Keren Ann
Apparue comme par enchantement dans la chanson, Keren Ann a connu une reconnaissance immédiate due à son étonnant talent d'auteur-compositeur. Entre la France et les États-Unis, elle poursuit sa route et propose une pop matinée de folk.
Keren Ann Zeidel est née le 10 mars 1974 à Césarée en Israël. Ses origines sont nombreuses : son père israélien est d'origine juive russe, sa mère est la fille d'une Javanaise et d'un officier hollandais. La jeune Keren Ann est donc élevée, avec son frère et sa sœur, entre les Pays-Bas où elle vit jusqu'à 11 ans avant de s'installer à Paris où sa mère avait précédemment vécu jusqu'à 18 ans.
Bercée de multiples cultures musicales (variété française, musique yiddish, folk américain), elle commence très jeune à écrire des chansons. Après son bac, elle se lance dans diverses études, dont l'informatique, la philo, la psychologie et même l'océanographie, à San Diego en Californie. Mais depuis son adolescence, elle écrit des chansons, dénominateur commun de toutes ces années où elle se cherche, et finalement, passion essentielle de son parcours.
Débuts et rencontres
En 1998, à 24 ans, elle monte le groupe Shelby avec deux autres musiciennes. Un album en sort couronné d'un discret succès en particulier grâce au titre "I+I+I".
Parallèlement, Keren Ann rencontre son compagnon de musique, Benjamin Biolay, et ensemble, ils écrivent ce qui devient le premier album de la jeune femme, une œuvre élégante et brillante intitulée "la Biographie de Luka Philipsen", allusion au titre "Luka" de Suzanne Vega, idole de Keren Ann, et au nom de famille de sa grand-mère, Philipsen. Benjamin Biolay se fera connaître comme un talentueux arrangeur grâce, entre autres, à son travail avec Hubert Mounier, ex-Affaire Louis Trio en 2001 et avec Isabelle Boulay.
Un peu sorti de nulle part, cet album se fait vite remarquer par un certain mystère, un travail à contre-courant, des thèmes et des compositions d'une grande tenue, le tout évoquant les modèles musicaux de la chanteuse : Françoise Hardy, Suzanne Vega ou la grave légèreté de Claudine Longet, Française oubliée qui a connu un certain succès dans l'Amérique des années 60.
La scène
L'album sort en avril 2000, mais c'est en mars que Keren Ann donne son tout premier concert solo à la terrasse du Golf de l'Étoile à Paris. Au même moment, on peut voir son clip "Seule" mis en scène par Émilie Chédid, fille de Louis et sœur de Matthieu. Dès la sortie de l'album, une tournée est mise en place qui mène la jeune femme en première partie de Joe Cocker le 9 au Zénith, place peu appropriée à son répertoire tout en intimité. Elle en conserve d'ailleurs un mauvais souvenir. Puis elle fait également les premières parties de l'Espagnole Luz Casal à l'Olympia ou de M et de Anna Karina.
À la fin de l'année, en novembre, elle participe au festival du magazine intellectuo-rock, les Inrockuptibles. Mais ayant été au cœur de l'actualité en cette année 2000, Keren Ann et Benjamin Biolay décident de s'envoler en Thaïlande pour écrire ce qui pourrait devenir un deuxième album.
En 2000, cette musicienne polyvalente - elle joue de la guitare, de l'harmonica ou de la clarinette -, fait doublement parler d'elle puisqu'elle et Benjamin signent une grande partie des titres du nouvel album de Henri Salvador, "Chambre avec vue". Ce dernier connaît un énorme succès (600 000 ventes en quelques mois) qui rejaillit naturellement sur Keren Ann désormais considérée comme un des plus talentueux auteurs-compositeurs en France.
Des retrouvailles et une disparition
En début 2001, Keren Ann ne reçoit pas la Victoire de la musique du Meilleur Espoir féminin pour laquelle elle est nommée, mais elle est cependant récompensée via les deux Victoires (meilleur album, meilleur artiste) décernées à Henri Salvador. Quelques semaines plus tard, fin avril, elle est d'ailleurs en première partie du chanteur octogénaire à l'Olympia. Mais sa grande joie est de faire la première partie de son idole de toujours, Suzanne Vega, également à l'Olympia les 18 et 19 juin.
