Silvain Vanot

© R. Moufourny
Passeport artiste
1963
Normandie (France)
Pays:  France
Langue:  Français
Qualité:  Auteur / Chanteur / Compositeur
Genre musical:  Chanson

Silvain Vanot est un homme discret. Véritable "artisan d'art", il fut largement influencé par la musique anglo-saxonne, de Neil Young à Bob Dylan en passant par les Rolling Stones. Malgré tout, c'est en français qu'il cisèle ses textes. Voici un auteur-compositeur de grand talent qui se plaît parfois à travailler dans l'ombre.

Biographie: 

Né en 1963 en Normandie, Silvain Vanot est le fils d’une mère sculpteur et d’un père artiste peintre. Il passe son adolescence à Criquebeuf-sur-Seine dans la banlieue de Rouen. Dans des caves où il écoute les Rolling Stones et "Blonde on blonde" de Dylan, il monte des groupes de rock sans réel lendemain. L’un d’eux s’appelle les Clay Eaters et joue un punk-rock qui oscille entre Sex Pistols et Dogs. Les Dogs, un groupe de rock de Rouen dont Silvain croise certains des membres dans l’un des magasins de disques de la ville : Mélodies Massacre.

Après les Regrets et les Ennuis, Silvain laisse tomber la notion du groupe pour se concentrer sur sa classe de khâgne au lycée Victor-Duruy et son agrégation de lettres, mais malheureusement, il échoue à ce concours. Le jeune Vanot quitte alors définitivement le nid familial pour Paris où il devient professeur de lettres au cours Saint-John-Perse. Pas franchement passionné par ses élèves et la carrière d'enseignant, tâtant un peu du journalisme dans des revues spécialisées, Vanot continue de gratter sa guitare et envoie de nombreuses maquettes aux maisons de disques qui ne lui répondent guère.

1993 : "Corvéable à merci"

Un jour cependant, l’une de ses maquettes atterrie chez Jean-Louis Murat, alors en pleine gloire. Le chanteur auvergnat est séduit par la voix et les intonations de Vanot qui n’est pas sans rappeler celle de Neil Young ou de Lou Reed. Murat insiste auprès de sa maison de disques, Virgin, pour produire ce jeune artiste et en 1993, paraît le premier album de Silvain Vanot.

Il en ressort déjà quelques petites perles : "Corvéable à merci" ou "la Vie qu’on aime". Sur ce dernier titre, les paroles de Silvain Vanot laissent transparaître un être torturé par le sens de la vie, en proie à de terribles doutes existentiels : "Une sensation étrange / Une vision qui dérange / C’est une odeur trop forte / Comme une bête morte". On y retrouve également une adaptation d’un poème anonyme du XVe siècle, "En douleur et tristesse". On donne alors du Joachim Du Bellay, du Gérard Manset et du Neil Young à ce fin lettré qui sait admirablement jouer de la guitare pour mettre en image l’amour courtois et le désespoir profond. Mais certaines chansons aux textes plus sibyllins sont beaucoup plus prosaïques. Ainsi, avouera t-il plus tard que "le Jour se lève" aborde le sujet de la masturbation…

Son premier album se vend modestement à 8000 exemplaires, mais Vanot vient de prendre place presque à son insu dans une famille qui compte parmi ses membres la fine fleur d’une chanson rude et noire, celle de Dominique A et Miossec.

1995 : "Sur des arbres"

Après un concert au festival des Inrockuptibles et une tournée en première partie de Jean-Louis Murat (qu’il n’a pas manqué de remercier sur son premier opus "à ceux de la Croix-Morand sans qui…"), le deuxième album "Sur des arbres" paraît en 1995. La tendance Neil Young période "Crazy Horses" se confirme avec des guitares saturées et une voix idoine qu’il a travaillée avec un professeur de chant, Madame Charlot. "Le Soutien du Roy", "le Reste de mon âge" ou "Sur des arbres" sont autant de musiques qui expriment une énergie proportionnelle à l’écorché vif que semble être Silvain Vanot.

Sur ce deuxième album, il est entouré des mêmes musiciens qu’à ses débuts mais s’adjoint les services du guitariste Marc Ribot sur le titre "Rembrandt". Il reprend en français, avec Dominique A, un titre du glam rocker Marc Bolan "Seagull Woman" ou adapte un poème de Charles Cros "Bonne fortune".

Plus élaboré que son premier opus, "Sur des arbres" montre l’évolution d’un artiste qui enrichit sa palette vocale et musicale dans un dépouillement qui est la marque de fabrique d’un certain rock français de l’époque. "J’ai voulu me diriger vers plus de diversité, de légèreté aussi. Proposer quelque chose de plus enjoué, de plus ensoleillé" explique-t-il. S’ensuit une nouvelle tournée, cette fois en tête d’affiche. Si les ventes restent encore modestes (10 000 albums vendus) la notoriété du chanteur, elle, va croissant. Le concert au Printemps de Bourges en 1996 est pour lui une révélation. Programmé avec Miossec et Dominique A, le public fait un triomphe aux trois chanteurs à part égale.

