoires son premier 45 tours. Elle interprète "Oh oh Chéri" que les deux auteurs attitrés de Johnny Hallyday ont écrit, et y ajoute trois autres chansons qu'elle-même a écrites, dont le titre "Tous les garçons et les filles", qui plaît beaucoup à Daniel Filipacchi, présentateur de l'émission culte en France "Salut les Copains" sur la station de radio Europe1. En fait, c'est environ deux millions de disques qui seront vendus de ce titre.
Françoise Hardy est propulsée en quelques mois, nouvelle idole de la chanson, comme le furent un peu avant elle, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Sheila ou Richard Anthony. C'est la génération des Yéyés, courant musical des années 1960.
Lors d'une séance de prises de vue pour le magazine "Salut les copains", elle fait une rencontre d'importance : Jean-Marie Perier est photographe et connaît toutes les ficelles de ce milieu. Une véritable histoire d'amour va démarrer. Elle, si timide et effacée, ne prêtant à l'apparence que peu d'intérêt, se voit transformée en chanteuse résolument moderne, voire avant-gardiste, par cet homme dont elle est amoureuse et qui devient son véritable mentor.
Ça va bien
Françoise Hardy devient la coqueluche de la presse en général. Elle atteint des scores de popularité inattendus. Roger Vadim, cinéaste à la mode dans ces années-là, lui propose un rôle dans "Château en Suède". Elle s'en sort très bien et l'on décèle chez elle, un talent sûr d'actrice.
Pourtant la chanson est le domaine qui intéresse réellement la chanteuse. Fin 1963, elle signe un contrat pour un passage dans la salle mythique parisienne, l'Olympia. Elle se produit en première partie de Richard Anthony, autre star yéyé du moment. L'énorme succès qu'elle rencontre est confirmé par une tournée à travers la France.
Son premier album, qui est en fait une compilation des 45 tours déjà sortis, est publié en 1963 et obtient le prix de l'Académie Charles-Cros ainsi que le Trophée de la télévision française. La même année, elle participe au concours de l'Eurovision où bizarrement, elle représente la Principauté de Monaco avec le titre "L'amour s'en va".
Une autre tournée est programmée en 1964 qui l'emmène jusqu'en Italie, au Festival de San Remo, concours de chansons très célèbre. Elle chante en italien "Parla mi di te". N'ayant pas une voix très imposante et marquante, elle séduit en français, comme dans d'autres langues par la justesse de ses mots et la sensibilité que cela évoque.
Périer c'est fou
Très populaire, Françoise Hardy est une vedette malgré elle. Elle n'est pas tellement à l'aise dans ce nouveau rôle qu'on lui fait jouer. Mais son élégance naturelle et son caractère légèrement distant, font de cette belle jeune femme une nouvelle recrue pour les couturiers désireux de montrer leurs récentes créations : Courrèges d'abord, Paco Rabanne et même un peu plus tard, Chanel et Yves Saint-Laurent. Cette nouvelle facette du personnage de "Mademoiselle Hardy" est mise en avant par le toujours très présent Jean-Marie Périer, qui pousse la chanteuse dans cette voie.
En 1965, elle tente une nouvelle expérience cinématographique : "Une balle au cœur" de Jean-Daniel Pollet. Malheureusement le tournage ne se passe pas très bien. Mais le film est relativement bien accueilli à sa sortie en février 1966 et la prestation de la jeune actrice, couverte d'éloges.
Fin 1965, elle retourne à l'Olympia, en première partie cette fois, des Compagnons de la Chanson. La presse ne comprend pas pourquoi une chanteuse aussi résolument moderne, accepte la compagnie de ces chanteurs que beaucoup ont oublié. Elle voit là une marque d'indifférence de plus, chose qu'on lui reproche souvent. Mais sa notoriété est telle qu'elle dépasse largement les frontières. Françoise Hardy côtoie à ce moment-là, par l'intermédiaire de son petit ami, Jean-Marie Périer, les stars de la pop music, comme les Beatles ou Mick Jagger des Rolling Stones.
Commerce extérieur
Elle tourne à nouveau un film, "Grand Prix" du cinéaste américain, John Frankenheimer. Elle est, entre autres, la partenaire d'Yves Montand et de James Garner. Le film n'a pas le succès escompté mais lui apporte une notoriété toute nouvelle aux Etats-Unis. La maison de disques Warner Bros offre à Vogue de distribuer les disques de Françoise Hardy et après une bonne campagne de promotion, la jeune chanteuse française fait la couverture des magazines et participe à des shows télé. Elle devient alors la seule artiste française "exportable". Il faut noter aussi qu'elle est déjà célèbre en Grande-Bretagne où elle enregistre ses disques depuis ses débuts. Elle décide d'ailleurs de sortir un album en anglais intitulé naturellement "In English". Habillée par Courrège ou Paco Rabanne, elle séduit les jeunes Anglais, comme lorsqu'elle passe au Savoy, un hôtel de Londres très côté.