Le reste de l'année 2001 est en grande partie consacré à l'écriture et l'enregistrement du second album de la jeune femme, "la Disparition", qui paraît au printemps 2002.
Toujours très intimiste, l'ambiance générale ne change guère. Le timbre de voix particulier de Keren Ann participe au sentiment de mélancolie et même de tristesse qui se dégagent de certaines chansons. Quelques arrangements très "sixties" viennent ponctuer le disque d'un peu de gaieté. Benjamin Biolay est évidemment un des artisans de cette réalisation.
Keren Ann se produit sur les scènes françaises pour présenter son album, en particulier une date à l'Olympia à Paris le 29 octobre.
Plutôt discrètement, elle continue à travailler sur différents projets. En 2003, elle s'allie à Bardi Johannsson du groupe islandais Bang Gang, pour sortir un disque sous le nom de Lady & Bird. Chacun vient de plus, poser sa voix sur une chanson de l'album de l'autre. On retrouve donc Bardi sur "Ending song", un titre de "Not going anywhere", l'opus en anglais que la jeune femme sort en octobre. Adaptation de "la disparition", cet opus se place assez naturellement dans la tradition de la chanson folk anglo-saxonne.
Amérique
En course pour la Victoire de la musique 2004 dans la catégorie "Artiste féminine de l’année", dans laquelle elle avait été également nommée l'année précédente, Keren Ann n'inscrit toutefois toujours pas son nom au palmarès. Fin août 2004, "Not Going Anywhere" sort aux États-Unis sur le label de jazz Blue Note, accompagné sur une série de concerts sur le sol américain. C'est aussi à New York que la chanteuse termine son nouveau disque qu'elle avait commencé à enregistrer à Paris, en solo. En novembre paraît son quatrième album solo, "Nolita", la contraction de North of Litte Italy, un quartier de Manhattan où elle réside une partie du temps.
En français et en anglais, ses nouvelles chansons racontent ses états d'âme. Une main dans le plâtre après avoir chuté, Keren Ann en a profité pour essayer de nouveaux instruments. Sur la liste des artistes qui ont participé à "Nolita" figurent de nouveau l'Islandais Bardi Johansson, mais aussi des musiciens de jazz tels que le trompettiste Avishai Cohen et l'harmoniciste Jean-Jacques Milteau, ou encore le compositeur Guy Chambers, l'un des artisans du succès de Robbie Williams.
Après la sortie de l'album en France, celui-ci sort aux États-Unis, au Canada, en Asie puis un peu plus tard en Angleterre. En avril et mai 2005, Keren Ann se produit dans les salles françaises, dont la Cigale à Paris le 25 avril. Puis elle part sur les routes américaines pour une quinzaine de dates en juin et juillet. Le 3 octobre, on la retrouve à l'Olympia à Paris.
2007 : "Keren Ann"
Installée à New York, la jeune chanteuse prépare un nouvel album écrit exclusivement en anglais. "Keren Ann" sort en avril 2007 en France, puis aux États-Unis et Canada, et enfin en Allemagne et Grande-Bretagne. Entre la tradition des folk singers américains et la pop actuelle, Keren Ann propose un album plus ouvert sur le monde, moins intimiste que le précédent. Concoctées dans son home studio, les chansons sont mixées par Joe Barresi, producteur de groupes comme Queens of the Stone Age, que la musicienne affectionne particulièrement.
Elle repart sur les routes et se produit le 5 mai 2007 à l'Olympia. Dès le mois de juin, elle se produit en Amérique du Nord.
Quand Keren Ann achève sa tournée, elle s'attelle à divers projets. Elle s'occupe de la réalisation des albums d'Emmanuelle Seigner ("Dingue") et de Sylvie Vartan ("Soleil bleu") avec son complice Doriand. Elle reprend du service sous le nom de Lady & Bird en créant avec Bardi Johannsson l'opéra "Red Waters", l'histoire d'amour entre un frère et une sœur, écrite avec le parolier de Björk, le poète islandais Sjón.
