Jean-Louis Murat
Disparition de Jean-Louis Murat
L'auteur-compositeur-interprète français vient de mourir à l'âge de 71 ans. Avec plus de 30 albums en 40 ans de carrière, l'Auvergnat avait largement participé à donner de nouvelles couleurs musicales à la chanson française, distillant çà et là, des influences de l'americana, de la pop, de la folk. Son caractère bien trempé, grincheux, voire hargneux, lui avait conféré un statut particulier dans ce milieu artistique.
Artiste énigmatique, ancré dans ses montagnes natales du Massif central, Jean-Louis Murat a un parcours troublant mais constant, dont ses chansons se font l'écho plaintif et poétique.
Jean-Louis Bergheaud naît le 28 janvier 1954 à la Bourboule, petite station thermale dans le Massif Central. Fils de divorcés, Jean-Louis passe beaucoup de temps chez ses grands-parents dans une ferme isolée à Murat-le-Quaire, village auvergnat dont l'artiste adoptera le nom quelques années plus tard. C'est là qu'il acquiert un goût certain de la terre et du monde paysan qui surgira souvent au travers de son travail.
Adolescence
Dès ses 7 ans, il apprend la musique au sein de l'Harmonie municipale à laquelle appartient déjà son père, menuisier et musicien à l'occasion. Du cornet à piston au saxophone ténor, l'enfant développe un certain talent pour les instruments, ce qui le mène tout naturellement au Conservatoire le plus proche. Là, durant toute son adolescence, il acquiert une sérieuse formation musicale. Jeune homme solitaire, il est féru de poésie classique et de littérature romantique et tourmentée, de André Gide à DH Lawrence. À 15 ans, un professeur d'anglais lui ouvre des horizons musicaux, essentiellement orientés vers le jazz et le rhythm'n'blues. Grâce à lui, Jean-Louis continue ses études contre l'avis paternel. Arrêter l'école jeune et travailler à la ferme était un destin tout tracé pour l'adolescent, qui finalement devient le premier bachelier de sa famille.
À 17 ans, Jean-Louis se marie et devient père. Il s'inscrit en fac à Clermont-Ferrand, mais le virus du voyage et du dépaysement le rattrape. Il divorce et part. Commence alors quelques années d'errance entre Paris et les stations à la mode, où il exerce des petits boulots : plagiste à Saint-Tropez, moniteur de ski à Avoriaz. Vers 1977, il se lasse de cette vie et décide de se consacrer sérieusement à la musique. Il rentre dans son Auvergne natale qu'il ne quittera plus. Naît alors le groupe de rock Clara, son unique (et brève) expérience collective. Il y chante, joue du saxophone et de la guitare. Et surtout écrit. William Sheller, intéressé par le travail du groupe, les engage un temps comme musiciens.
Naissance
Si l'expérience Clara n'aboutit pas, elle permet cependant à Murat d'enregistrer un 45 tours solo qui sort en 1981 sur le label EMI : "Suicidez-vous, le peuple est mort". Le titre seul suffit à le faire remarquer par la critique. Mais le public ne suit pas du tout. De plus, la station de radio Europe1 censure le morceau. Murat situe d'emblée son répertoire dans un registre sombre et romantique, désespéré et poétique. En 1982, sort un album de six titres, "Murat". Puis un album à part entière en 1984, "Passions privées". Mais rien à faire, le chiffre des ventes reste désespérément faible proportionnellement au tirage d'à peine 1000 exemplaires. En dépit d'une tournée avec Charlélie Couture, le contrat de Jean-Louis Murat est rompu.
En 1985, il enregistre pour CBS, mais rien ne sort. On n'entend plus parler de lui de 1984 à 1987. Il s'isole trois années durant chez lui, en Auvergne en faisant régulièrement des voyages à Paris pour tenter, en vain, de trouver une maison de disques. Déprimé et à bout de souffle, il lui faut du temps avant de reconstruire son travail.
