Toumani Diabaté

Toumani Diabaté
© Youri Lenquette
Passeport artiste
1965
Bamako (Mali)
Pays:  Mali
Langue:  Bambara Mandingue
Qualité:  Auteur / Chanteur / Compositeur
Genre musical:  Musique mandingue

Héritier d’une profonde tradition griotique, le Malien Toumani Diabaté, s’est fait tout au long de sa carrière, le défenseur de l’ouverture de la kora au reste du monde. Ses multiples collaborations internationales et son implication dans la musique traditionnelle mandingue font de Toumani Diabaté l’un des griots les plus intéressants de sa génération.

Biographie: 

Né en 1965 à Bamako, au Mali, Moussa Toumani Diabaté est le descendant d’une longue tradition griotique. Fils de Nama Koïta et de Sidiki Diabaté, nommé roi de la kora au FESPAC 1977 à Lagos, il commence à jouer de la kora à 5 ans, inspiré par son père et son grand-père Amadou Bansang. Scolarisé à l’école française, il apprend la kora en écoutant la musique familiale, celle du Rail Band ou des Ambassadeurs du Motel, mais aussi de grands noms de la musique occidentale comme Otis Redding, Elvis Presley ou James Brown…

En 1978, Toumani Diabaté participe pour la première fois à la biennale artistique et culturelle du Mali pour la région de Koulikoro (située à 70 km de Bamako) et est classé deuxième. Lors des deux éditions suivantes, en 1980 et 1982, il participe au concours pour la région de Bamako et décide de se consacrer totalement à la musique.

Toumani s’envole pour la première fois pour l’Europe en 1984 avec l’Ensemble Djoliba percussions, soit dix-huit musiciens jouant sous la direction de Tamba Dembele. Débute alors une frénésie de concerts, tournées, rencontres, qui mèneront Toumani Diabaté à faire plus de trois fois le tour du monde. De retour à Bamako, il est élève-professeur à l’Institut National des Arts de Bamako (INA), apprend le solfège et se sert de cette expérience pour universaliser le jeu de la kora.

En 1987, il reste six mois et demi en Angleterre, participe au festival trimestriel Real World, rencontre Youssou N’Dour, Peter Gabriel et enregistre "Kaïra", un premier album entièrement instrumental, enregistré en deux heures. Énorme succès. Toumani prend d’un pas assuré le chemin de la "sono mondiale".

1988 : "Songhaï 1"f

Il rencontre l'année suivante le groupe espagnol de flamenco/pop Ketama avec qui il s’essaie à jouer un "Diarabi" (morceau traditionnel mandingue) métisse. S’ensuivent deux albums "Songhaï 1" en 1988 et "Songhaï 2" deux ans plus tard. Toumani raconte que lorsque son père, l’illustre Sidiki Diabaté, entend les morceaux de son premier album gitano-mandingue, il retient ses larmes. Les traditionalistes s’offusquent en effet de voir "ce que fait Toumani à la kora". Lui, poursuit inlassablement sa quête d’ouverture et multiplie les métissages. Seule condition : ne pas toucher à l’instrument et à ses 21 cordes.

Il devient l’ambassadeur international de la kora, avec en 1991 un concert en forme de choc au Japon. Il est le premier à donner un concert de kora. La même année, il enregistre "Shake the Wall World" avec cinquante-deux musiciens japonais et américains, qui est classé meilleure vente japonaise de world music des années 91/92.

Par la suite, les albums de Toumani se suivent et ne se ressemblent pas. "Djélika" joué avec Peter Gabriel, Sting, Brian Yamakhossi et des musiciens des quatre coins du monde en 1993, "Kulandjan" avec le bluesman Taj Mahal en 1999, "Malicool" avec le tromboniste Roswell Rudd’s en 2002 témoignent de cet incroyable éclectisme.

Mais, Toumani Diabaté, griot héritier de la 71e génération ressent également le besoin de revenir vers une musique plus traditionnelle. En duo avec son alter ego malien, Ballaké Sissoko, il rend hommage à son père en 1999 avec l’album "Nouvelles cordes anciennes". Avec cet album, Toumani et Ballaké inscrivent le renouveau dans la continuité : leurs deux griots de pères, Sidiki Diabaté et Djélimady Sissoko enregistraient en effet dans les années 1970 un album en duo intitulé "Cordes anciennes".

2005 : "In the heart of the Moon" avec Ali Farka Touré

En 2005, Toumani Diabaté connaît également une consécration internationale pour son duo avec le guitar hero malien Ali Farka Touré, sur l’album "In the heart of the Moon", un album enregistré à l’Hôtel Mandé de Bamako, en une seule prise. Cette alliance inédite entre la kora, instrument mandingue par excellence et le jeu de guitare d’Ali Farka Touré vaut aux deux artistes un Grammy Award dans la catégorie World Music en 2006, peu de temps avant le décès du guitariste virtuose.

Cette même année, Toumani Diabaté enregistre également avec son Symmetric Orchestra, un orchestre panafricain, "Boulevard de l’Indépendance", un album souhaitant redonner toute sa splendeur à l’empire mandingue. Quand ils ne sont pas en tournée à travers le monde, Toumani Diabaté et le Symmetric Orchestra jouent tous les vendredis soirs au Hogon, un club populaire de la capitale malienne… Tout Bamako le dit : ces concerts peuvent commencer à une heure du matin et durer toute la nuit. Car voilà une autre caractéristique de Toumani Diabaté : son caractère imprévisible et un rapport au temps bien à lui…

Le 4 octobre 2007, l'artiste est nommé ambassadeur de l'ONUSIDA. Deux mois plus tard, le 30 novembre, il reçoit le Tamani de la Meilleure musique d'inspiration traditionnelle lors de la cinquième édition des Tamani d'Or, équivalent malien des Victoires de la Musique françaises.

