Céline Dion, à livre ouvert

Céline Dion à New York en juillet 2016 © M. Loccisano/Getty Images/AFP

Forcément attendu à la suite d'une série de concerts cet été à Bercy, le nouvel album en français de la star accapare la rentrée musicale. Verdict de ce Encore un soir

Personnel, traversé par la disparition de son mari Réné Angélil, convenu, inégal et parfois émouvant.

Inutile d'éterniser le suspens. Lancé en éclaireur peu avant l'été, le morceau éponyme ne sera pas détrôné. Imbattable, avec une belle longueur d'avance sur les quatorze autres pistes du disque.

L'alliance Goldman-Dion, qui a historiquement déjà pété tous les plafonds, c'est un petit miracle. Une alchimie mélodique et textuelle triomphatrice, adoubée par les masses. À tous les coups, ça fonctionne à plein régime. Une sorte d'état de grâce.

Pourquoi - alors qu'au fond c'est le vif souhait des fans – ne pas l'avoir prolongé sur l'intégralité de l'album ? Au lieu de ça, la chanteuse a convoqué un casting éclaté, surprenant et bancal. Mot d'ordre général : de l'intime doublé d'optimisme malgré les épreuves douloureuses récemment traversées. Céline Dion regarde à la fois dans le rétroviseur et vers demain.

Un écho à René Angélil

Presque partout, un écho plus ou moins direct à René Angélil, son mari et producteur disparu en janvier dernier. La commande est ainsi respectée à la lettre par son armée d'auteurs.

"Il y aura bien sûr un malaise/Comme une brève hésitation/Au moment de placer les chaises/ Pour le repas du réveillon/ Tu vivras dans tous nos silences/ Au hasard des conversations/ J'apprivoiserai ton absence/ Mais je ne dirais plus ton nom..." Paroles extraites d'À la plus haute branche, ballade crève-larmes écrite par son compatriote Daniel Picard et sélectionnée par le public lors d'un concours ouvert sur le web.

Quelques chansons passe-partout

Aux premières gorgées, difficile de ne pas sentir de l'eau de rose. Intentions précises et en boucle.  Quelques chansons passe-partout qui javellisent un peu l'ensemble : le morceau Ma force concocté par Vianney et sans grand éclat, le fadasse Les yeux en face de la paire Mutine et Florent Mothe, l'insignifiant Les yeux au ciel du même Mothe et Grand Corps Malade.

Les incursions urbaines (Tu sauras, À vous) ne bourdonnent pas, non plus, gracieusement à l'oreille. La doublette originale Lama-Cabrel s'en sort convenablement avec un titre joliment troussé (Plus qu'ailleurs).

Bien qu'elle soit séduction facile, ce sont les chansons emphatiques (Ma faille et Si c'était à refaire) qui mettent le chant conquérant de Céline Dion en valeur. Mais c'est sur l'adaptation d'Ordinaire, standard de Robert Charlebois, que celle-ci met tout le monde d'accord. Sa version à la fois habitée, ardente et magnifiée par une section de cordes, surpasse même l'original. "Si je chante, c'est pour qu'on m'entende." Nul doute sur l'exactitude de la phrase.

Céline Dion, Encore un soir (Columbia/Sony Music) 2016. 

Site officiel de Céline Dion
Page Facebook de Céline Dion