En 1986, ce sont les anglais du label Virgin qui s'intéressent à lui. Un contrat est signé et en 1987, sort "Si je devais manquer de toi", un 45 tours qui propulse Murat au devant de la scène musicale. Le titre est un succès public. Succès confirmé par les 100 000 exemplaires vendus de l'album, "Cheyenne Autumn", qui sort en 1989. Album de la renaissance, ce disque un peu glacé et tout en ambiances, rassemble certains des plus beaux titres de Murat ("l'Ange déchu"). L'année suivante, sort un mini album original, "Murat en plein air", dans lequel Murat rend hommage au monde paysan. Dans une vidéo superbe filmée en Auvergne, on voit le chanteur interpréter quelques-uns des titres dans une chapelle du XIIe siècle, Notre Dame de Roche-Charles. Tout l'amour de Jean-Louis Murat pour sa région d'origine, pour la tradition paysanne et pour la nature en général transparaît dans ces quelques images.
Murat est désormais un artiste reconnu et apprécié. En 1990, le cinéaste Jacques Doillon lui offre un rôle au cinéma dans "La vengeance d'une femme", avec Isabelle Huppert et Béatrice Dalle.
1991 : "le Manteau de pluie"
Il se passe un an et demi entre l'enregistrement de l'album "le Manteau de pluie" en 1990 et sa sortie à l'automne 1991. Considéré par certains comme son plus bel album, "le Manteau de pluie" explore divers horizons : la poésie japonaise ("le Manteau de pluie du singe"), le Brésil ("le Mendiant à Rio"), la montagne ("Col de la Croix Morand"), l'amour ("le Lien défait"). Après les synthés de "Cheyenne Autumn", Murat renoue avec les guitares, et la batterie tenue par Neil Conti du groupe anglais Prefab Sprout.
En 1991, Jean-Louis Murat enregistre un duo avec Mylène Farmer, "Regrets", qui donne lieu à un clip tourné sous la neige en Hongrie.
Enregistré en six jours, l'album "Venus" sort en octobre 1993. C'est cette année-là que Murat se lance pour la première fois dans une véritable tournée. Monter sur scène n'est pas un exercice facile pour le chanteur qui a tardé avant de se décider. Avec six musiciens recrutés par petites annonces, Murat entame les répétitions dans un petit théâtre de Vichy. La tournée démarre en Auvergne, au Puy-en-Velay, le 10 novembre et prend fin huit mois plus tard en juillet 1994. Les trois concerts qu'il donne à Paris, à la Cigale, les 16, 17 et 19 décembre 93 donnent lieu à un album live, "Murat live", qui se fait l'écho du dépouillement musical de ses prestations scéniques. Il est certain que ce n'est pas sur scène que Murat est le plus épanoui, et si un public fidèle se presse à ses concerts, le contact n'est pas toujours des plus évidents entre l'artiste et la salle.
Outre des extraits de la tournée, l'album live présente aussi la musique que Murat a écrit pour le film de Pascale Bailly, "Mademoiselle Personne". Son écriture particulière séduit d'autres chanteurs, et non des moindres, puisqu'il est l'auteur de titres pour Johnny Hallyday, Jeanne Moreau et... Sylvie Vartan. Cependant, seule cette dernière enregistre finalement deux titres en 1996. En 1990, il avait déjà écrit "Le Verrou" pour Julien Clerc. Fan de musique lui-même, Murat participe à de nombreux hommages discographiques : hommage inattendu à Joe Dassin, à son idole de toujours Leonard Cohen ou à Gérard Manset, à qui Murat fut comparé dès ses débuts.
1996 : "Dolorès"
Sorti le 16 septembre 1996, "Dolorès" est sans doute le plus gros succès public de Jean-Louis Murat. Pourtant, il le considère comme un album mineur, un album de transition. En écho à une rupture sentimentale, Murat présente cette fois un septième album aux relents trip hop, tendre et mélancolique, moins obscur que d'habitude. Un an après une sortie très médiatisée, l'album donne lieu à une tournée confidentielle de quelques salles dont le Théâtre du Musée Grévin à Paris en octobre 1997. Seul sur scène avec Denis Clavaizolles aux claviers, Murat, toujours aussi peu à l'aise sur scène, présente un spectacle au dépouillement total et dont la seule fantaisie tient dans des images de l'Auvergne projetées en fond de plateau. A la fois séduit et désarçonné, le public est cependant toujours au rendez-vous. La tournée 1997 donne lieu à un live "Live in Dolores" qui sort en avril 1998.
