Michel Delpech
Si dans les années 70, Michel Delpech aligna tube sur tube, et s'inscrivit à jamais dans le club des plus gros vendeurs de disques en France, son parcours subit un violent ralentissement avec les années 80. A l'instar d'autres ex-stars de la chanson française des années 60 et 70, telles Sheila, Christophe ou Mireille Mathieu, Delpech se fait désormais plus rare.
Jean-Michel Delpech est né le 26 janvier 1946 dans la banlieue parisienne à Courbevoie. Issu d'un milieu aisé, il connaît une enfance tranquille. Son père dirige une petite entreprise.
Premiers pas
Adolescent, Michel est fan des grands chanteurs classiques à commencer par Luis Mariano. Puis ce sont les grands noms des années cinquante qui l'éblouissent, de Aznavour à Bécaud. Au lycée, il monte un petit orchestre avec des copains. Il est même repéré par un agent artistique lors d'un concert à l'école, mais les projets restent sans suite.
Michel enregistre pourtant en 63 un premier 45 tours "Anatole" qui sort chez Vogue. Il rencontre le compositeur Roland Vincent en 1964. Une collaboration musicale commence entre les deux hommes.
La même année, Michel Delpech participe à la comédie musicale "Copains-Clopants" qui connaît un certain écho et reste six mois à l'affiche avant de tourner à travers le pays. C'est une chanson tirée du spectacle qui va attirer l'œil du public sur lui. En effet, grâce à "Chez Laurette", Michel Delpech devient à partir de 65 un artiste populaire, et aujourd'hui encore cette chanson fait toujours partie de ses récitals. De plus, elle demeure indéniablement un des titres les plus fameux du répertoire français des années 60. Dans la foulée, sort "Inventaire 66" qui rencontre immédiatement l'adhésion du public. Delpech commence alors à chanter en solo et fait entre autres la première partie de Leny Escudero.
C'est sur "Copains-Clopants" que Delpech rencontre Chantal Simon qui devient son épouse en 1966. Mais cette année-là, il est la vedette américaine (la première partie) d'un pilier de la chanson française, Jacques Brel. Ce dernier fait alors ses célèbres adieux à l'Olympia à Paris.
Lancement
Le déclic survient en 1967 lorsque Michel Delpech est pris en main par Johnny Stark, fameux imprésario, connu pour avoir lancé la carrière de Mireille Mathieu. C'est justement en première partie de la jeune chanteuse d'Avignon que Delpech entame une longue tournée internationale qui le mène de l'URSS aux Etats-Unis.
En 68, Delpech obtient le Grand prix du Disque pour le titre "Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit", suivi du prix de l'Académie Charles-Cros. Il change également de maison de disques et signe sur le label Barclay.
Sa collaboration avec Roland Vincent continue de plus belle et les tubes s'enchaînent sans répit. En 69, il signe un bel hymne au festival rock de l'île de Wight, "Wight Is Wight". Puis l'année suivante, c'est aux Beatles qu'il rend hommage avec "Paul chantait yesterday". Enfin en 71, il signe un des plus gros succès de sa carrière, "Pour un flirt".
Père d'une petite Garance depuis 1969, Michel Delpech est en ce début des années 70, un homme et un artiste comblé. En 1970, il quitte Johnny Starck pour bénéficier d'une plus grande indépendance de choix artistique.
Trou noir
A partir de 1972, Michel Delpech cesse sa collaboration exclusive avec Roland Vincent. Désormais vedette à part entière, il monte pendant trois semaines sur la scène de l'Olympia en janvier 72. Il continue à aligner les succès dont les textes sont signés cette fois par divers auteurs qui dynamisent son répertoire : "les Divorcés" par Vincent et Jean-Michel Rivat (73), "Que Marianne était jolie" par Pierre Papadiamandis (73), "le Chasseur" par Jean-Michel Rivat et Michel Pelay (74), ou "Quand j'étais chanteur" à nouveau par Rivat et Vincent (75). Delpech continue quant à lui à écrire certains textes. En 75, il divorce de son épouse Chantal.
Il signe en 76 un énorme tube, "le Loir-et-Cher". Cependant, commence alors une longue période de morosité artistique et psychologique pour l'artiste. Il se tourne un temps vers le bouddhisme et finalement s'ancre dans la révélation de la foi catholique. En pleine période de doute, il écrit un ouvrage fortement inspiré de son expérience personnelle, "L'homme qui avait bâti sa vie sur le sable". Il fait quelques réapparitions comme en 83 avec un 45 tours, "Animaux, animaux". Toujours en 1983, il rencontre une artiste-peintre, Geneviève Garnier-Fabre, qu'il épouse deux ans plus tard. La même année, naît leur fils, Emmanuel.
1985 : "Loin d'ici"
C'est un homme tout neuf qui sort son premier album depuis des années en 1985, "Loin d'ici". Les textes sont essentiellement signés de ses compagnons de route, Jean-Michel Rivat et Michel Pelay. Mais on y trouve également les signatures de Pierre Grosz, Claude Engel ou du chanteur Louis Chédid. L'album ne rencontre pas le succès des tubes d'antan, mais le public n'a cependant pas oublié Delpech. En 1989, la compilation de ses plus grands succès se vend à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires pour atteindre le chiffre de 800.000 en quelques années.
Dans la foulée, Michel Delpech sort un album co-signé Didier Barbelivien, "J'étais un ange". Au début des années 90, il retrouve le complice de ses débuts, Roland Vincent. De ces retrouvailles, naît un album en 92, "les Voix du Brésil". Ce retour connaît un certain succès couronné par une série de concerts à l'Olympia du 2 au 11 octobre, premières retrouvailles avec la fameuse salle depuis 20 ans. Dans l'air du temps, l'album allie variété et world music.
