William Sheller
William Sheller est un des rares chanteurs français à avoir construit son répertoire sur la base d'une exceptionnelle formation classique. L'harmonie, le solfège et le contrepoint n'ont aucun secret pour lui et écrire pour un orchestre symphonique est tout à fait dans ses cordes. Le tout pimenté, selon l'humeur, de rock'n'roll ou de science fiction donne une œuvre à la fois populaire, intime et sophistiquée.
Après la Deuxième Guerre mondiale, un soldat américain, Jack Hand, choisit de rester à Paris par amour pour une jeune Française, Paulette Desboeuf. William, leur fils unique, naît le 9 juillet 1946. Jack Hand est un musicien de jazz amateur mais éclairé. Contrebassiste, il fréquente alors la crème des nombreux jazzmen américains installés dans le Paris de l'après-guerre particulièrement actif sur le plan artistique. Alors que l'Amérique reste indifférente au jazz pour des raisons souvent liées au racisme, la France est une terre d'exil et d'accueil pour beaucoup de ces musiciens. En 1949, la mère de William convainc son époux de retourner vivre aux États-Unis quelques années. C'est ainsi que toute la famille se retrouve à Cleveland, dans l'Ohio, jusqu'en 1953.
Lorsqu'ils se réinstallent à Paris, William fréquente beaucoup ses grands-parents maternels qui travaillent tous les deux dans le milieu du théâtre. Sa grand-mère est ouvreuse au Théâtre des Champs-Élysées, haut lieu de la musique classique dans la capitale, et son grand-père, Jean, compagnon charpentier, est décorateur et chef de plateau à l'Opéra de Paris. Le jeune William découvre donc ces années-là, les coulisses des plus beaux spectacles, les costumes, les décors et surtout la musique, les orchestres, les instruments, les grandes interprétations du répertoire classique. C'est une révélation pour l'enfant qui en 1956, à 10 ans, se met au piano.
Du classique au rock
Plutôt doué, William devient l'élève d'Yves Margat, lui-même ancien élève du compositeur Gabriel Fauré, un des plus fameux musiciens français contemporains. Très vite, l'adolescent est séduit par la composition plus que par le seul travail d'interprétation. Il travaille énormément et accompagne même son professeur durant les vacances scolaires pour continuer ses cours de piano. À 16 ans, ses parents l'encouragent à se lancer dans une formation musicale à plein temps. William quitte alors l'école pour le conservatoire.
Mais au début des années 1960, le paysage musical en France se fait l'écho de plus en plus retentissant de ce qui se passe outre-Manche et outre-Atlantique. Les oreilles de William n'y sont pas indifférentes, bien au contraire. Les accords des Beatles recouvrent bien vite les harmonies de Mozart dans la tête du jeune homme. Et de fil en aiguille, sa vocation classique fait place à des préoccupations nettement plus rock'n'roll. Nous sommes vers 1965 et au grand désespoir de ses professeurs, William abandonne petit à petit ses cours.
Son premier essai dans le rock se fait en 1966 au sein d'un groupe niçois, les Worst, traduction anglaise des Pires... Puis, il entame une tournée des bases américaines encore en place en France avec une chanteuse du nom de Luce. Leur répertoire est très anglo-saxon.
Mais c'est d'abord en tant que compositeur que William, qui devient à cette époque William Sheller, se fait un nom. Sa précieuse formation classique fait vite de lui un compositeur recherché, et en particulier pour l'écriture de parties orchestrales, partitions de cuivres ou de cordes, très en vogue à cette époque. En 1968, il rencontre un groupe d'Américains dont les parents travaillent en France. Ils ont formé un groupe, les Irrésistibles, et cherchent des chansons. William leur présente le titre "My Year Is A Day". Premier enregistrement d'une de ses compositions, premier succès.