Si le contact avec le public est difficile depuis la scène, Murat crée en 1998 son propre site Internet dans lequel l'artiste se dévoile timidement à travers la littérature, les vaches et la recette de la potée auvergnate (excellente!). Un peu ermite, Murat n'en est pas moins concerné par le monde qui l'entoure et son implication dans de nombreuses luttes n'est pas feinte. Militant depuis longtemps au sein d'Amnesty International, il prend aussi fait et cause pour les Kurdes et pour l'enfance maltraitée.
1999 : "Mustango"
En août 1999, il réapparaît avec un nouveau disque, "Mustango". Ce titre fait allusion au Mustang, petit royaume du Tibet, allusion qui marque aussi une certaine métamorphose du personnage. Loin de la dépression auvergnate déconnectée du monde, Murat nous revient avec des titres ancrés solidement dans l'actualité la plus violente ("Belgrade") ou l'intolérance ("Les Pédés"). Il adopte une attitude plus positive. Il va de l'avant. Son site internet change dans la foulée et laisse les vaches pour la peinture, les images d'Auvergne pour celles des Indiens d'Amérique ou des contrées tibétaines.
C'est aux Etats-Unis que le chanteur est allé enregistrer "Mustango". Il a séjourné ainsi de longs mois à New York et Tucson, en Arizona, et s'est entouré d'une équipe américaine comme le duo texan au son bien particulier, Calexico. En revanche, Denis Clavaizolle est toujours là mais uniquement à la production.
Le 12 octobre, Jean-Louis Murat entame une de ses plus longues tournées entouré de trois musiciens, Alain Bonnefont, Régis Oomiak et bien sûr, Denis Clavaizolle. En novembre, il s'installe trois jours au Trianon avant de clore la tournée 1999 le 17 novembre. Dès février, il repart jusqu'aux festivals de l'été 2000. À l'automne, sort l'album live de cette tournée, "Muragostang".
Isabelle et le Moujik
Moins de deux ans après "Mustango", Jean-Louis Murat sort un album étrange, "Madame Deshoulières" inspiré de textes du XVIIIe siècle écrits par une jeune femme née en 1638, Antoinette Deshoulières. Sur une partition qui même la modernité musicale du chanteur et une partie baroque composée par Daniel Meier, c'est la comédienne Isabelle Huppert qui dit les poèmes donnant une dimension singulière à cette œuvre à part dans son répertoire.
De son propre aveu, le chanteur pourrait sortir deux albums par an. Prolixe, Murat propose donc un nouvel opus en mars 2002, "le Moujik et sa femme", soit onze morceaux en moins de cinquante minutes. Très loin du registre de "Madame Deshoulières", le voici maintenant sur la voie de la chanson populaire : une écriture concise, sans façon, un format traditionnel couplet/refrain et quelques airs qu'on peut chantonner. Pour renforcer l'idée de la simplicité, il fait appel à une petite formation constituée de deux jeunes musiciens, le bassiste Fred Jimenez (membre du groupe de Bertrand Burgalat, A.S. Dragon) et le batteur Jean-Marc Butty. Le premier simple extrait de l'album s'intitule "L'au-delà".
Début avril, le chanteur démarre une tournée française qui passe par le festival de Bourges le 11 avril et le mène jusqu'en juin.
De plus en plus prolixe, Jean-Louis Murat n'attend pas la fin de l'année pour recommencer à écrire des chansons. En fait, cet écriture intervient en même temps que de nombreuses autres activités artistiques qui se nourrissent les unes des autres : peinture, dessins, poésie, journal et correspondance. Dès février 2003, il entre en studio et c'est ainsi que "Lilith" peut sortir en août. Cet album contient vingt trois morceaux, enregistrés avec son complice le bassiste Fred Jimenez et le batteur Stéphane Reynaud, les deux musiciens de la tournée qui suit. Ce trio rock mène les compositions de Murat vers le terrain de ceux qu'il admirent, Neil Young et consort. Très inspiré, Jean-Louis Murat cisèle comme de coutume, des textes parfois sombres mais toujours emprunts de poésie. Le premier extrait de ce double album s'intitule "Le cri du papillon".