Les tournées incessantes commencent à fatiguer l'artiste. Sa relation avec Jean-Marie Périer en pâtit, allant jusqu'à leur séparation en 1967. Un amour en chassant un autre, le nouvel élu s'appelle Jacques Dutronc qui depuis 1966, enthousiasme toutes les jeunes filles françaises. Le début de leur idylle peut paraître hésitant, car tous les deux ont un emploi du temps très chargé.
Françoise avoue le chiffre important de 73 récitals en un trimestre. À l'automne, elle enregistre douze chansons d'un nouvel album "Ma jeunesse fout l'camp". En janvier 1968, elle honore divers contrats avec des télévisions européennes. Elle entreprend ensuite une tournée des universités britanniques et au printemps, s'envole pour une série de concerts en Afrique du Sud.
Fatiguée de sa vie de globe-trotter, Françoise Hardy prend la décision en 1968, d'arrêter de se produire sur scène et effectue une dernière représentation à Londres au Savoy.
La fin des années 1970, marquée par la disparition des yéyés, est en fait pour Françoise Hardy la date de la remise en question de sa carrière. De plus, en 1969, elle est en procès avec la maison de disques Vogue ; et le label dont elle était l'instigatrice, les Productions Aspargus, cesse son activité.
Horoscope
Résolument à l'opposé de l'image qu'avait façonnée Jean-Marie Périer, la nouvelle Françoise Hardy change petit à petit, écoutant plus ses propres envies : elle est réellement désireuse de faire des chansons qui lui ressemblent. En 1971, elle publie un album sans titre chez Sonopresse, avec une musicienne brésilienne nommée Tuca. Devenu disque culte, on y trouve "Chanson d'O" ou "La Question" qui est un des textes que préfère la chanteuse. Même si la presse est enthousiaste, les ventes sont moins importantes : elle trouve un public moins nombreux mais qui correspond plus à sa personnalité.
Le début de cette décennie marque aussi l'intérêt grandissant de l'artiste pour l'astrologie à laquelle elle s'est initiée de façon progressive depuis l'âge de ses 18 ans. Persuadée que c'est "au niveau personnel, qu'il faut changer le monde et pas au niveau collectif", Françoise Hardy est devenue au fil des années et de son expérience, une spécialiste du sujet.
Le couple que la chanteuse forme avec Jacques Dutronc peut paraître un peu étrange à cette époque-là. Ils n'habitent pas ensemble et le chanteur des années 1960 est devenu un comédien très prisé dans le cinéma français. Peu disponible, il voit rarement sa compagne et pour elle, leur relation semble difficile. Pourtant, la jeune femme a des envies de maternité. C'est finalement le 16 juin 1973, qu'elle donne naissance à un fils, Thomas. Dorénavant le couple vit sous le même toit.
Ayant quitté Sonopresse, elle signe la même année, un contrat avec Warner Bros, et enregistre un album sous la direction musicale de Michel Berger, "Message personnel". Malgré des relations difficiles entre les deux artistes, de par une façon de travailler différente, le disque est bien accueilli par la critique et le public. D'ailleurs la chanson qui donne le titre à l'album devient un standard de Françoise Hardy. Mais on l'entend seulement sur les radios, car il n'est plus question de faire de la scène.
1974 : "Entracte"
En 1974, toujours prête à faire des disques, elle sort un nouvel album "Entracte". Son amie Catherine Lara participe à la conception de l'album et amène des amis musiciens. Françoise fait aussi appel à Del Newman qui a travaillé avec Elton John. Bien qu'on le considère aujourd'hui comme un album majeur, "Entracte" se vend bien mais sans plus. C'est aussi la dernière pochette de Jean-Marie Perier, qui jusque-là mettait un point d'honneur à toutes les faire.
À partir de ces années-là, tout occupée à élever son fils en bas âge, elle se désintéresse de la mode et son élégance se résume à une tenue simple, jean-basket. Nettement moins impliquée dans la vie du show business, elle ne fait parler d'elle qu'à la sortie de ses disques. Durant deux ans, entre 1974 et 1976, elle limite son activité musicale à l'enregistrement d'une chanson pour la bande originale d'un film de Claude Lelouch "Si c'était à refaire" et surtout à l'écriture d'une autre chanson sous la direction cette fois-ci de Jean-Michel Jarre "Que vas-tu faire".
