Elida Almeida

Dans la maison de ses grands-parents, la radio diffuse des musiques de tout l’archipel et l’ouvre aux sonorités du monde. Le dimanche, la petite Elida chante à l’église et découvre petit à petit sa voix. Adolescente, déjà mère, elle réussit ses études avec brio. Ses premiers textes racontent la condition des jeunes filles au Cap-Vert et la difficulté d’un quotidien alourdi par de trop nombreuses responsabilités.

 

Guitariste à ses heures perdues, elle se raconte des histoires et invente des chansons. Après le décès prématuré de son père, Elida Almeida s’installe avec sa mère sur la petite île de Maio, à quelques minutes de bateau de Praia. Tout en aidant sa mère à subvenir aux besoins de la famille, elle travaille dans une radio locale.

 

À 17 ans, elle compose son premier succès, "Nta Konsigui", ("Je réussirai") qui lui permet de gagner un concours à Maio, en 2012. L’enthousiasme suscité par cette chanson, très demandée par le public, l’incite à venir tenter sa chance à Praia.

 

Repérée dans un cabaret de la capitale de l’archipel par José da Silva, le producteur du label Lusafrica en avril 2014, elle enregistre "Ora Doci, Ora Margos", ("Heures douces, heures sombres"), un album de compositions originales. "Nta Konsigui", le titre phare du disque, devient très vite un tube au Cap-Vert : en un an, il est vu un million et demi de fois sur les réseaux sociaux.

 

En octobre 2015, Elida Almeida tourne sur tous les festivals du Cap-Vert. Elle remporte le Prix Découvertes RFI 2015 et effectue sa première tournée en Europe et aux États-Unis avant de terminer l’année par un concert à Maputo, au Mozambique, autre ancienne colonie lusophone d’Afrique.

Ces premiers signes d’une carrière internationale se confirment et s’amplifient en 2016. En tant que lauréate du prix Découvertes RFI, elle effectue une tournée africaine qui fait étape dans 16 pays, du Togo à l’Éthiopie, en passant par le Ghana ou Sao Tomé et Principe. Elle joue aussi en Haïti, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Au total, elle se produit cette année-là à près de 50 reprises !

2017 : "Kebrada"

Cette activité intense en live se traduit aussi en studio. Alors que la chanteuse reprend le chemin de la scène en 2017 en participant au Festival sur le Niger à Ségou au Mali, ainsi qu’au festival Mawazine au Maroc et au Kriol Jazz Festival sur son archipel natal, deux nouveaux projets discographiques sont mis sur le marché. "Djunta Kudjer", mini-album de sept chansons, précède de quelques mois l’album "Kebrada", en octobre. Tous deux ont été enregistrés lors d’une même résidence à Abidjan, et mettent en valeur le travail réalisé avec son compatriote Hernani Almeida, guitariste devenu son directeur artistique, affirmant son attachement aux traditions musicales capverdiennes.

Forte de ce nouveau répertoire, elle poursuit en 2018 ses conquêtes territoriales et se produit dans plus d’une quinzaine de pays, du Brésil à la Pologne, de l’Afrique du Sud, à la Norvège. Avec l’Orchestre Cesaria Evora, qui perpétue les chansons de sa célèbre compatriote disparue en 2011, elle joue notamment au festival Villes des Musiques du Monde en France mais aussi au festival Sakifo à La Réunion ainsi qu’à Istanbul, en Turquie. Le collectif à géométrie variable compte aussi dans ses rangs la Brésilienne Flavia Coelho et la Capverdienne Lucibela, avec qui Elida collabore séparément : elle enregistre le duo "Sou Free" avec la première ; elle écrit deux chansons sur l’album "Laço Ombilical" de la seconde.

La dynamique se poursuit en 2019 : sa rencontre avec le chanteur Tiloun donne naissance au spectacle "Rougailverde", fusion des rythmes ternaires du maloya réunionnais et binaires du Cap-Vert, que les deux artistes présentent ensemble sur leurs îles respectives. Elida Almeida s’illustre aussi en compagnie de la Brésilienne Roberta Campos avec qui elle partage le micro sur le single "Ta Due". On la retrouve notamment sur scène au Sénégal, au Mexique pour quatre concerts, ainsi qu’au Canada pour sept autres dates, puis en Finlande…

2020 : "Gerasonobu"

Désormais installée au Portugal, où elle a décidé de reprendre ses études en suivant des cours de droit à l’université de Lisbonne, la jeune femme mène sa carrière en parallèle : fin 2020, l’album "Gerasonobu" est à l’image de cette nouvelle génération qu’elle évoque en créole capverdien et à laquelle elle appartient.

Son ouverture au monde se retrouve sur le plan musical, en particulier à travers la participation du beatmaker kenyan Blinky Bill et celle du guitariste de Kassav’, Jacob Desvarieux. Elle clame aussi ses liens avec les références de la musique capverdienne, en reprenant un titre du groupe Bulimundo ou en faisant appel à l’accordéoniste Bitori, légende du funana, un des principaux styles de l’archipel.

Malgré la pandémie de Covid-19, Elida Almeidia parvient à défendre ses nouvelles chansons à quelques reprises en concert en 2021. Dans un style plus urbain, elle enregistre aussi un titre en trio avec les chanteuses Nitry et Indira, originaires du Cap-Vert, puis évolue dans un registre afro-zouk en répondant à l’invitation du chanteur Loony Johnson.

En 2022, après un featuring sur un titre du chanteur luso-angolais Jimmy P, elle parcourt à nouveau le monde pour défendre ses chansons : des États-Unis au Cap-Vert à la Suisse en passant par l’Allemagne et la France, une dizaine de pays figurent à son programme.

Juin 2022