2004 : "A bird on a poire"
À peine sorti son DVD "Jardin d’acacia" début 2004, Jean-Louis Murat entraîne son bassiste Fred Jimenez et de la chanteuse d'Elysian Fields, Jennifer Charles, dans une nouvelle aventure : un disque signé à trois, "A bird on a poire". Une collection de chansons ‘popy’ qui puisent dans les années soixante leur fraîcheur juvénile. L’occasion pour le chanteur de réaffirmer sa liberté artistique et sa volonté d’exposer des artistes de qualité auxquels les maisons de disques ne font pas attention.
Jean-Louis Murat n'en fait qu'à sa tête et sort au printemps 2005 trois projets (!) : "1451", un livre tiré à 1000 exemplaires disponible uniquement sur son site - un poème de mille vers, écrit et illustré par JLM, avec un DVD et un CD -. "1829", adaptation en musique de textes du chansonnier de l'Empire napoléonien, Pierre-Jean de Béranger (1780-1857). Et un album, enfin, "Moscou", dans lequel le chanteur ne montre aucune baisse de régime dans son écriture. Deux duos éclairent cet album intime et ample comme d'habitude : l'un avec la prometteuse Camille ("L'amour et les États-Unis") et l'autre avec Carla Bruni ("Ce que tu désires").
Après tant d'efforts, Jean-Louis Murat prend l'air en tournée, première date le 17 mars à Genève (Festival Voix de fête) puis tour de France jusqu'au 18 juin, en s'arrêtant notamment au Printemps de Bourges en avril.
Il faut attendre près d'un an et demi pour écouter à nouveau les mélodies de Murat. En août 2006, il sort l'album "Taormina", du nom d'une ville de Sicile au pied du volcan Etna. Entre-temps, Jean-Louis a changé de maison de disques, son contrat avec Virgin / EMI s'étant terminé lors de la sortie de "Moscou". C'est avec l'indépendant V2 qu'il travaille désormais. Pour ce disque, enregistré à la maison via sa société de production et d'édition Scarlett, JLM retrouve ses musiciens Fred Jimenez (basse) et Stéphane Reynaud (batterie). Une formation réduite qui lui permet de replonger dans des sonorités blues rock où la guitare domine. Les textes, toujours aussi inspirés, évoquent des thèmes chers à l'artiste, comme la mort ou la quête de l'amour.
2007 : "Charles et Léo"
Jamais à court de projets, l'Auvergnat propose au mois d'octobre 2007 un nouvel opus intitulé "Charles et Léo". Trois ans auparavant, le fils de Léo Ferré, Mathieu, à la tête du label La Mémoire et la mer, l'avait contacté et lui avait demandé de travailler sur des reprises de poèmes de Charles Baudelaire, mis en musique par son père. Il s'agissait de 22 inédits tirés des "Fleurs du mal". Ils furent enregistrés sur cassette, dans une version piano/voix et confiés juste avant la mort de l'auteur de "Avec le temps", à sa famille.
En réalité, quelque peu impressionné, Murat n'a pas accepté tout de suite la proposition flatteuse qui lui était faite d'interpréter ces versions inédites. Finalement, douze titres ont été choisis. Ils ont été arrangés par Denis Clavaizolle, son complice sur quelques uns de ses albums précédents. Sobriété de la voix, élégance pop et modernité des musiques, font de ces poèmes devenus chansons, de beaux moments discographiques. Un DVD accompagne le CD et propose la captation d'un concert donné à Clermont-Ferrand à la Coopérative de Mai, où Jean-Louis Murat donne à entendre en version piano/voix, ces douze titres.
2008 : "Tristan"
Jean-Louis Murat n'attend pas six mois pour dégainer un nouvel album : "Tristan". Un opus entièrement de son cru cette fois-ci. Il sort le 31 mars 2008. Composé de dix titres, il évoque la douloureuse passion de Tristan et Iseult sur fond de guitare, piano, basse, trompette de cavalerie et cor de chasse. Jean-Louis Murat a touché à tous les instruments, s'entourant quand même du fidèle Fred Jimenez à la basse et de Stéphane Reynaud à la batterie. La langue qu'il déploie sur "Tristan" est poétique, sensuelle, et la réflexion sur le malheur qu'il propose à ses auditeurs, quasi-philosophique.
