Benjamin Biolay, Buenos Aires, an II
À peine plus d’un an après Palermo Hollywood, le prolifique Benjamin Biolay offre au monde Volver, tome II bien troussé dudit Palermo. Ce huitième album en seize ans de carrière se livre en effet, comme le septième, aux influences argentines et aux nuits de Buenos Aires. Le tango est là, certes, mais aussi les musiques urbaines de la patrie de Borges, Fito Paez et Ricardo Darin. Une belle expérience.
Volver est fait ainsi, au gré des aveux et des envies : sur le superbe Arrivederci, le piano sonne avec discrétion. La voix de Benjamin Biolay, chaude et proche du micro, prononce des mots venus du profond : "Arrivederci/ Mon ami c’est donc ici/ Qu’on se quitte/ Moi en costume/ Toi dans une boîte/ Qu’on porte à quatre…" Fidèle, Biolay dit adieu à Hubert Mounier, le cœur de L’Affaire Louis Trio, un ami de vingt ans dont il a réalisé tous les albums solo. Une piste avant, cependant, Biolay nous régalait d’un reggae gainsbourien, Ça vole bas, d’apparence festive et éclairé par la lumière noire des mots de la comédienne et chanteuse Sofia Wilhelmi.
Autre grand moment, autre changement d’atmosphère : violons en folie, paroles apaisées et section rythmique nerveuse, Roma (amoR) attire naturellement l’attention de l’auditeur. La magie de Biolay y fait se rejoindre le rap fulgurant du duo portègne Illya Kuryaki and the Valderramas et le premier violon d’Anne Gravoin, par ailleurs épouse de Manuel Valls…
Toujours question d’atmosphère, nous goûtons avec délices l’impatient rock Encore encore, duo habilement sexuel avec Chiara Mastroianni, avant de nous liquéfier sur l’émouvant duo guitare-voix de La Mémoire, ensuite illuminé par cordes, cuivres et bandonéon. Ainsi va Volver, avec ses nombreux moments forts – et une seule fausse note : l’hybride "cloud rap" Hypertranquille dont l’Auto Tune évoque les pires moments des musiques urbaines d’aujourd’hui…
Heureusement, quelques pistes plus loin, Benjamin Biolay reprend avec une incroyable sobriété le morceau de Leo Ferré Avec le temps, que l’on croyait unique. Avec Volver, l’auteur qu’on devinait "au détour d’un regard/ entre les mots, entre les lignes et sous le fard", s’épanouit…
Benjamin Biolay Volver (Barclay) 2017
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