Liane Foly
Dans la tradition des chanteuses noires américaines, Liane Foly vit le jazz et le swing avec passion. Avec sa voix sensuelle et grave, élégante et sexy, elle apporte une ambiance très jazzy au paysage musical hexagonal.
Eliane Falliex naît le 16 décembre 1962 à Lyon, alors que ses parents viennent de quitter l'Algérie devenue indépendante. Son père possède un petit commerce nommé "La Droguerie du bonheur". Mais avant tout, ses parents sont à la tête d'un petit orchestre, le Black and White qui chaque week-end, écume les bals de la région avec son frère Philippe à la batterie et sa soeur aînée Corinne au piano.
Dès ses douze ans, Eliane devient la chanteuse de l'orchestre et soirée après soirée, se forge une solide expérience de scène. De plus, elle pratique assidûment la danse. Le répertoire familial navigue entre classiques de la chanson française et standards anglo-saxons tendance années 50. La formidable mémoire de la jeune chanteuse lui permet d'interpréter jusqu'à 80 titres par soirée. Durant son adolescence, Liane se construit une petite carrière en chantant régulièrement dans les boîtes de nuit et les pianos-bars de la région. Son goût et son talent pour le jazz se dessinent alors très nettement et c'est à travers ce répertoire jazz/soul/blues qu'elle se fait un nom : Liane Foly.
A dix-huit ans, Liane se fait opérer des cordes vocales qui, après déjà cinq années de travail incessant, sont un peu fatiguées. Mais, les tournées et les innombrables concerts dans tous les clubs environnants continuent de plus belle. En 1984, Liane Foly est repérée par un jeune auteur, Philippe Viennet, et un musicien, André Manoukian, qui devient son compagnon. Les deux hommes ont un studio d'enregistrement à Lyon et, séduits par la voix et le tempérament musical de la jeune femme, ils lui proposent d'écrire pour elle et d'enregistrer une maquette. Après un long travail, et encore de nombreux concerts, c'est avec cet enregistrement que le trio arrive à Paris en 1987 dans le but de trouver un producteur et un distributeur. Assez rapidement, Liane obtient un rendez-vous avec Fabrice Nataf, directeur artistique et patron de Virgin France, qui est immédiatement convaincu de la qualité de la maquette. Sans plus attendre, un contrat est signé et la carrière de Liane Foly est lancée.
Sur les traces de Sarah Vaughan
Dès mars 1988, sort le premier album de Liane Foly, "The Man I love", titre qui rend hommage à une de ses chanteuses fétiches, Sarah Vaughan. Le premier 45 tours extrait de l'album, "Love me love moi", connaît un fort succès commercial et critique et entre très vite au Top 50, principal classement de disques français pendant les années 80. Entièrement écrit par André Manoukian pour les musiques et Philippe Viennet et Liane Foly pour les textes, à l'exception de trois reprises, l'album est bien sûr complètement baigné de jazz et de swing, très inspiré des atmosphères "glamour" du cinéma américain des années 50. Son modèle de femme et d'actrice est d'ailleurs la blonde Kim Novak, héroïne de Hitchcock. De sa voix sensuelle et grave, Liane Foly interprète des textes qui se veulent suaves voire érotiques.
Le 14 juin 88, la jeune chanteuse monte sur la scène de la Cigale à Paris pour un concert de promotion. Mais c'est surtout en 1989 qu'elle va dévoiler à un très large public ses dons pour la scène. C'est à l'Olympia, le plus célèbre music-hall parisien, que le chanteur Claude Nougaro convie Liane Foly à assurer la première partie de son spectacle en février. Pendant donc plusieurs soirées, la jeune artiste fait ses premières armes devant un public parisien, et remporte un franc succès. Puis le 9 avril 1989, Liane Foly est invitée au festival du Printemps de Bourges. Durant l'été, on la retrouve lors de prestigieux festivals de jazz dont celui d'Antibes-Juans-les-Pins en juin où elle fait la première partie du crooner italien Paolo Conte. Puis à Nîmes, elle chante en première partie de la cantatrice américaine, Julia Migenes. Enfin, le 13 juillet, c'est au tour du festival des Francofolies de la Rochelle de l'accueillir.