En octobre, l'artiste entame une nouvelle tournée lors de laquelle il se produit seul à la guitare (12 cordes) et à l'harmonica, notamment sur la scène de l'Européen à Paris. Des concerts qui affichent complet.
Début 2009, Jean-Louis Murat embraye déjà sur un nouveau projet, un peu au pied-levé à vrai dire : son fidèle ingénieur du son Christophe Dupouy lui propose d’enregistrer un album à Nashville, aux États-Unis. Un vieux rêve pour l’Auvergnat, qui considère la capitale de l’état du Tennessee comme "la Mecque" de la musique. Ni une ni deux et il s’envole là-bas en février 2009, ses chansons, une guitare et un métronome en poche.
Le studio Ocean Way lui ouvre ses portes et c’est parti pour l’enregistrement de ses chansons avec une myriade de musiciens locaux. Tous sont rompus à l’accompagnement de chanteurs pour avoir collaboré avec Al Green, Roy Orbison ou encore R.E.M, et viennent enrichir la voix de Jean-Louis Murat de violons fiddle, de guitares électriques et autres pedal steel qu’ils maîtrisent à la perfection.
Un documentaire-fiction intitulé "Falling in love again" est tourné par Lætitia Masson pendant l'enregistrement de l'album.
L’album sort en France le 21 septembre 2009 sous le titre "Le cours ordinaire des choses". Il est naturellement irrigué de blues, de folk et de country mais l’univers du chanteur n’en est pas pour autant étouffé. Il continue comme à son habitude à vagabonder sur le thème de l’amour, du désir, de la mort ou de la violence sous forme de poème en vers libres.
Comme de bien entendu, le chanteur enchaîne sur une tournée en 2010 qui passe par le Bataclan à Paris le 9 avril.
2011 : "Grand lièvre"
En septembre 2011, Jean-Louis Murat revient avec un nouvel album "Grand lièvre", enregistré en quelques jours dans le sud de la France dans les conditions du live. On y retrouve des musiciens fidèles, tels Fred Jimenez, Stéphane Reynaud et Slim Batteux. Musicalement, Murat semble avoir privilégié une certaine légèreté même si cela est contrebalancé par la noirceur des textes.
Son écriture très personnelle est au service de thèmes qui lui sont chers : la nature toujours, la dérision de la condition humaine, l’amour, la solitude, etc. Deux chansons évoquent la guerre, une nouveauté pour le chanteur : "Sans pitié pour le cheval" (guerre de 14/18) et "Rémi est mort ainsi" (guerre de 39/45).
Sort en même temps et en édition limitée sur la version digipack de "Grand lièvre", un live enregistré à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand le 7 avril 2010.
En novembre 2011, il entame une série de concerts à travers la France dont un au Trianon le 10 novembre. La tournée se poursuit en 2012.
En mars 2013, l’artiste sort son dix-neuvième album : "Toboggan", un disque faussement apaisant. Si certains titres comme "Chat noir" ou "Il neige" font faussement penser à des comptines folkloriques et enfantines, d’autres sont plus sombres notamment "J’ai tué parce que je m’ennuyais" où le chanteur se glisse dans la peau d’un psychopathe. Autre particularité : Jean-Louis Murat dialogue avec lui-même, double sa propre voix et y insuffle des cris de loups, des bruits de la campagne et autres sons de synthés.
Après l’accueil unanime de l’album "Toboggan", "Toboggan Spécial" paraît en novembre avec cinq titres inédits écrits, composés et réalisés par l’artiste. Le 22 novembre, il se produit à la Gaité lyrique à Paris.