Encore cinq ans
Après "Les Voix du Brésil", Delpech disparaît à nouveau quelques années du devant de la scène, pour mieux réapparaître en 97. Effectivement en mai, c'est un album éponyme qui sort. Michel Delpech a mûri. Il a cinquante ans et semble riche d'un recul tranquille face aux hauts et aux bas de sa vie personnelle et artistique.
Cet album est bien reçu de la critique et du public, sans doute grâce à une alliance réussie entre chanson traditionnelle et un son discrètement pop et branché. Et sa voix n'a pas bougé. Autour des fidèles Peyrat et Rivat, on trouve des noms nouveaux et inattendus, parmi lesquels les chanteurs Jean-Louis Murat ("Cartier-Bresson", "C'est à Paris") et Pascal Obispo ("Sans remord ni regret").
En septembre, Delpech est sur la scène du Casino de Paris pour six soirées. Puis, en novembre il reçoit le 24e Oscar de la chanson française décerné par l'Unac (Union National des Auteurs-Compositeurs).
Alors qu'il traverse une période silencieuse au niveau musical, Michel Delpech sort en mai 2000 un roman écrit avec son épouse Geneviève, "De cendres et de braises". Puis, après une tournée d'été à travers la France, on le retrouve en fin d'année à l'occasion de la sortie d'une compilation enrichie d'un inédit, "J'étais un ange". Plusieurs scènes sont prévues en décembre au cours d'une semaine où le chanteur s'offre trois salles différentes en l'espace de quelques jours. L'Olympia le 11, la Cigale le 14 décembre avec des amis en duos (Alain Chamfort, Louis Chédid, CharlElie Couture, Marc Lavoine,…) et le 16 au New Morning, salle dédiée au jazz et aux musiques du monde, avec aussi quelques invités de renom dont Claude Nougaro, le pianiste René Urtreger, l'accordéoniste Marc Berthoumieux, le comédien Pierre Richard et ses deux fils jazzmen. Cette opération permet de se rendre compte du talent de Delpech, un peu perdu de vue ces dernières années.
2004 : "Comme vous"
Fin 2004 sort l'album "Comme vous", le premier depuis sept ans, qui donne l'occasion à l'artiste de tenter un vrai retour sur le devant de la scène avec de nouvelles chansons. En reprenant le chemin des studios d'enregistrement, Michel Delpech a comme souvent fait appel à des auteurs réputés, parmi lesquels son complice de longue date Jean-Michel Rivat et Pierre Grillet (qui a signé des tubes pour Alain Bashung ou Caroline Loeb). Pour les musiques, il s'est adressé à Laurent Coulon dont les compositions, aux tonalités folk et country, apportent une fraîcheur bienvenue au répertoire du chanteur.
En février 2005, il donne trois concerts au Bataclan, à Paris, qui donnent lieu à la parution d'un CD et d'un DVD live, "Ce lundi-là au Bataclan". Puis il enchaîne avec une tournée française en septembre.
Fin 2006, paraît "Delpech Inventaires", une réédition de ses albums en coffret de 5 CDs, accompagnant la sortie d'un album de duos, "Michel Delpech &…". Il chante ses plus grands succès aux côtés d'artistes français de la jeune génération (Cali, Bénabar, Clarika) comme de la moins jeune (Alain Souchon, Francis Cabrel ou Michel Jonasz). Enregistrés sous la houlette du réalisateur Jean-Philippe Verdun, on retrouve des titres comme "Quand j'étais chanteur", "Chez Laurette", "Pour un flirt"… un parfum de nostalgie flotte légèrement mais sûrement.
C’est entouré de quelques-uns de ces artistes que Michel Delpech donne deux concerts au Grand Rex, à Paris, le 30 et le 31 mars 2007. Le deuxième soir est marqué par la présence de Ségolène Royal, alors candidate socialiste à la présidence de la République, à qui le chanteur dédie sa chanson "Que Marianne était jolie".
S’ensuit une tournée en France qui montre à Michel Delpech que son public est toujours là. En décembre, il subit une intervention chirurgicale suite à une péritonite aigüe qui le contraint à annuler des concerts. Il reprend sa tournée au début de l'année suivante.
2009 : "Sexa"
L’artiste planche ensuite sur un nouveau disque, qui paraît en juin 2009. Michel Delpech le baptise "Sexa", en référence à son âge (63 ans) mais aussi aux Sixties qui l’ont vu percer dans le monde de la chanson.
Amour, fraternité, paix, pardon… Les thèmes chers au sexagénaire sont toujours là, traités à la première personne du singulier sur un mode quasi autobiographique. Dirigé par Jean-Philippe Verdin, un arrangeur issu de l’électro, l’habillage de "Sexa" est moderne, élégant et multiple aussi : il comprend des titres aux guitares saturées, aux cuivres léchés ou à l’électro feutrée.
Michel Delpech débute une grande tournée française le 13 juillet 2009 qui se poursuit en 2010, avec un passage au Grand Rex à Paris le 9 mars.
Il se produit en 2011 avec la tournée "Âge tendre et têtes de bois". Il tient par ailleurs le premier rôle dans le film de Christophe Honoré "Les Bien aimés". L'année suivante, c'est dans un film de Grégory Magne et Stéphane Viard qu'on le voit sur grand écran.
Janvier 2016