De la musique au texte
Dans la foulée, le label CBS lui propose d'enregistrer un 45 tours. C'est "Couleurs" sur un texte de Gérard Manset, avec "les Quatre saisons" en face B. Mais Sheller ne s'intéresse pas trop à la chanson. Ce qui le passionne toujours et encore, c'est la composition d'œuvres musicales à part entière. Il se fait la main avec quelques musiques de film dont celle d'"Erotissimo" en 1969. La même année, il sort un second 45 tours, "Adieu Kathy". Enfin, avec Manset, il écrit un titre pour Dalida, "Je me repose".
En 1970, à l'occasion du mariage d'une amie, William Sheller écrit une messe psychédélique pour orchestre rock et chœur qu'il nomme "Lux Aeterna". Cette œuvre sort sur disque en 1972 et est ainsi le tout premier album de Sheller. Mais c'est un album instrumental, la chanson n'étant toujours pas son but.
En 1973, c'est la grande Barbara qui commande des orchestrations à William Sheller pour l'album "la Louve". Sheller lui écrit donc une partition pour le titre "Marienbad". Une relation amicale s'installe entre les deux artistes et Barbara pousse William Sheller vers la chanson, l'encourage à écrire des textes et à les interpréter. Cette idée fait son chemin dans la tête du chanteur qui dans les mois qui suivent présente une maquette à son label Philips. Écrit en "yaourt", c'est-à-dire dans un français teinté d'un anglais volontairement approximatif, le titre se nomme "Rock'n'Roll dollars". Dès sa sortie en 1975, "Rock'n'Roll dollars" fait un carton. Du jour au lendemain, avec son texte "Donnez-moi madame, s'il vous plaît, du ketchup pour mon hamburger", William Sheller est catalogué chanteur commercial. Le public ne se doute pas encore de son réel talent de mélodiste et de compositeur. Pourtant un autre titre de l'album, "Photos souvenirs", plus ambitieux et plus proche de ce que Sheller fera après, connaît aussi un certain succès.
Le succès de cet album marque pour William Sheller une entrée en fanfare dans le show business. Durant les mois qui suivent, l'album s'écoule à 500 000 exemplaires. Sheller est partout, en télé, en radio, et la maison de disques organise d'interminables tournées promotionnelles.
1976 : "Dans un vieux rock'n'roll"
C'est à partir de titres anciennement écrits que Sheller compose un second album en 1976. Les précédents mois ont été beaucoup trop bousculés pour que le chanteur ait le temps d'écrire quoi que ce soit. L'album "Dans un vieux rock'n'roll" s'inscrit donc dans la continuité du premier, mais la veine s'affine. Outre la chanson-titre qui marche très bien en radio, le titre qui sort du lot est incontestablement "le Carnet à spirale", superbe morceau poétique et nostalgique.
Après deux albums (de chansons), Sheller prend aux yeux de tous le chemin d'une écriture différente, plus complexe et plus riche que la variété courante. Ses racines musicales classiques y sont pour beaucoup. De plus, lui qui ne voulait se consacrer qu'à la composition pure, se prend au jeu du texte et des mots. Ses maîtres en la matière sont Serge Gainsbourg et Charles Trenet, deux poètes à la plume certes fort différente, mais tous deux essentiels dans le riche patrimoine de la chanson française.
Avec l'album suivant, "Symphoman" en 1977, Sheller se laisse aller à des textes plus personnels. Il quitte un peu la sphère commerciale et s'appuie sur son crédit auprès du public et dans le métier pour enfin marquer son style. Peu de gros succès cependant dans cet album. Citons cependant le morceau "Catherine" dédié à son amie la chanteuse Catherine Lara, célèbre pour son talent de violoniste. Celle-ci l'accompagne d'ailleurs sur le titre.
Sheller en scène
À la fin des années 1970, Sheller est désormais une vedette à part entière et son talent de compositeur est largement reconnu par la profession. En 1978, il écrit un ballet pour le Paradis Latin, célèbre cabaret parisien dans le style plumes et paillettes. Mais surtout, il se remet à la composition orchestrale et classique sous la forme d'un concerto du nom de "le Violonaire français" dédié encore à Catherine Lara. En 1979, c'est la musique de film qu'il retrouve avec "Retour en force" de Jean-Marie Poiré.