1990 : "Rêve orange"
Le succès de la jeune lyonnaise est indéniable, et dès l'année suivante, elle confirme la réussite du trio Foly/Manoukian/Viennet dans un nouvel album qui sort en décembre 1990, "Rêve orange".
Avec une apparence plus sobre, une coupe de cheveux à la Louise Brooks, des robes courtes, élégantes et sexy, Liane Foly présente un album plus proche d'elle. Enregistrées à Londres, les chansons sont toujours très jazz, mais peut-être plus langoureuses. Le simple "Au fur et à mesure" remporte tous les suffrages du public et de la profession qui lui décerne la Victoire de la musique de la Révélation féminine de l'année 1991. Puis la Sacem (Société des Auteurs Compositeurs) lui remet le prix Raoul Breton.
Durant l'été 1991, les concerts reprennent, à commencer par les Francofolies de La Rochelle en juillet, suivies des Francofolies de Montréal début août. Avant son grand retour parisien, elle donne même un récital plus jazz que jamais dans le fameux club de Londres, le Ronnie Scott. Puis du 17 au 28 septembre, Liane Foly démarre une grande tournée d'hiver sur la scène de Bobino à Paris, avant de sillonner le pays du 5 octobre au 21 décembre. Outre les titres de ses deux albums, Liane Foly ponctue son spectacle de nombreux standards, des "Feuilles mortes" à "Stormy weather".
1992 : duo avec Aznavour
En 1992, elle partage un duo avec Charles Aznavour pour la chanson principale de la version française du dessin animé de Walt Disney, "La Belle et la Bête". Cette prestation souligne réellement l'entrée de la chanteuse dans la cour des artistes français qui bénéficient d'une renommée hors des frontières de l'hexagone.
En mai 1993, sort un troisième album, "Les Petites Notes", toujours intégralement signé Foly/Manoukian/Viennet. La recette est la même : ambiances sensuelles, rythmes jazzy, voix chaude, caractéristiques dont le premier extrait, "Doucement" témoigne à merveille. Les onze titres de l'album sont interprétés par des musiciens de grand talent, souvent issus du jazz, dont Richard Galliano à l'accordéon ou André Ceccarelli à la batterie. Fort désireuse d'exporter son répertoire à l'étranger, et pourquoi pas aux Etats-Unis, Liane Foly enregistre son album en anglais, sous le titre "Sweet Mystery".
Cette année-là, la chanteuse fait ses premières armes au cinéma dans "Le Bonheur", un film réalisé par Pierre-Henry Salfaty.
L'année 1994 est consacrée à une longue tournée qui fait escale à l'Olympia de Paris au printemps. Toujours friande de reprises, elle interprète cette fois sur scène la version chantée de "Misty" du pianiste de jazz Errol Garner, version qu'elle chantera également une autre fois avec le pianiste Michel Petrucciani lors d'une émission de télévision. La deuxième grande reprise de l'Olympia est le titre "Heures hindoues" d'Etienne Daho.
Le 25 août 1994, Paris fête le cinquantenaire de sa libération, et à cette occasion, la ville organise un grand concert place de la Concorde auquel Liane Foly est conviée. Elle y partage l'affiche avec le compositeur Michel Legrand et la chanteuse américaine de jazz, Dee Dee Bridgewater.
1994 : "Lumières"
En décembre, sort son premier album enregistré en public, "Lumières", album indispensable dans la discographie d'une artiste pour qui la scène reste un lieu d'expression privilégié.
