Aston Villa
Ce groupe issu de la banlieue parisienne taille sa route doucement mais sûrement depuis 1994. Leur rock incantatoire fait d'eux une des formations les plus originales de la scène française.
Aston Villa est né d'abord de la rencontre de Frédéric Franchitti (né le 31 août 1969) et de Hocine Hallef (né en 1964). Ces deux-là se rencontrent dans les années 1980. Hocine dit Hoss est étudiant en économie, qu'il enseignera par la suite. Fred se lance dans la musique par la composition et le chant, un handicap au bras l'empêchant de jouer d'un instrument. Sa première expérience de groupe se fait au sein de Dagstaff.
Avec Hoss, ils écrivent et interprètent leurs titres dans un groupe qui s'enrichit très vite de trois autres membres : Jean-Baptiste Mory dit Djib (né le 25 janvier 1970) à la basse, Franck Pilant à la guitare et Laurent Muller dit Doc Muller (né le 26 juillet 1969) à la batterie. Le nom du groupe, Aston Villa, outre le fait d'être le nom d'un célèbre club de foot anglais (le groupe est fan du ballon rond), Aston Villa se veut aussi la contraction de "Aston Martin", petite voiture anglaise marquant leur goût pour le rock britannique, et de "Pancho Villa" pour la révolution...
Bonne nouvelle
Astonvilla naît officiellement en janvier 1994 lorsqu’il passe au Plan, une salle de la banlieue sud de Paris. Ce jour-là, en première partie des Silencers, le groupe débutant enflamme le public. À la fin de la même année, ils sont alors programmés au festival des Transmusicales à Rennes où leur musique est vivement remarquée. Suite à cela, ils signent sur le label BMG et sortent un premier disque éponyme en avril 1996.
Quatre singles en sont extraits : "Bonne nouvelle", "On verra demain", "Raisonne", "Si les anges". Pour l'anecdote, une jeune Anglaise ayant repéré (et apprécié) le disque le fait écouter à son père, directeur du journal Claret and Blue, gazette officielle du club de foot Aston Villa. Celui-ci s'empresse de consacrer cinq pages au groupe qui sera invité plusieurs fois à assister aux matchs de l'équipe.
La promotion passe par d'innombrables concerts et surtout par des premières parties prestigieuses, dont ZZ Top (printemps-été 1996), Deep Purple (automne 1996) ou Bryan Adams (juin 1997 à Bercy). Entre janvier 1996 et octobre 1997, Astonvilla tourne presque sans discontinuer, essentiellement en France, mais aussi en Belgique, Suisse et Québec. Notons un passage en Argentine lors d'une édition éphémère des Francofolies de 1997. Mais en dépit de cela, ce premier disque est un échec et ne s'écoule qu'à 15 000 exemplaires. Le groupe est alors remercié par BMG.
Extravertis
En 1998, ils tournent nettement moins. On les voit surtout dans quelques petites salles de Paris et région parisienne. En fait, ils préparent leur deuxième album qui sort en avril 1999 sur le label dépendant de Sony, Double T : "Extraversion". Ces douze nouveaux titres mêlent toujours autant rock puissant et mélodies prenantes. Tous les titres sont signés du groupe sauf le dernier, reprise du tube "J'aime regarder les filles" par Patrick Coutin. Il est produit par Renaud Létang (Manu Chao) et par Franck Pilant, guitariste du groupe. Le principal titre qui en est extrait, "J'en rêve" effectue une jolie carrière.
En revanche, l'album ne fait guère mieux que le premier et s'écoule à environ 20 000 exemplaires seulement. La loi de l'industrie du disque étant fort sévère, le groupe se retrouve une fois de plus sans maison de disques, leur distributeur Sony démantelant le label Double T et son écurie.
Mais c'est définitivement sur scène que le groupe s'épanouit et que le public l'acclame le plus. Ils sont sur la route une bonne partie de l'année 1999, sont invités de quelques festivals au cours de l'été, mais pas les plus fameux (la Voie du Gahou à Marseille, Rock au fort à Albertville). Le 18 novembre, ils montent en vedette sur la scène de l'Elysée-Montmartre à Paris puis partent au Québec début 2000.