William Sheller attaque les années 1980 avec un nouvel album célébré par la critique, "Nicolas". Outre la chanson-titre, deux chansons sortent du lot, "Oh ! J'cours tout seul" et "Fier et fou de vous". Souvent autobiographiques ou fortement inspirées par ses angoisses personnelles, une certaine tristesse transparaît derrière la gaieté générale de ses disques. De plus, les chansons de Sheller font de plus en plus place à des orchestrations spectaculaires et les plages instrumentales commencent à se multiplier au fil de sa discographie.
Après cinq ans de métier (en tant que vedette) et quatre albums (en tant que chanteur), Sheller monte pour la première fois sur une grande scène parisienne en 1981. Cette expérience, qui démarre le 4 mai à Bobino, marque le début d'une grande histoire entre Sheller et la scène puisque désormais, il n'y aura pas une année où il ne fera pas de concert.
Cette première série de concerts s'accompagne d'un album dont le titre reflète l'état de Sheller à l'époque, "J'suis pas bien". Le succès du titre "Une chanson triste et sentimentale" confirme une certaine morosité de l'artiste à ce moment-là.
Le 20 octobre, c'est aux côtés de Catherine Lara que Sheller donne un concert au Palace, célèbre club parisien, pour les vingt ans d'Amnesty International.
Sheller sur scène (bis)
Le moral va mieux en 1982 et du 26 avril au 2 mai, William Sheller monte sur la scène de l'Olympia, prestigieuse scène parisienne s'il en est. Un double album en est tiré avec quelques inédits comme "Rosanna Banana" qui reflète le dynamisme de cette série de concerts. Sheller s'épanouit totalement sur scène et trouve un espace de création beaucoup plus large que le studio. De plus, le public répond présent et représente une vraie motivation pour le musicien.
La même année, le label de William Sheller, Philips, lui fait sortir un album de six titres, "Simplement". Fantaisie commerciale qui renferme cependant trois excellents titres, "Maman est folle", "les Filles de l'aurore" et "Mon dieu que j'l'aime".
Mais Sheller prend goût à la scène. En janvier 1983, il donne une série de quatre récitals seul à son piano au Théâtre 140 de Bruxelles en Belgique. Sa première expérience du genre avait eu lieu en 1981 alors que les instruments de son groupe étaient restés bloqués à la frontière belge. Sheller avait donc assuré en solo pour son plus grand plaisir et pour celui du public. Cette formule tout en sobriété, et qui rappelle les récitals classiques, ne peut donc que séduire le musicien.
En avril, il est invité du festival de Bourges et le 14 juin, il partage l'affiche de l'Olympia avec Jean-Jacques Goldman et la chanteuse Buzy.
Quatuor
Retour au Théâtre 140 de Bruxelles du 2 au 5 février 1984 pour une nouvelle série de récitals seul au piano. Mais cette année-là, Sheller démarre l'expérience du Quatuor Halvenhalf. Ce quatuor belge (deux violons, un alto et un violoncelle) va accompagner le chanteur lors d'une longue série de concerts et lui permettre, non seulement de réorchestrer certaines de ses chansons, mais surtout, de créer certaines œuvres orchestrales qu'il a en tête. Ensemble, ils sont sur la scène de l'Olympia du 11 au 16 septembre 1984, concerts dont est tiré l'album "Olympia 84". En outre, ils enregistrent la même année un album entièrement instrumental, "Quatuors".
Sheller se lance de plus en plus dans la création d'œuvres orchestrales, sa vraie passion depuis toujours. En 1985, il est même invité du prestigieux festival classique de Montpellier dans le sud de la France pour la création de "Suite française pour piano, voix et orchestre" par l'Orchestre National du Languedoc-Roussillon.