2014 : "Babel"
En octobre 2014, Jean-Louis Murat revient avec un double album "Babel". On y retrouve vingt morceaux écrits et composés par l’Auvergnat, et enregistrés en moins de 10 jours avec The Delano Orchestra, une troupe de trentenaires menée par le chanteur et guitariste Alexandre Rochon, qu’il suit depuis longtemps. Originaire de Clermont-Ferrand, celle-ci apporte une certaine luxuriance aux arrangements de cet album naturaliste. Le natif de la Bourboule en profite pour chanter avec la précision d’un guide, les lieux de l’action (Le Mont-Dore, Chamablanc, Sancy…).
Début 2015, Jean-Louis Murat effectue une tournée en France. En septembre, sort un EP intitulé "live aux [PIAS]Nites" un enregistrement fait à la Maroquinerie à Paris le 10 septembre 2014 avec The Delano Orchestra et Morgane Imbeaud (Cocoon).
Preuve que les albums de Jean-Louis Murat se suivent à une cadence constante, l’artiste revient avec "Morituri" début 2016. Ce mot latin signifie "ceux qui vont mourir". Au fil des morceaux, on note le retour du piano, qui s’était fait rare depuis l'éblouissant "Mustango" et "Mont Sans-Soucis" ainsi que la participation de Morgane Imbeaud. Dans ce nouvel opus, le chanteur évoque indirectement les attentats commis en France depuis 2015 : tout est suggéré de manière symbolique ou poétique.
Au grand dam de l’artiste, cet album n’est suivi d’aucune tournée, une première depuis 25 ans.
Malgré la déception et la lassitude que lui inspire un milieu artistique au sein duquel il ne trouve plus vraiment sa place, Jean-Louis Murat continue de composer. A l’automne 2017, il publie l’album "Travaux sur la N89". Il y délaisse guitare et mélodies pour tenter de se réinventer grâce aux sons synthétiques et électroniques. Mais l’accueil du public et des critiques est mitigé.
2018 : "Il Francese"
Murat persiste et signe avec l’album "ll Francese" en 2018, très inspiré par les rappeurs et producteurs américains Frank Ocean et Kendrick Lamar (avec lequel il lance une correspondance imaginaire). Ses textes explorent ses racines, réelles mais aussi inventées, de Marguerite de Valois autrement appelé la Reine margot à Joachim Murat, maréchal d'Empire.
Lors de l’enregistrement de l’album avec Denis Clavaizolle, son batteur historique Christophe Pie décède.
Longtemps opposé aux rééditions ou à l’idée d’un best-of, Jean-Louis Murat se laisse convaincre par PIAS, qui réédite sur vinyles de nombreux albums.
Dès avril 2019, il sort l’album "Innamorato", renouant avec les guitares et regroupant des titres live et des inédits.
Parallèlement, l’artiste s’intéresse de près aux protestations des Gilets jaunes et publie, chaque semaine sur son site, une chanson chroniquant ce mouvement social, ce qui lui vaut de nombreuses critiques.
En mars 2020, il dévoile "Baby Love", un album très groove, inspiré par un amour finissant et un amour naissant ("La princesse of the cool"). Privé de tournée, cette fois pour des raisons sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, il en publie en octobre 2020 une version acoustique, "Baby Love DC", agrémentée de trois inédits (dont une reprise d’Adriano Celentano, "L’arc-en-ciel").
2021 : "La vraie vie de Buck John"
En octobre 2021, il publie l’album "La vraie vie de Buck John", du nom du héros de BD de western qu’il lisait enfant. Le disque a été enregistré en grande partie à domicile, avec son voisin pour ingénieur du son. Si l’amour reste son sujet principal, les questions de société imprègnent aussi ses textes. Très marqué par l’assassinat du professeur Samuel Paty, il l’évoque dans la chanson "Marylin et Marianne".
Il repart en tournée au début de l’année 2022.
Avec son franc-parler et ses prises de position non consensuelles, l’artiste est habitué des polémiques. S’il apparaît lors des interviews assez déprimé, il assure continuer d’écrire quotidiennement beaucoup de chansons et même préparer des albums, aux paroles plus engagées, destinés à n’être publiés qu’à titre posthume.
La sortie d’un album "Best Of", rassemblant 20 titres emblématiques est prévu pour le 26 mai 2023. Le 25 mai 2023, Jean-Louis Murat décède subitement à 71 ans, d’une embolie pulmonaire.
Mai 2023