En 1977, par le biais d'un éditeur, Françoise Hardy rencontre Gabriel Yared. Ce musicien lui propose de faire un album avec elle et d'assurer les arrangements. Malgré des relations malaisées entre les deux artistes dues en particulier à la froideur légendaire de Françoise Hardy, l'album "Star" sort donc cette année-là avec des signatures aussi prestigieuses que Michel Jonasz, Serge Gainsbourg, William Sheller et Catherine Lara.
Le disque sort chez Pathé-Marconi avec qui elle signe pour trois ans. Ayant trouvé une nouvelle identité musicale, voilà la chanteuse promue coqueluche d'un public beaucoup plus jeune, qui n'a pas connu sa gloire des années 1960. Avec cet album, elle va recommencer à vendre de nombreux disques, ce qui n'était plus le cas. En fait, Gabriel Yared collaborera avec la chanteuse sur cinq albums jusqu'en 1982.
1978 : "Musique saoule"
Toujours très prise par ses activités liées à l'astrologie et par l'éducation de son fils Thomas, la jeune femme s'organise une vie qui laisse une place limitée à la musique. Elle ne renonce pas pour autant à ce qui représente sa raison de vivre et sort un nouvel album en 1978, "Musique saoule". Il est quasiment composé uniquement par Gabriel Yared et écrit par Michel Jonasz et Alain Goldstein. Ceux-ci lui proposent un nouvel univers dans lequel la chanteuse a un peu de mal à se retrouver. C'est ainsi que le titre "J'écoute de la musique saoule" lui paraît difficile à chanter : le rythme lui est peu familier. Mais les médias pourtant en raffolent. De toute façon, il n'est pas rare que Françoise Hardy dise préférer tel titre, et les radios et public, tel autre.
Au rythme d'un album par an, "Gin Tonic" sort en 1980. Le nouveau Françoise Hardy fait appel au même trio que précédemment avec la participation en plus, de Jean-Claude Vannier. "Jazzy retro Satanas" est le 45 tours qui en est extrait. Les critiques sont parfois dubitatifs devant la tournure que prend la carrière de Françoise Hardy. Certains préfèrent qu'elle écrive ses textes, même si elle, est persuadée d'être moins douée que d'autres.
En 1981, sort un nouvel opus "A suivre". Jonasz et Goldstein occupés ailleurs, c'est Pierre Groscolas, Jean-Claude Vannier et Louis Chédid qui l'écrivent, avec comme directeur musical, le même Gabriel Yared. "Tamalou" et "Villégiature" sont les deux 45 tours issus de cet album. Ils deviennent après leur sortie de véritables tubes, ce qui n'empêche pas la chanteuse de rester toujours aussi discrète dans les médias. Notons qu'elle signe à cette occasion, un contrat chez Flarenash, nouvelle maison de disques.
L'année suivante, Françoise prête encore sa célèbre voix aux chansons des autres, orchestrées par l'incontournable Yared. "Tirez pas sur l'ambulance" est signé par Carole Coudray, "Tabou" par Michel Fugain et "C'est bien moi" par Alain Souchon. L'album s'intitule "Quelqu'un qui s'en va".
Début 1984, sort un nouveau 45 tours, écrit en collaboration avec Louis Chédid : "Moi vouloir toi". Malheureusement, il n'est pas suivi d'un album, comme chacun pouvait le penser. En fait, l'astrologie est la principale de ses activités et elle y consacre plus de temps qu'à la musique. En 1986, elle publie un nouveau 45 tours, dont elle a écrit les paroles et dont la mélodie est signée par un nouveau venu, Jean-Noël Chaléat. La chanson "V.I.P" devient rapidement un succès et passe sur toutes les radios françaises.
1988 : "Décalage"
Depuis les années 1960, Françoise Hardy répète à qui veut l'entendre qu'elle ne continuera pas à chanter après l'âge de 50 ans. En 1988, alors qu'elle n'a que 44 ans, elle sort un album d'adieu. "Décalage" est annoncé comme le dernier de sa carrière. Les textes écrits depuis l'automne par la chanteuse elle-même, sont mis en musique par des gens aussi différents que Étienne Daho, véritable fan de l'artiste, William Sheller et même son mari, Jacques Dutronc, qui compose "Partir quand même", magnifique chanson qui lui était au départ destinée. Mais cet opus est sans doute un peu décevant malgré sa qualité évidente. Le public s'attendait sûrement à une sortie plus brillante.