À l'automne, William Sheller est en tournée à travers la France, tournée qui se prolongera en 1986.
En 1986, entre deux concerts, Sheller produit quelques jeunes artistes dont Didier Odieu (qui avait fait sa première partie à l'Olympia en 1984) et Alain Lanty.
1987 : "Univers"
En 1987, William Sheller sort un nouvel album, "Univers", qui cette fois, se veut définitivement très orchestral. On trouve beaucoup de lyrisme et d'imagination dans cette œuvre mi-classique, mi-variétés qui puise son inspiration entre la bande dessinée et la science-fiction. Le titre "le Nouveau monde", avec sa longue intro instrumentale, remporte tous les suffrages du public. Citons également le titre "Guernesey" qui évoque l'exil de Victor Hugo sur l'île anglo-normande. Le texte de ce titre est signé Bernard Lavilliers.
L'album se vend à plus de 100 000 exemplaires et devient disque d'Or. Dans la foulée de ce succès, Sheller fait la clôture du 11e festival de Bourges en avril et du 18 au 24 novembre, il monte sur la scène du Grand Rex à Paris. Le décor est signé par Philippe Druillet, dessinateur de bandes dessinées dont l'imaginaire délirant et sans limites, plaît énormément à William Sheller.
Au printemps 1988, c'est au Japon que William Sheller donne trois concerts accompagné d'un orchestre symphonique nippon.
Avec l'album "Ailleurs" en 1989, William Sheller laisse son imagination vaguer encore plus loin. Forme de suite à "Univers", "Ailleurs" est un voyage onirique. Dans le clip du titre "Excalibur" mis en scène par Philippe Druillet, on découvre un William Sheller grimé en une sorte d'Eric Von Stroheim de bandes dessinées. On est très loin de "Rock'n'roll dollars"...
En 1989, Sheller monte aussi "Quasimodo", une comédie musicale librement inspirée du roman de Victor Hugo "Notre-Dame de Paris". Le rôle d'Esmeralda est interprété par Nicoletta. Le spectacle rencontre un certain succès et attire jusqu'à 200 000 spectateurs.
Solo
Du 2 au 6 mai 1990, William Sheller atteint des sommets dans la réalisation de ses rêves symphoniques avec son spectacle au Palais des Congrès à Paris. En effet, pour la création de son "Concerto pour Violoncelle", il est entouré d'un orchestre de 70 musiciens ! Cet événement marque d'une certaine façon le point culminant de toutes ces années pendant lesquelles le musicien a exploré l'orchestration du quatuor à l'orchestre symphonique. C'est sans doute pour cette raison que Sheller reprend alors la direction musicale la plus sobre qui soit : le concert en solo.
Le 3 décembre, c'est tout seul que William Sheller se présente face à son public sur la scène de l'Olympia. Son talent de pianiste et la richesse de son répertoire se prêtent tellement bien à cette formule qu'en 1991, Sheller décide d'enregistrer un album solo en studio mais avec un public.
Dès sa sortie le 6 mai 1991, l'album "Sheller en solitaire" rencontre un étonnant succès et s'écoule à 200 000 exemplaires en quelques mois (il atteindra le chiffre de 800 000 exemplaires vendus). Parmi les 15 titres du disque, c'est le seul inédit, "un Homme heureux" qui remporte tous les suffrages. Sans aucun doute, 1991 est l'année Sheller. Il retrouve l'Olympia, puis le Casino de Paris (du 11 au 13 décembre), puis repart en tournée seul avec son instrument. L'album obtient l'Oscar de la Chanson française remis par l'UNAC (Union Nationale des Auteurs Compositeurs). Mais surtout, il est récompensé par deux Victoires de la musique en février 1992 pour le Meilleur album et la Meilleure chanson.
