Innocents
De "Jodie" à "Colore" en passant par "L'autre finistère", les mélodies composées par les Innocents pendant presque deux decennies ont marqué à jamais l'histoire de la pop française. Après une pause d'une quinzaine d'année, le groupe se reforme finalement en 2013 avec Jipé Nataf et Jean-Chri Urbain. Une renaissance que la critique et le public plébiscitent.
Né en 1963, Jipé se branche à la fin des années 70 sur le courant punk rock parisien et fonde un premier groupe, les Privés. Après avoir plusieurs fois changé de nom et de membres, le groupe donne son premier concert en tant que "Innocents" au squat des Cascades à Paris en 1982. Riche de quatre membres, Jipé, Rico à la basse (parti en 1995), Pierre et Tramber, le groupe commence à faire quelques concerts au Gibus et un peu en province. On les voit aussi en premiere partie du groupe américain REM ou des Fleshtones.
En 1985, produit par le producteur des Blessed Virgins, Patrice Fabien, et distribué par le label New Rose, les Innocents sortent un tout premier 45 tours, "Pamela", aujourd'hui introuvable. Le disque se vend bien compte tenu d'un tirage faible, et quelques magazines rock en parlent.
Malgré cela, l'année 1986 est assez calme et entre de très rares concerts, les Innocents écrivent six nouveaux titres dont "Jodie". Après avoir écouté ce morceau, le chanteur Jay Alanski décide de produire le groupe: une longue séance de travail commence pour réaliser une vraie maquette qui leur ouvre les portes du label Virgin chez qui ils signent leur premier contrat en novembre 1986.
1987 : "Jodie"
En janvier 1987, sort "Jodie" qui reste un des titres phares de la pop française des années 80. Vendu à 150.000 exemplaires, le 45 tours atteint la 34e place au Top 50 (premier classement français aujourd'hui disparu) et reste classé 15 semaines. Suite à ce succès, les Innocents vont passer six mois à faire la promotion du disque, mais sans monter sur scène.
Un an plus tard, en janvier 1988, sort un troisième 45 tours, "Et le temps n'attend pas", qui ne connaît pas le même succès que le précédent. Le groupe retrouve à cette occasion la scène après deux ans d'absence.
Vers juin 88, après le départ de Tramber, le groupe accueille Jean-Christophe Urbain, dit Jean-Chri, pianiste et guitariste, passionné des Beatles. Durant l'été 88, la nouvelle formation écrit une vingtaine de titres. Après avoir opté pour le producteur anglais, Paul Hardiman, ils en enregistrent dix à Bruxelles entre décembre 88 et mars 89.
"Cent mètres au Paradis", leur premier album apparaît dans les bacs des disquaires en mai 1989, suivi d'un simple du même nom. C'est alors que le groupe prend sa forme définitive avec l'arrivée de Michael, batteur et percussionniste anglais. Durant cette année 89, les Innocents vont sillonner le pays et donner 120 concerts acoustiques, entre autres dans les lycées.
Début 90, ils commencent à réunir des idées pour un second album, mais "Cent mètres au paradis" n'ayant pas eu le succès escompté (16.000 exemplaires vendus), c'est sous haute surveillance de la maison de disques qu'ils mettent en place sa réalisation, qui va prendre d'ailleurs plus d'un an. Ils entrent en studio en août 1991 avec Philippe Delettrez aux arrangements et Patrice Blanc-Francard au mixage.
1992 : "Fous à lier"
En mars 92, sortent les onze titres de l'album "Fous à lier". Le premier simple, "Mon dernier soldat" est un semi-échec, mais le second, "l'Autre Finistère" est un très gros succès. En avril 1992, les Innocents remportent le Bus d'Acier, prix décerné au meilleur artiste pop-rock de l'année.
En novembre, c'est avec un ensemble de cordes et de cuivres qu'ils jouent au Bataclan. Il faut cependant attendre 1993 pour constater un réel succès. Les uns après les autres, les simples vont s'enchaîner et envahir les ondes radios. L'album "Fous à lier" se vendra à 700.000 exemplaires.