En fait, malgré ses déclarations, Françoise Hardy ne renonce pas totalement à sa carrière. En 1993, elle refait surface pour un duo avec Alain Lubrano, jeune chanteur originaire de Pau. "Si ça fait mal" est une chanson sur l'amour et le sida. Elle était présente sur une compilation intitulée "Urgence" initiée par Étienne Daho et dont le produit des ventes a servi à financer la recherche sur cette maladie. Réenregistrée à l'occasion d'une sortie "simple", le compositeur de la musique Alain Lubrano, chante avec Françoise Hardy qui souhaite ainsi le pousser sur le devant de la scène.
En 1995, Françoise Hardy signe un contrat avec une nouvelle maison de disques, Virgin. L'année suivante, elle sort en avril, un album intitulé "le Danger". Françoise Hardy, que les Anglais ont remise à la mode (Malcolm Mc Laren ou le groupe Blur qui enregistra un duo avec elle "To the End"), est toujours encouragée par un cercle d'amis qui voudraient la voir poursuivre son travail artistique. Elle fait appel à Alain Lubrano, bien sûr, et à Rodolphe Burger, leader du groupe Kat Onoma, qui lui compose trois morceaux.
Ayant délaissé la variété pour se pencher sur la pop, Françoise Hardy est en phase avec son temps. Ceci paraît normal pour quelqu'un qui écoute les derniers groupes anglo-saxons comme Garbage ou Portishead et qui est intéressée par ce qui est résolument moderne.
2000 : "Clair-obscur"
Décidément, la chanteuse ne se résout pas à s'effacer complètement. Le 3 mai 2000, elle sort un nouvel album "Clair-obscur" que beaucoup considèrent comme un disque essentiel. Les critiques sont dithyrambiques pour ces titres plus ou moins nouveaux mais tous orchestrés et interprétés magnifiquement. Françoise Hardy s'est faite accompagner de plusieurs artistes pour des duos tout en finesse à commencer par le premier single extrait du CD,
"Puisque vous partez en voyage" qui lui donne l'occasion de retrouver Jacques Dutronc pour la première fois (en disque) depuis "Brouillard dans la rue Corvisart" en 1978. Mais, elle convie aussi son ami Etienne Daho pour une reprise des Everly Brothers, "So sad" ; un jeune artiste africain Ol pour ce que Françoise considère comme le meilleur titre de l'album, "Celui que tu veux"; ou encore Iggy Pop himself sur un très tendre titre, "I'll be seeing you". Mais se croisent aussi Rodolphe Burger, Alain Lubrano le fidèle ou l'Espagnol Jose Maria Cano, chanteur du groupe Mecano.
Françoise Hardy se refuse toujours à envisager un passage sur scène, considérant qu'il s'agit là d'une facette de son métier qui ne la séduit pas du tout, qui l'exposerait trop. Elle préfère rester définitivement en retrait. Même scénario dans le couple Dutronc-Hardy qui quitte le XIVème arrondissement de Paris où ils habitaient depuis les années 1960 pour un appartement vers l'Etoile. Chacun son étage, la distance comme ciment du couple.
À la fin de l'année 2000, elle apparaît sur l'album "Chambre avec vue" d'Henri Salvador avec qui elle interprète "Le Fou de la reine". Quelques mois plus tard, c'est Marc Lavoine qui lui propose de chanter "Chère amie" en duo sur son album. En 2002, un coffret de trois CDs regroupant 74 chansons de Françoise Hardy sort sous le nom de "Message personnel".
2004 : "Tant de belles choses"
Lorsqu'elle retourne en studio en septembre 2004 pour enregistrer ses nouvelles chansons qui figurent sur l'album "Tant de belles choses", sorti au mois de novembre, elle s'entoure d'une équipe d'auteurs et de compositeurs au sein de laquelle on retrouve une nouvelle fois Alain Lubrano, ainsi que Benjamin Biolay, Thierry Stremler, Jacno mais aussi l'Anglais Ben Christophers, l'un de ses derniers coups de cœur, et l'Irlandais Perry Blake qui lui offre deux titres en anglais. À ses côtés également, son fils Thomas Dutronc qui réalise quatre titres et intervient comme guitariste sur de nombreux morceaux.
Françoise Hardy se fait de plus en plus rare dans les médias. On la retrouve en 2006. En effet, elle puise dans son répertoire et choisit de reprendre quelques-unes de ses chansons préférées. L'album, intitulé "Parenthèses…", sort en novembre. Françoise y interprète douze titres aux côtés de chanteurs qu'elle adore, comme Alain Bashung, Benjamin Biolay, Rodolphe Burger, Alain Delon, Maurane ou encore Arthur H. Mais aussi Jacques et Thomas Dutronc sont pour la première fois tous les deux réunis à ses côtés. Le premier extrait radio est le surprenant "Partir quand même" en duo avec Julio Iglesias.