Classique et/ou Hard Rock
Après cette parenthèse solitaire, William Sheller retrouve le travail d'équipe. En 1992, il écrit une "Symphonie pour un jeune orchestre" interprétée par un ensemble de 70 musiciens. Puis il donne un concert avec l'Orchestre National de Lille dirigé par Jean-Claude Casadessus. Son appétit d'écriture semble sans limites et le 24 janvier 1993, est créé à la salle Pleyel à Paris le "Concerto pour trompette" interprété par l'Orchestre des Concerts Lamoureux.
Fin 1993, sort "Carnet de notes", une intégrale Sheller en quatre CDs dont un entièrement instrumental.
À l'automne, William Sheller s'installe dans les superbes studios de Ridge Farm en Angleterre le temps d'enregistrer un nouvel album, le premier album original depuis 1989. Entièrement conçu avec une équipe anglo-saxonne et produit par Mark Wallis, l'album "Albion" sort le 25 janvier 1994. C'est une surprise pour le public qui découvre cette fois un Sheller volcanique à la limite du hard rock. Après toutes ces années acoustiques et semi-classiques, "Albion" marque une nouvelle étape très électrique et très rock.
En février, Sheller obtient une nouvelle Victoire de la musique, mais cette fois pour la musique du film "l'Ecrivain public" de Jean-François Amiguet. Puis du 18 au 30 octobre, il monte sur la scène de l'Olympia avant d'entamer une longue tournée à travers la France.
Expériences et enseignements
En 1995, sort "Olympiade", le double album live tiré des concerts de l'Olympia l'année précédente. En outre, cette année-là, on retrouve la signature de William Sheller sur l'album de son amie Nicoletta, "J'attends j'apprends".
Dans la lignée du stage de formation musicale qu'il avait mené en 1991 avec une classe de jeunes artistes, William Sheller s'adresse en février 1996 à des enfants pour une série de classes musicales centrées sur la chanson. Cette expérience de l'enseignement séduit beaucoup le musicien. Pour cette raison, il intègre un comité pédagogique qui réunit des membres des ministères concernés (Culture et Education) et des musiciens afin de définir les programmes de ces stages.
Sheller remonte sur la scène de la salle Pleyel début 1997 pour la création d'un nouveau concerto. Désormais, cet homme tranquille s'adonne pleinement à la composition. Récent adepte de la création sur ordinateur, il travaille également des mélodies. C'est entre autres la cantatrice française Françoise Pollet qui en créée quelques-unes le 4 octobre à Pleyel accompagnée par l'Orchestre de Concerts Lamoureux.
En 1998, Sheller célèbre ses 25 ans de carrière par une compilation nommée "Tu devrais chanter", titre symbolique en hommage à Barbara qui l'encouragea à interpréter ses propres titres. Deux titres inédits préfigurent son grand retour discographique deux ans plus tard. Il donne un concert unique à l'Olympia le 28 décembre.
2000 : "les Machines absurdes"
Le 18 janvier 2000, sort un nouvel album, "les Machines absurdes", six ans après "Albion". Très attendu par la presse et par le public, cet album donne lieu à des critiques dithyrambiques. Tout le monde s'accorde pour célébrer la beauté des mélodies, des harmonies et des textes. William Sheller a mis des mois à mettre au poing ces dix nouveaux titres. Le résultat est à la hauteur de l'attente. Musique électronique ("Athis"), sonorités celtiques ("Moondown"), senteurs hindoues ("Indies"), tout l'album explore mille et une routes, le tout habillé d'une multitude de cordes, éternelle signature de l'artiste. Ses musiciens, tous Belges, sont à peu près les mêmes que sur la tournée précédente.