Dans la foulée, il participe en 1997 à l’enregistrement d’une chanson "Chanson/Refrain" sur le disque "Comme un seul homme" en faveur du don d’organes. On y retrouve également Daniel Darc, Clarika, Autour de Lucie ou Mathieu Boogaerts.

1997 : "éGérie"

Le nouvel album de Silvain Vanot est enregistré aux États-Unis à Nashville avec Robb Earls, sonorisateur du groupe country américain Lambchop dont Silvain apprécie les dérapages sonores. Les prises de son ont lieu dans le studio Quad où Neil Young a enregistré "Harvest" quelque vingt ans auparavant. C’est incontestablement l’album de la consécration artistique pour Vanot qui laisse ici éclater avec son nouveau groupe, toute l’ampleur de son savoir musical et de sa richesse verbale. Américain pour les musiques, français pour les paroles (il les enregistre toutes en France) "éGérie" est incontestablement son album le plus abouti. Un G majuscule en hommage à la personne qui l’accompagne depuis des années de création et de gestation parfois pénibles, sans jamais se plaindre, explique le chanteur.

De son propre aveu, il abandonne sa "rigidité toute naturelle" et varie les genres, du rock expéditif sec comme un coup de trique. "C’est dans ma tête" a des airs plus doux et oniriques comme "Il bouge aussi". Des sitars indiens dignes de Tom Petty ou du T Rex apparaissent sur "l’Hirondelle". "Mary, ville morte" est un hymne à une ville-femme qui se dérobe à ceux qui la convoitent ("Mary pourrit ceux qui la touchent / Leur laissent un drôle de goût en bouche"). Toutes ces chansons vont devenir autant d’hymnes rassembleurs pour ceux qui apprécient ce chanteur poète qui a "envie de rester en retrait et de se donner une langue qu’on n'entend pas à la télévision".

Le "personnel" de l’album lui a pas mal varié. Après "Sur des arbres", le batteur Philippe Sirop est parti monter un groupe folk-rock, L’attirail, tandis que le nouveau guitariste d’"éGérie" Dominique Depret pense déjà à monter le sien : Holden.

1999 : "(En attendant) Tout brille"

Nouvel album, nouvelle tournée… Vanot songe déjà à son prochain enregistrement. Celui-ci est en fait une sorte de session acoustique de ses anciens titres. Paru en 1999, "(En attendant) Tout brille " révèle - comme souvent lorsqu’il s’agit de prises de son acoustiques - la qualité du verbe et de la note de Silvain Vanot. Si "éGérie" en impose musicalement, "Tout brille" dispose d’auditeurs forcément attentifs à la simplicité des accords et à la douceur de la voix.

On y retrouve des airs qui sont devenus des classiques du chanteur : "éGérie", "la Norme", "Petit bois", "la Vie qu’on aime", "Corvéable à merci", mais aussi certains inédits comme "Un air à deux voix", "Tout brille" ou le venimeux "Vipère". Enfin, Silvain Vanot se fend de deux reprises : des airs venus d’Afrique "la Bêtise humaine" de Gustave Gbenou et de Grèce, "Yannis".

Entre juillet et novembre 2001, le chanteur enregistre à Paris son nouvel opus. Il s'adjoint les talents de Jacques Ehrart, heureux producteur de Salvador notamment ("Chambre avec vue"). Le premier titre qui donne son nom à l'album (publié en février 2002) s'intitule "Il fait soleil", reprise d'une chanson de Jean-Roger Caussimon. Son inspiration le mène aussi vers des sonorités plus "chaudes" : accompagné par l'accordéon du Malgache Régis Gizavo, il redonne vie à "Rame le canot" morceau écrit par le Réunionnais Alain Peters. Les tempos lents qui constituent sa marque de fabrique restent très présents sur l'ensemble des titres de cet opus que la critique encense dès sa parution. Cet "artisan d'art" comme le nomment certains, est reconnu alors comme un grand auteur-compositeur. De sa formation littéraire ressort un certain goût pour l'écriture qui le mène aussi à écrire la biographie de Bob Dylan (Ed. Librio 2001).

Quelque peu lassé par l'enchainement systématique des sorties de disque et des concerts, Silvain Vanot décroche quelque temps de la vie d'artiste. Il rend son contrat à sa maison de disque et se consacre à l'écriture de musiques de film, de documentaire. Il accompagne aussi quelques artistes comme Mareva Galenter ou Sport Murphy.  

2009 : "Bethesda"

Petit à petit, Silvain Vanot se remet à écrire pour lui-même. C'est ainsi qu'en septembre 2009, sort l'album "Bethesda" sur un label indépendant. Les chansons sont enregistrées en live dans un studio du Pays de Galles. La musique est délicate et l'ambiance apaisée. Pour l'enregistrement, il s'est entouré de musiciens anglais de renom comme John Greaves et Iain Templeton. Les textes quant à eux, sont autant de ballades empruntes d'une grande poésie, servis par la voix légère, presque fragile du chanteur.

Octobre 2009

Discographie
ITHAQUE
ITHAQUE
Album - 2016 - 03h50
BETHESDA
Album - 2009 - Megaphone music
IL FAIT SOLEIL
Album - 2002 - Labels
(EN ATTENDANT) TOUT BRILLE
Album - 1999 - Labels
ÉGÉRIE
Album - 1997 - Labels
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