Nicoletta
Entre un concert gospel et des disques plus orthodoxes, la reine des vocalistes des années 70 revient au devant de la scène, avec pour pygmalion un certain William Sheller.
La carrière de Nicoletta, c'est un manège qui la mène depuis quelques années toujours là où on ne l'attend jamais. En 1993, alors que tous la donnaient perdue pour la chanson, la voilà qui remonte son handicap de chanteuse estampillée "Guy Lux et hit-parade" avec un répertoire gospel qu'elle peaufine au fil de centaines de concerts dans des églises. Et puis, il y a au même moment, un album "J'attends, j'apprends" superbement ignoré de tous... Mais jamais, jamais, Nicole Grisoni ne désespère...
Concernant les déboires de la vie et du métier, on pourrait faire un parallèle entre Nicoletta et Dalida. Si ce n'est que la "Rose du Caire" s'effeuillait au moindre coup de Trafalgar tandis que Nicoletta, elle, s'est nourrie tout au long de sa vie des embûches semées sur son parcours, sortant à chaque fois ses plus piquantes épines. Jamais elle n'a désespéré, ni ne s'est découragée...
Pour preuve ce "Connivences", nouveau CD de dix titres qu'elle défend, comme à chaque fois, bec et ongles. Avec aux manettes et aux compositions un certain William Sheller, qui aime décidément les femmes à voix : Barbara, Marie-Paule Belle, Françoise Pollet.
"C'était très agréable de travailler avec William. A son contact j'ai appris plein de petites choses. Le temps fort, le temps faible... Le maniement des mots, être juste au bon moment... C'était vraiment passionnant" affirme Nicoletta qui n'en était pourtant pas à sa première collaboration avec "L'Homme Heureux". Il y a douze ans déjà, ils avaient travaillé sur un "Quasimodo" bien avant Luc Plamondon.
Alors qu'on aurait légitimement pu attendre un album basé sur les cordes et l'acoustique, quelques chose de "shellerien", "Connivences" est une profusion de rythme rock , légèrement emphatique.
Il y a par exemple cette chanson surprenante intitulée "Disco Queen". En l'écoutant, on se dit que Nicoletta a décidément bloqué les compteurs aux années 70 et que c'est bien triste le naufrage de l'âge. Et elle de vous répondre en rigolant, que : "pas du tout, il s'agit d'une chanson que William et moi avons composé et qui prouve notre respect, notre affection pour les drag-queen. Je les trouve touchantes et mignonnes, avec un peu de maquillage et de strass, elles sont démesurément féminines. Il faut être joliment balancé, un joli petit garçonnet pour se jeter dans la lumière comme cela de façon éphémère".
Pour ceux qui espéraient profiter des qualités intactes de vocalistes de Nicoletta, il faudra se réfugier dans des compositions non pas signées Sheller (très rock) mais Jannick Top et Serge Pérathoner (plus paisibles) "J'ai eu ma Dose" ou "T'en Fais Pas" : "T'en Fais pas/ Il y des Hauts et des Bas/ Parfois c'est là et puis ça s'en va / C'est le b-a ba / Mais ça reviendra".
Optimisme forcené et coeur sur la main, c'est le résumé de Nicoletta malgré les revers de sa vie.
Nicoletta "Connivences" Mikado / BMG