Très enthousiaste, le chanteur entame son nouveau tour de France le 29 janvier par une soirée à Clamart en banlieue parisienne. Il se déroule avec succès face à un public subjugué par l'accord parfait entre l'ensemble classique (cordes, vent) et de la rythmique (guitares, basse, batterie). Après un passage à l'Olympia fin février au cours duquel le président d'Universal France, Pascal Nègre, remet un Disque d'or à William Sheller, la tournée de printemps se termine le 12 avril avant de se prolonger au cours des festivals d'été : Jazz à Nice, Paléo Festival de Nyon en Suisse, Nuits de Fourvière à Lyon, souvent en plein air, sous le soleil ou sous la pluie, William Sheller remporte un vif triomphe à chacun de ses concerts, séduisant le public par sa décontraction, mais surtout par la beauté d'un spectacle enrichi, cet été-là, d'une version époustouflante de "Excalibur", extrait de l'album "Albion".
Début novembre, le chanteur et son orchestre repartent sur les routes pour une tournée d'une quinzaine de dates dont une exceptionnelle à Paris au Théâtre des Champs-Élysées, le 11, où, dans un spectacle de près de 4 heures, il interprète une majeure partie de son répertoire. La tournée continue une large partie de l'année 2001 pour prendre fin le 22 décembre à Metz.
En avril 2002, William Shellers'envole à la Réunion pour donner deux concerts les 16 et 19. Puis il prolonge épisodiquement sa tournée solo en août à la Baule et à Deauville, puis à l'automne, à Brivele 10 novembre ou Aix-les-Bains le 18 décembre.
En 2003, l'artiste renoue avec la musique dite classique en signant les compositions d'un nouvel enregistrement intitulé "Quatuor William Sheller". Ces douze oeuvres sont interprétées par le Quatuor Parisii, formation née en 1981, de l'initiative de quatre anciens étudiants du Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
Depuis, il continue avec acharnement, à écumer les différentes salles de concert de France et de Navarre.
Piano Voix
En 2004, William Sheller crée une symphonie en trois mouvements à la demande du Festival de Musique classique de Sully-sur-Loire. Elle est d'ailleurs jouée à cette occasion en juin de cette même année.
Parallèlement à cela, il entreprend de travailler sur un nouvel album de "variété". Dans sa maison de Sologne qu'il habite depuis trois ans, le musicien travaille dans son home studio sur de nouvelles chansons. En novembre, sort "Epures" (qui veut dire "grand trait d'une oeuvre" en langage pictural). Centré sur le piano et la voix, cet album propose une musique ample et des textes finement ciselés. Huit chansons, dont une reprise de "Machines absurdes" et trois instrumentaux, dont se dégage une impression familière. Comme si l'on retrouvait le William Sheller de "Un homme heureux".
Fin 2004, William Sheller part pour une grande tournée, accompagné d'un orchestre de 18 musiciens. Elle se poursuit jusqu'en avril 2005. Du 1er au 12 février, il se produit à Paris, aux Folies Bergères, où il est applaudi par un public qui attendait depuis longtemps son retour sur scène. Après cette tournée particulière, Sheller attaque une nouvelle tournée, plus intimiste, accompagné du quatuor de Nicolas Stevens, violoniste habitué à accompagner Craig Armstrong ou Louis Chédid. Une série de concerts qui comprend une pause pour un récital au Théâtre des Champs-Élysées le 14 novembre 2005, pour célébrer ses 30 ans de carrière.
Cette tournée permet de retrouver, en live, les plus grands titres de l'artiste, compris dans "Chemins de traverse", l'intégrale de 30 ans de chansons en 16 CDs, sortie le 31 octobre 2005. Le même jour paraît le DVD "William Sheller : 30 ans de chanson... Parade au Cirque Royal", enregistré en mars 2005 au Cirque Royal de Bruxelles, un concert exceptionnel qu'on retrouve sur le CD du même nom.