2008 : "The Mandé Variations"

Le virtuose de la kora revient le 21 février 2008 avec un nouvel album : "The Mandé Variations". Il est cette fois-ci seul aux manettes de son instrument fétiche, sans musiciens derrière. Se sentant investi d'une mission quasi spirituelle, il interprète des standards traditionnels de façon moderne et, inversement, des chansons à lui sous une forme séculaire. Son objectif : faire ressortir toutes les qualités de la kora et prouver que la musique africaine ne se résume pas à la "world music".

Au mois de mars 2008, Toumani Diabaté va prouver tout cela en Australie et en Nouvelle-Zélande lors d'une série de concerts. En avril, la chanteuse islandaise Björk l'invite à se produire à ses côtés à l'occasion de trois sets privés au Hammersmith Apollo de Londres. Les 25 et 26 avril, il est au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, puis il embraye sur une tournée solo qui le fait voyager dans de nombreuses villes d'Europe.

2010 : "Ali et Toumani"

Enregistré en trois après-midi en 2005 à Bamako, Toumani Diabaté sort un nouvel album "Ali et Toumani", en duo avec le musicien malien Ali Farka Touré décédé en mars 2006. Un disque de synthèse affiné au fil des années et composé de dix nouvelles sublimes conversations entre une guitare et une kora. Le 18 mai, Toumani Diabaté présente l’œuvre au public au Casino de Paris.

Avec "Ali et Toumani", les deux artistes remportent le Grammy du meilleur album de musique traditionnelle lors de la 53e cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles aux États-Unis. 

Deux années plus tard, en 2012, le griot malien participe à The Africa Express train organisé par le World Circuit Record, un festival de musique qui se déroule au Royaume-Uni. Il est sur scène en compagnie entre autres, d’Amadou et Mariam, Damon Albarn, Baloji ou encore Rokia Traoré.

2014 : "Toumani et Sidiki", la kora de père en fils

Après quatre années d’absence et pour la première fois, Toumani Diabaté rejoint son fils, Sidiki, pour un duo exceptionnel qui donne naissance à l’album "Toumani et Sidiki", sorti le 6 mai 2014. Âgé de 22 ans, le jeune homme, pourtant inconnu sur la scène internationale, est une star au Mali.

Le disque se compose de morceaux traditionnels mandingues dont certains sont très anciens. En revisitant ce répertoire ancestral attaché à la caste des griots et en y associant son fils, le maître incontesté de la kora a voulu transmettre un patrimoine musical en voie d’extinction. Pour autant, cet album renferme également des allusions à des évènements contemporains comme le titre évocateur du problème des migrants en Méditerranée "Lampedusa" ou "Dr Cheikh Modibo Diarra", du nom du Premier ministre en poste en 2012 au moment de la crise malienne.

En mai, les deux musiciens montent sur la prestigieuse scène du Barbican à Londres pour présenter leurs derniers titres au public. Le 10 juin, le duo familial est sur la scène des Bouffes du Nord à Paris.

Leur tournée se poursuit en Europe (Pays-Bas, Angleterre, Suisse, Autriche, Espagne, Portugal), avant que père et fils ne prennent la direction de l’hémisphère sud en 2015 (Australie, Nouvelle-Zélande et Nouvelle-Calédonie) et reviennent en France métropolitaine pour une dizaine de concerts supplémentaires.

Après avoir participé à l’album "Koya" de son compatriote Abou Diarra, il entame en 2016 une série de concerts en Europe en duo avec le musicien iranien Kayhan Kalhor, joueur de kamanché persan (vièle traditionnelle).

En janvier 2017, il reçoit à Bamako les insignes Chevalier des Arts et des lettres de la République française à l’occasion de l’avant-première sur scène de "Lamomali", album collectif piloté par le chanteur français -M- (Matthieu Chédid) dans lequel Toumani a été enrôlé ainsi que son fils Sidiki. Le projet connaît un succès considérable en France : un Disque de platine, une Victoire de la musique dans la catégorie des musiques du monde et une tournée qui passe par les plus grandes salles et festivals français ainsi que par quelques pays d’Europe.

Dans le cadre de soirées organisées à Paris durant l’exposition du photographe malien Malick Sidibé, Toumani Diabaté se produit en février 2018 à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, puis reprend sa tournée avec son fils Sidiki pour quelques concerts en Amérique du Nord. Cette année-là, il apparaît aussi sur l’album "Fenfo" de sa jeune compatriote Fatoumata Diawara (présente aussi sur le projet "Lamomali") et sur celui du quatuor celtique folk Alba Griot Ensemble intitulé "The Darkness Between The Leaves".

En 2020 sort également un album en duo avec joueur de banjo américain Béla Fleck. "The Ripple Effect" est constitué d’enregistrements issus de concerts que les deux musiciens ont donnés une dizaine d’années plus tôt.

Un nouveau challenge est à l’origine de l’album "Kôrôlen", commercialisé en avril 2021, mais dont le contenu a été enregistré en 2008 en public à Londres : une rencontre inédite entre la kora et le prestigieux London Symphony Orchestre, autour du répertoire de Toumani.

Mai 2021

Discographie
TOUMANI, FAMILY & FRIENDS
Album - 2022 - Universal Music Africa
KÔRÔLÉN
Album - 2021 - World Circuit
Toumani et Sidiki
TOUMANI & SIDIKI
Album - 2014 - World Circuit
ALI ET TOUMANI
Album - 2010 - World Circuit
THE MANDÉ VARIATIONS
Album - 2007 - World Circuit
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