En scène
En 1999, Franck Pilant quitte le groupe pour partir travailler avec Alain Souchon. Il est remplacé par Nicolas Muller, frère du Doc. En 2000, c'est Hoss qui part. C'est donc sous une configuration nouvelle de quatre membres qu'Astonvilla enregistre un premier album live fin janvier 2001 à La Scène, un club rock du quartier de la Bastille à Paris. Le disque, mixé par Dominique Blanc-Francard, sort en avril sous le titre "Live acoustique". Trois musiciens sont cependant présents sur scène avec le quatuor : Eduardo Tomassi aux percussions, Wayne Jowandi Barker au boomerang (!) et Morteza Esmaili au didgeridoo et à la guimbarde. On y trouve deux reprises dont "All Apologies" de Nirvana.
Pour la première fois un de leurs disques est classé dans les charts : 107e (sur 150) en octobre 2001 et 90e (sur 100) à la même époque pour le single "Raisonne". Astonvilla est enfin plus largement programmé sur les radios. Le 17 mai, ils sont aux Café de la Danse, à deux pas de La Scène, et le 8 décembre au Bataclan. À ce moment-là, le disque s'est déjà vendu à plus de 20 000 exemplaires.
Une vaste tournée emplit leur automne 2001 et se prolonge en 2002. Avec des concerts le 19 janvier au Zénith de Paris dans le cadre d'un concert dédié à l'association Attac (Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens) puis le 12 janvier au Bataclan au profit de Survival. Cet organisme, dont Doc Muller est un membre actif, cherche à protéger les tribus et populations en voie de disparition.
Le 9 mars 2002, Astonvilla reçoit la Victoire de la Musique de l'Artiste découverte de l'année. Cette récompense a d'autant plus de valeur aux yeux du groupe qu'elle a été décernée par le public et non par un jury. Ce même public qui les a vus en concert les propulse au-devant de l'appareil médiatique.
Ainsi en 2002, avec cette récompense et l'album live, Astonvilla se dote d'une sérieuse réputation de performer, reste à confirmer avec un album studio.
Cet album met peu de temps à arriver puisque cette même année, sort "Strange" sur le label Naïve. Cet album est produit par Franck Pillant, qui, même s'il a quitté la formation reste dans le giron d'Astonvilla. Salué par la critique, le talent de chansonnier du chanteur Fred prend sur cet album une autre dimension. Un autre chansonnier de marque, Jean Fauque (qui a écrit "Madame rêve" et "Osez Joséphine" pour Alain Bashung) écrit la chanson "Prière". À l'écoute, l'album vogue dans une atmosphère un brin surréaliste et décrit un monde qui perd ses repères. Il se conclut sur une ode à la cuisine, "Slowfood" où Astonvilla met en musique plusieurs menus culinaires récités par des personnalités.
Peu après l'enregistrement de "Strange", Astonvilla entre dans une période de silence avec le départ des frères Muller.
2005 : "De jour comme de nuit"
Le groupe change de configuration en 2005 avec l'arrivée de Manu Baroux à la guitare et de Greg Baudrier à la batterie. C'est un autre Astonvilla qui enregistre l'album "De jour comme de nuit". Produit par l'Américain Daniel Presley, l'album est plus brut, plus électrique, mais aussi très décontracté. Fred affine son travail d'écriture encore et toujours, sa prose. Cela constitue dorénavant le véritable fil conducteur d'une formation qui depuis 10 ans n'a cessé de muter. En novembre 2005, le groupe part en tournée et se produit le 29 à l'Élysée-Montmartre à Paris.
Les quinze ans d'Astonvilla sont fêtés sur scène, les 4 et 5 juin 2008 au Brise-Glace d'Annecy, autour des classiques du groupe interprétés dans des versions très électriques. L'enregistrement de ces concerts donne lieu à la publication du best of "LIVE" au mois de novembre suivant. La sortie du CD est accompagnée d'une tournée d'une dizaine de dates en France, dont le Bataclan le 18 décembre, avant que le groupe ne range ses guitares pour un long moment.
En 2013, après plusieurs années de pause, Astonvilla se reconstitue en trio avec le chanteur Fred Franchitti, Greg Baudrier (batterie) et Tony Halet (guitare/basse). En décembre, ils entament l'enregistrement d'un nouvel album au studio Davout, à Paris. Intitulé "Joy Machine", l'opus sort en juin 2014 sur Twicky Records, le label monté par le groupe. Sensibilité et humour subtil sont une nouvelle fois au rendez-vous, sur des textes portés la voix mise en avant de Fred. Leur tournée passe notamment par le Trianon à Paris en octobre 2014.
Février 2016