En 2006, Sheller se consacre à l'enregistrement d'œuvres pour orchestre, avec l'orchestre Ostinato, sous la direction de Jean-Luc Tingaud. Il travaille notamment sur des symphonies de Lully. Le 29 juillet 2006, dans le cadre des concerts organisés par les Fous Chantants, une chorale composée de 1000 personnes, dirigée par quatre chefs, reprend ses plus grands titres pour un spectacle à l'émotion palpable, auquel il participe le temps de quelques titres. Une étape sur la route de l'auteur-compositeur qui continue, en 2006, de se balader sur les routes de France pour présenter ses toujours profondes compositions. Il s’arrête le 25 janvier au Théâtre du Châtelet à Paris, pour présenter sa "Symphonie Sully".
2008 : "Avatars"
En octobre 2007, sort "William Sheller et le quatuor Stevens live", enregistrement de deux concerts avec piano et quatuor à cordes donnés à Lannion, en Bretagne, en décembre 2005. Il faut attendre l’automne 2008 pour voir dans les bacs un nouvel album de chansons originales de l’artiste.
"Avatars" paraît le 27 octobre, illustré par une photo trafiquée du chanteur qui le fait ressembler à un chien. Cet album s’inspire largement des mondes virtuels comme MySpace, Second life ou les sites de rencontre, que William Sheller a observé comme un ethnologue avant d’en tirer des chansons. Celles-ci se déclinent sur une pop raffinée tissée de piano, de cordes et de cuivres. Le premier simple s’intitule "Tout ira bien".
William Sheller se produit régulièrement sur scène. On le retrouve entre autres, pour 7 dates à Paris du 29 novembre au 10 décembre 2010 dans plusieurs salles de la capitale. Le rythme infernal des concerts le mène au burn-out en 2014. On lui diagnostique une arythmie cardiaque, sans doute due à ses excès passés, accompagnée d'un œdème pulmonaire. Il se réfugie ensuite à la campagne, dans le Loiret.
2015 : "Stylus"
En décembre 2015, après sept années d’absence discographique, William Sheller revient avec "Stylus", un album intimiste de dix titres, trente-trois minutes au total, sur lequel l’artiste et son piano sont accompagnés d’un quatuor à cordes. Ce dernier album, le douzième, est salué à l’unanimité par la critique, alternant entre la pop britannique et les mélodies plus classiques. On y (re)découvre aussi le titre "Comme je m’ennuie de toi", paru en 1975 sur son premier disque.
Il reçoit une Victoire d'honneur en février 2016 lors de la 21e cérémonie des Victoires, un trophée qui vient couronner une belle carrière d'une quarantaine d'années. Il est fortement ému par l'hommage rendu par trois générations de femmes : Louane, Jeanne Cherhal et Véronique Sanson. En avril, le timide et pudique artiste se produit aux Folies Bergère à Paris. Sort à cette occasion sa première intégrale, un coffret intitulé "Préférences" qui, comme il le dit lui-même, ne lui plaît pas, car le choix des morceaux s'est fait sans lui. De toute façon, la raison d’être de William Sheller, c’est la scène et le public. Malheureusement, à cause de ses problèmes de santé persistants, il ne peut se produire en concert autant qu’il le voudrait.
Le 10 décembre 2016, on le retrouve tout de même sur la scène de la salle Pleyel à Paris pour le dernier concert de la tournée, accompagné par un quatuor à cordes.
Il dit renoncer à la chanson et préfère s'intéresser à la composition de symphonie. Il se met aussi à l'écriture dans sa maison du Loiret, pour raconter son parcours et sa vie. En décembre 2020, sort une autobiographie intitulée sobrement "William" (éditions des Équateurs), véritable travail d'introspection.
Il évoque son père biologique, américain, dont il apprend l'identité à l'âge de 51 ans, quelques jours avant la mort de sa mère. Il parle de ses enfants (Johanna née en 1971 et Siegfried né en 1972) et se remémore sa propre enfance. Il écrit sur sa vie intime et amoureuse ainsi que sur ses amis du métier, dont Véronique Sanson. Il avoue ne plus jouer de piano depuis 2016. Avec cette autobiographie, William Sheller semble vouloir faire un bilan de sa vie, pour en profiter plus sereinement à l'avenir.
Mars 2021