L'année 1994 est une année studieuse. En décembre, les Innocents entrent en studio. Jusqu'en septembre 95, ils enregistrent onze titres (sans compter les mystérieux titres non répertoriés sur les plages 12,13 …) et naviguent entre différents studios dont le studio Plus et le home studio de Jean-Chri. La fin de l'enregistrement est marquée par le départ du bassiste Rico.
En février 1996, sort donc le troisième album des Innocents, "Post Partum", lancé par le simple "Un monde parfait". En mai, ils jouent quatre fois à la Cigale à Paris. Les ventes atteindront 200.000 exemplaires. Le succès se confirme avec le deuxième single, "Colore", puis "Dentelle".
Ils obtiennent au printemps 96, la Victoire de la Musique du meilleur groupe français.
Il faut attendre 1999 pour entendre à nouveau le groupe sur les radios. Renforcé par l'arrivée de Bernard Viguié (à la basse) et Christopher Board (aux claviers), il revient avec un album éponyme enregistré dans les studios du label Realworld à Bath. La partie chant est maintenant assurée par Jipé bien sûr mais aussi par Jean-Cri. Leurs voix se mêlent très bien à cet univers très "british pop". Le premier extrait de l'album s'intitule "le Cygne". Malheureusement, l'album ne rencontre pas le succès public attendu alors que certains journalistes en parlent comme de leur meilleur disque. En 2000, Jean-Chri annonce brutalement son départ. La tournée d'automne que les Innocents avaient programmée, est de fait annulée. C'est la fin de l'aventure.
En 2003, sort un best of sur lequel on retrouve tous les succès qui ont fait partie intégrante de cette aventure de presque 20 ans.
En 2004, Jipé Nataf revient discrètement sur le devant de la scène avec un album solo intitulé "Plus de sucre".
2009 : les retrouvailles
Après la sortie de ce disque, Jipé Nataf renoue avec Jean-Christophe Urbain. Ils montent ensemble sur scène et travaillent en collaboration sur "Clair" en 2009, le second album de Nataf.
Ils composent en 2013 plusieurs titres à deux et annoncent vouloir ré-œuvrer ensemble. Ils remontent même sur scène. Ils enchainent quelques dates pour un tour intitulé "Comeback intime" puisque les concerts sont placés sous le signe de l'acoustique. On les retrouve notamment le 7 octobre pendant Les rendez-Vous de la Lune à Paris.
L'enregistrement des nouveaux titres se fait à Paris, entre plusieurs studios, jusqu'à la fin décembre 2014, retrouvant aussi le complice producteur Dominique Ledudal.
2015 : "Mandarine"
Il faut finalement attendre juin 2015 pour pouvoir enfin écouter l'album "Mandarine", l'album d'un duo, un album de duos, un album de complicité et d'amitié entre les deux hommes. Toutes les compositions sont signées par les deux compères, contrairement aux textes que seul Jipé a écrits. Le résultat confirme s'il en était besoin, le talent des Innocents, entre songwriting maitrisé et inspiré et arrangements élégants, pop légère et folk mélancolique.
Ils retrouvent la scène pour une série de concerts à travers la France. En février 2016, les Innocents reçoivent une Victoire de la musique pour le meilleur Album rock de l'année.
Le 1er avril, ils se retrouvent sur la scène des Folies-Bergère à Paris. Ils poursuivent leur tournée pendant l'été 2016 sur les scènes des festivals français avant de se produire à l'étranger.
2019 : "6 ½"
En mars 2019, 37 ans jour pour jour après leur premier concert parisien à Belleville, sort l’album "6 ½", plus électrique et multicolore que le précédent, toujours enregistré et mixé par Dominique Ledudal. Jean-Chri Urbain et JP Nataf ont tous les deux écrit des chansons, proposant parfois des thématiques personnelles que l'autre a dû s'approprier. Le simple "Quand la nuit tombe" donne le ton au reste de l’album, marqué par des tonalités folk et pop. Un album encensé par la critique et plébiscité par le public qui reprend avec enthousiasme leurs mélodies d'orfèvres.
Epaulé par trois autres musiciens, le duo part en tournée et se produit notamment le 13 décembre 2019 à la salle Pleyel à Paris.
Février 2020