Benjamin Biolay
Se plonger dans un nouvel album de Benjamin Biolay, c’est comme partir pour un week-end en Creuse. On se doute que ce sera beau mais aussi un peu monotone. Trash Yéyé, quatrième album du musicien ne dépareille pas dans sa discographie même si, une nouvelle fois on reste pantois devant la richesse des compositions et des arrangements.
De l’art de noyer sa faiblesse. Benjamin Biolay susurre plus qu’il ne chante. Du coup, il compense à tous les étages. Ses textes tout d’abord. Rares sont les auteurs à faire claquer de la sorte la langue française. Usant de répétitions, de paroles réduites aux sonorités essentielles, l’ombrageux chanteur vous plonge dans les vertiges de l’amour. Un tiers sombre, un tiers cru, un tiers déçu, le cocktail parfait de Biolay où sa noirceur lyruement masochiste fait mouche.
Bien sûr il y a le single Dans la Merco Benz mais aussi une kyrielle d’autres, Bien avant ou La Garçonnière, trempées dans la même veine. Ça sent les nuits blanches enfumées, à boire pour se perdre. Il ne s’agit pas de tristesse, mais d’un vague à l’e plus noble : ce spleen indéfectible cher à Baudelaire.
Romantique du XXIe siècle, Biolay magnifie ses compositions d’arrangements soyeux, toujours dans l’extrême finesse : les chœurs éthérés de Douloureux Dedans, l’orchestration grandiose de Cactus Concerto. Le musicien n’hésite pas à noircir sa musique (Regarder la lumière, Laisse aboyer les chiens) pour que soudain sa voix se fasse plus aérienne.
Après deux ans de travail et cinquante sept titres mis en boîte, le Français signe avec Trash Yéyé un album d’une richesse hors norme. Mais tellement sombre et torturé, qu’une nouvelle fois, le succès critique devrait dépasser celui des ventes. Espérons qu’un jour, d’artiste reconnu, Benjamin Biolay devienne vraiment populaire.
Benjamin Biolay Trash Yéyé (Virgin/EMI) 2007
En tournée en France