2011 : "101"
Entre mars et septembre 2010, Keren Ann engendre son sixième album, qui sort en février 2011. Son nom, "101", fait référence aux 101 étages d'un gratte-ciel de Taipei, à Taïwan, au psaume 101 de l'Ancien Testament, le livre préféré de la Franco-Israélienne ainsi qu'au numéro des ambulances en Israël, qu'elle a beaucoup utilisé à cause de la maladie qui a emporté son père pendant qu'elle enregistrait.
Mélancolique, introspectif, délicat, ce nouveau disque oscille entre ballades douces et morceaux plus guillerets. L'électro y est toujours convoquée, sur des chansons entonnées en anglais inspirées autant de l'univers de Quentin Tarantino que d'Alfred Hitchcock. Sur la pochette, Keren Ann annonce la couleur : telle une braqueuse, elle pose un pistolet gros calibre à la main...
La brunette donne vite une série de concerts pour dégainer les dix titres de "101" en public. Les 24 et 25 mai 2011, elle est sur la scène de la Cigale, à Paris. En juin, elle s'envole aux États-Unis et au Canada, où ses albums connaissent toujours un très joli succès.
En avril 2012, elle est décorée Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.
Le 21 juillet 2012, elle donne naissance à son premier enfant, une petite fille prénommée de Nico.
Ses chansons sont utilisées dans le film "Yossi" du réalisateur israélien Eytan Fox. La chanteuse y apparaît également lors d'une scène où elle se produit en concert en reprenant d'anciennes chansons israéliennes.
La jeune femme se réinstalle à Paris après avoir habité les États-Unis.
2016 : "You’re Gonna Get Love"
En décembre 2014, la chanteuse fait appel à son public via le site Pledge music pour le financement de son nouveau disque, qu'elle veut sans intermédiaire.
Ainsi, après cinq ans d’absence, la chanteuse sort son septième album "You’re Gonna Get Love" le 25 mars 2016 sous le label Polydor. Imaginé entre Paris et Brooklyn, l’opus est enregistré avec Renaud Letang à la réalisation.
Cela oscille entre folk et blues ténébreux aux mélancolies à la fois pudiques et confessionnelles. Dans les textes composés en anglais, la jeune femme évoque les inquiétudes d’une mère pour ses enfants partis à la guerre ("Bring Back"), des amours perdus ("The separated Twin"), la cavale d’un couple ("My Man Is Wanted But I’Ain’t gonna Turn Him In") ou encore la rencontre qui n’aura jamais lieu entre son père décédé et sa fille ("Where did you go ?").
Dès la sortie de l’album, celle qui a écrit pour Henri Salvador et Sylvie Vartan part en concert à travers la France pour retrouver son public.
En mai 2016, elle fait partie de la délégation du Premier ministre Manuel Valls, en voyage de quatre jours en Israël et dans les territoires palestiniens.
Elle est élevée au grade d’officier de l'ordre des Arts et Lettres en septembre 2017.
Elle s'essaie aussi à d'autres domaines de création comme la musique de film ("La Femme la plus assassinée du monde" de Franck Ribière sorti en 2018) ou une résidence au Théâtre national de Bretagne.
2019 : "Bleue"
Depuis 2015, Kerenn Ann a la nationalité française et vit à Montmartre, où est scolarisée sa fille, née en 2012. Ce retour l’a menée à écrire son huitième album, "Bleue", sorti en mars 2019, entièrement en français, le premier depuis "La Disparition", en 2002. On y entend des histoires d’exil, comme le très gainsbourien "Odessa, odyssée", un duo avec David Byrne, "Le goût d’inachevé", et des mélodies mélancoliques aux atmosphères aquatiques, comme "Sous l’eau", dont la chanson et le clip sont inspirées du suicide de Virginia Woolf. C'est elle-même qui assure la réalisation de cet opus.
Elle entame ensuite une tournée qui la mène en France et en Europe.
Elle est faite chevalier de l'ordre national du Mérite en mai 2019.
Juillet 2019