Françoise Hardy écrit son autobiographie. Intitulé "Le désespoir des singes et autres bagatelles", ce livre publié par les éditions Robert Laffont en 2008, rencontre un grand succès de librairie.
2010 : "la Pluie sans parapluie"
Au début de l'année suivante, elle commence à préparer un nouvel album. Très attachée à la qualité des mélodies, la chanteuse fait appel à de nombreux compositeurs comme le fidèle Alain Lubrano, Ben Christophers, Pascale Daniel et Thierry Stremler. C'est elle qui pose ses mots sur ces musiques. Par ailleurs, La Grande Sophie signe le titre "Mister", Arthur H "Les mots s'envolent" et Jean-Louis Murat, "Memory divine" en anglais. Ce nouvel album de chansons originales qui donnent de Françoise Hardy, l'image d'une femme sensible et pudique, et intitulé "la Pluie sans parapluie", est réalisé par Edith Fambuena, Bénédicte Schmitt, Khalil Chahine et Peter Van Poehl. Il sort en mars 2010.
L'année 2012 marque les 50 ans de carrière de Françoise Hardy, un anniversaire qu'elle choisit de célébrer avec la sortie simultanée d'un roman et d'un nouvel album, tous deux intitulés "L'amour fou".
Cette fois encore, elle signe la majorité des textes de l'album, centré sur le thème, ô combien éternel, de l'amour et de ses affres. Les mélodies sont composées par Thierry Stremler, Calogero, Benoît Carré (Lilicub) ou encore Julien Doré qui signe aussi les paroles sur le très beau "Normandia". La réalisation est confiée à Dominique Blanc-Francard et Bénédicte Schmitt.
Le livre qui paraît dans la foulée est le premier roman de Françoise Hardy. Écrit par périodes tout au long des trente dernières années, il dresse le portrait d'une jeune femme consumée par sa passion pour un homme. En filigrane, on ne peut s'empêcher d'y voir une évocation du couple Hardy/Dutronc.
Françoise Hardy se fait rare. Il faut dire qu’elle se bat depuis une dizaine d’années contre un lymphome, un cancer du système lymphatique. En février 2014, sur un album collégial "It’s a teenager dream", elle enregistre une chanson de 1958 de Buddy Holly "True Love Ways". Des rééditions d’anciens albums voient également le jour, en Italie notamment, dans cette période artistiquement très calme pour l’artiste. On la retrouve également en duo avec Julien Clerc sur l’album des 20 ans du Sidaction "Kiss & love" pour une reprise de "Seras-tu-là ? " de Michel Berger.
En mars 2015, un livre "Avis non autorisés", réflexions crues sur la maladie, la vieillesse, la politique sort en librairie. Françoise Hardy n’assure pas la promotion de ce livre jusqu’au bout puisqu’elle est hospitalisée suite à une chute et passe trois mois entre la vie et la mort. Elle déclare à la suite de ça, qu'elle n'a plus envie d'écrire des chansons et de chanter.
2018 : "Personne d'autre"
À la surprise générale, Françoise Hardy publie, en avril 2018, son 28e album studio "Personne d'autre". Dans cette lettre musicale directement adressée à Jacques Dutronc, Françoise Hardy chante les textes écrits et composés par Yaël Naim ("You're My Home") et La Grande Sophie ("Le large") notamment. Elle reprend également le titre "Seras-tu là ?", extrait de l’album "Que l’amour est bizarre" de Michel Berger. Le disque sonne comme un retour à la vie.
Après s’être battue contre un lymphome, la chanteuse, âgée de 74 ans, est atteinte d’un cancer du pharynx. Dans un rare passage à la radio, elle apparaît affaiblie mais se veut rassurante sur son état de santé qui semble s'être amélioré.
En mars 2021, Françoise Hardy publie "Chansons sur toi et nous", un livre dans lequel elle commente plus de 200 chansons qu’elle a écrites depuis le début de sa carrière en 1962.
En avril, à l’occasion d’un projet de loi à l’Assemblée nationale pour légaliser l’euthanasie, elle interpelle le gouvernement. Elle se positionne en faveur de l’euthanasie, et déclare à Franceinfo : "Quand quelqu'un en arrive à avoir des souffrances insupportables et qu'il est incurable, c'est inhumain de ne pas abréger ses souffrances".
Avril 2021