En 1995, Liane Foly offre son talent à trois initiatives humanitaires. On l'entend tout d'abord sur deux albums réalisés au profit de la lutte contre le sida à commencer par l'album de l'association Sol En Si (Solidarité Enfants Sida) et sur une compilation, "Entre sourire et larmes". Puis, elle participe au concert des Enfoirés, nom donné à l'ensemble des artistes qui chaque année donnent un spectacle pour l'association de l'humoriste Coluche (décédé en 1986), "les Restaurants du coeur", dont le but est d'approvisionner en repas les personnes défavorisées. Déjà en 1993, elle avait participé au concert des Enfoirés, qui cette année-là, était consacré à la comédie musicale de Michel Berger et Luc Plamondon, "Starmania".
L'année 96 est consacrée à quelques changements dans la vie de Liane Foly puisqu'elle se sépare de son compositeur et compagnon, Alain Manoukian, et par la même occasion de Philippe Viennet. Le deuxième changement est une opération esthétique qui donne à la jeune femme un nouveau nez.
1997 : "Caméléon"
Cette année-là, Liane Foly prépare un album, entourée de compositeurs et de musiciens américains. Quelques titres sont signés de son frère, Philippe, et d'un nouveau venu dans son environnement musical, Hervé Gourdikian. C'est un album plus rhythm'n'blues et plus funky que les premiers qui sort le 22 avril 1997 sous le nom de "Caméléon". Enregistré entre Los Angeles et Paris, ce disque se distingue également des autres par une participation beaucoup plus étroite de Liane Foly à toutes les étapes de la réalisation et de la production. Avec cet album, la chanteuse prend réellement le contrôle de son travail et de sa carrière. Toujours motivée pour séduire un public étranger, en particulier nord-américain, des versions espagnole et anglaise de l'album devraient sortir.
En novembre 97, après un passage au Zénith à Paris, Liane Foly entame une tournée française qui prend fin en janvier. Le son du spectacle est plus que jamais "américain", musclé et bien réglé. Mais le public français est déconcerté par la nouvelle direction que prend la carrière de la chanteuse et se rend en moins grand nombre aux concerts. Certaines dates sont annulées.
Histoire d'oublier l'accueil mitigé de "Caméléon", Liane Foly réenregistre en version dépouillée quatre titres de cet opus et quelques-uns de ses précédents succès. L'album s'intitule sobrement "Acoustique" et sort en février 99. Elle y reprend "Des heures hindoues" de Daho mais surtout "la Vie ne m'apprend rien" de Daniel Balavoine et "Il est mort le soleil" de Nicoletta. Elle rend aussi un bel hommage à la chanteuse disparue Barbara, "Dame brune".
Au début de l'année 2000, elle participe activement à la tournée des Enfoirés (Restos du coeur) avant de sortir un nouvel album original le 26 février, "Entre nous", plus personnel et plus direct que les précédents. Les morceaux sont signés ou co-signés dans leur grande majorité par Liane Foly. Quelques pointures sont venues apporter leur contribution, tel l'incontournable Gérard Presgurvic ("On a tous le droit"), Patrick Fiori ou Maxime Le Forestier ("Toujours autant besoin d’amour"). Dans cet opus, Liane Foly reprend aussi avec Robert Hossein, la "Chanson d'Hélène" du film de Claude Sautet "Les choses de la vie".
Après un passage à vide, Liane Foly renoue avec le succès, les plateaux télé et les ventes de disques qui étaient un peu retombées ces dernières années. L'album se place en troisième place du Top album début mars peu de temps après sa sortie.
À l'automne 2002, elle sort un Best of "Au fur et à mesure", qui rassemble les grands succès des quinze dernières années. Elle y inclut deux inédits "Vivre" écrit par Gérard Presgurvic et "A l'intérieur". En janvier 2003, elle participe une nouvelle fois à l'enregistrement à Lille du nouvel album des Restos du Coeur, "La Foire aux enfoirés".
