La ligne pop de Léonard Lasry
Grâce à un quatrième album foisonnant, Avant la première fois, le chanteur parisien semble avoir trouvé sa voie au large de la pop et de la variété orchestrée. Et quand il n’est pas derrière le micro, Léonard Lasry compose pour la mode et travaille pour la marque de lunettes qu’il dirige avec son frère aîné. Rencontre.
En ce mois de janvier, le Café de Flore est bien rempli. Léonard Lasry nous attend à l’étage, dans une salle plus au calme. Le chanteur est un habitué des lieux, où il vient parfois le matin. Si l’institution de Saint-Germain-des-Prés est désormais un repère pour les touristes en visite dans la capitale, elle dégage un charme suranné. "Pour moi, la magie de Paris, c’est de rencontrer des gens qui vous inspirent ou qui vont vous faire vivre des choses. Particulièrement sur les cinq dernières années, j’ai fait des rencontres qui me portent et me donnent foi en cette ville", assure-t-il.
Pour ce chanteur et entrepreneur parisien, la rencontre musicale la plus importante est celle d’Elisa Point. La parolière - pour Christophe - et interprète confidentielle a écrit tous les textes d’Avant la première fois et signe un titre. Elle a aussi permis à ce garçon de se recentrer sur une ligne claire. La pop orchestrée de Léonard Lasry s’inspire de France Gall "avant la période Michel Berger", Françoise Hardy ou Julien Clerc, et des arrangeurs de la chanson française des années 70.
Des mélodies enlevées
On retrouve des histoires d’amour légères, qui oscillent entre la mélancolie et l’humour à double fond de ce drôle de chanteur. "Si Trois fait des envieux / À deux, est-ce toujours mieux ? / Trois n’écoute que son corps / Son cœur à tous les torts", dit-il, dans Trois, qui personnifie un couple à multiples entrées. Il parle d’un amour imposture dans L’original et s’autorise à faire Le tour de nos interdits en piano-voix. L’album compte seize chansons qui alternent entre cette configuration minimaliste, une veine "gainsbourienne" et des envolées plus lyriques.
Mélodiste avant tout, Léonard Lasry a mis cinq ans pour parachever ce disque, allant jusqu’à réenregistrer son chant parce qu’il n’en était pas satisfait. Il a trouvé son chemin, en même temps qu’il posait ses jalons dans la mode. Il a illustré les défilés pour la maison Valentino, des vidéos pour Dior, et réalisé la bande originale du film Jours de France. Celui qui s’affiche dans le Paris mondain, avec son crâne rasé, sa barbe rousse et ses bagues à chaque doigt, voue un culte aux égéries d’un autre temps : la photographe française installée à New York, Maripol, Marie-France, la bande du Palace...
À 35 ans, le chanteur n’a pas connu ces années extravagantes, mais il est a posteriori fasciné par "ses personnages". Le fils d’une designer et d’un opticien dirige en tandem avec son frère aîné, Thierry Lasry, la marque de lunettes du même nom. Ces lunettes de soleil rétrofuturistes sont portées par les stars (Madonna, Rihanna ou l’actrice Eva Mendes). Sur ce pan de sa carrière, Léonard Lasry explique : "Je me suis lancé dans la musique au même moment. Avec la musique comme avec cette marque, l’envie est celle de faire de la direction artistique, parce que j’ai les idées."
Léonard Lasry attire à lui toutes sortes d’histoires, parmi lesquelles certaines ont du relief. Chantant le très class’ La vraie fatigue de Paris en point d’orgue du disque Avant la première fois, le crooner suédois Jay Jay Johanson a fait paraître son dernier disque, Bury the Hatchet, sur 29 Music, le label encore artisanal de notre étonnant chanteur.
Léonard Lasry Avant la première fois (29 Music) 2017
En concert au Café de la Danse à Paris le 8 février 2018
Site officiel de Léonard Lasry
Page Facebook de Léonard Lasry