2005 : "La Chanteuse de bal"
À l'automne 2004, Liane Foly sort un nouvel album original intitulé "La Chanteuse de bal". Entre variété et jazz, la chanteuse ne veut pas choisir. Elle assume fort bien son côté chanteuse populaire avec notamment le titre écrit par Jean-Jacques Goldman et qui donne le nom à l'album. Mais elle renoue aussi avec ses complices d'antan, André Manoukian et Philippe Viennet comme pour ce titre qui traite de l'homosexualité "La double vie".
Liane Foly a fait aussi appel à Alice Dona pour écrire la musique de "Déracinée", une chanson écrite par la chanteuse elle-même et arrangée par André Manoukian. Ce disque très personnel marque sans doute la volonté de prendre un nouveau départ même si ses choix artistiques, entre jazz et variété ne semblent pas définitivement arrêtés. Au mois de mars 2005, elle entame une tournée en France et se produit au Casino de Paris du 17 au 19 mai.
"La chanteuse de bal" est un relatif échec commercial, mais Liane Foly ne se démonte pas pour autant. Un an après, en 2005, elle fait paraître un double album live enregistré au Casino de Paris : "Une étoile dort", sur lequel figurent la plupart de ses succès. En 2006 et en 2007, la chanteuse s'essaye au petit et au grand écran : on la voit à la télé dans la série française très connue "Navarro" puis dans le film français "Je crois que je l'aime", de Pierre Jolivet, aux côtés de Sandrine Bonnaire et de Vincent Lindon. Liane Foly quitte à ce moment-là Londres où elle vivait depuis neuf ans, pour revenir s'installer en France.
Au mois de juin 2007, elle crée un spectacle original qu'elle baptise "La folle parenthèse". Un one-woman-show ponctué d'imitations et de chansons. Au total, l'artiste épouse 35 voix différentes dont celle de Sheila, Barbara, Sylvie Vartan, Dalida ou encore Véronique Sanson… Tout en se déguisant. Accompagnée de deux musiciens, elle donne une première représentation de cette "Folle parenthèse" le 7 juin 2007 au théâtre Marigny, à Paris. Vingt autres sont programmées au même endroit du 4 au 29 juin 2008, pour marquer les vingt ans de carrière de Liane Foly.
2008 : "Le goût du désir"
Entre-temps, le 7 avril 2008, elle sort un album : "Le goût du désir". Un douzième disque dont elle a confié la réalisation à Art Mengo et les paroles à Marc Estève, un tandem qui avait déjà œuvré pour Henri Salvador ou Enrico Macias. Orchestrations acoustiques, accents jazzy et voix de velours constituent la sève de ce disque bien ficelé et délicat.
Tout au long de l'année 2008, Liane Foly tourne partout en France, bizarrement pas pour présenter son dernier album mais pour "La Folle parenthèse" qui connaît un vif succès.
En 2011, elle poursuit l’expérience avec "La Folle part en cure", un spectacle humoristique construit autour d’imitations dont elle a le secret.
2016 : "Crooneuse"
Crooneuse, Liane Foly l’est et le restera. Elle continue de mettre son énergie et son talent au service des autres, soit pour les spectacles des Enfoirés auxquels elle reste fidèle, soit pour des participations à des albums comme celui d’Enrico Macias ou sur des projets caritatifs comme l'album "Libres de chanter" enregistré au profit de l'association Paroles de Femmes ou encore "Chanter pour celles" au profit du Samu social.
En 2016, accompagnée d’un big band, Liane Foly revient dans les bacs et sur scène avec l’album "Crooneuse". Ce neuvième disque, fait de reprises de standards d’interprètes masculins, est orchestré par Franck Eulry. On y retrouve des titres de Jean-Louis Aubert, Léo Ferré, Michel Jonasz ou encore Julien Clerc.
Elle se produit au Casino de Paris le 10 juin 2016, alors qu'elle a entamé une tournée française.
Août 2018