Fnac Live : Ici, c’est Paris !

Eddy de Pretto sur la scène du Fnac live, le 4 juillet 2019. © RFI/Anne-Laure Lemancel

Chaque début d’été, Fnac Live, sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris, s’impose comme le rendez-vous incontournable des mélomanes, entièrement gratuit, pour réviser tous les sons les plus "hypes" du moment, en matière de rock, de pop, de hip hop, d’électro, etc. Ce 4 juillet, deuxième jour du festival, il y avait Pépite, Clara Luciani, Flavien Berger et Eddy de Pretto. Récit.

Chloé et Anaëlle ont appliqué un rouge carmin sur leur bouche adolescente, et de larges lunettes noires sur leur regard khôl, suspendu aux lèvres d’Eddy de Pretto. Les deux collégiennes de 15 ans ultra-lookées, collées à la barrière, connaissent par cœur les chansons de leur idole, et s’en donnent à cœur joie. D’ailleurs, autour des demoiselles, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, assailli d’une foule compacte jusque dans la rue Victoria, règne une hystérie collective : reprise en chœur des refrains, cris, claquements de main qui fusent dans le ciel de Paris, sous la bénédiction des tours de Notre-Dame, qui veillent sur la fête.

Pour accéder à leur place aux premières loges, Chloé et Anaëlle ont fait la queue depuis 14h, sous un soleil de plomb. Car Fnac Live, c’est décidément "le" bon plan des débuts d’été parisien : une grand-messe musicale gratuite, au cœur de Paris, qui honore les sons les plus hypes, en matière de pop, d’électro, de hip hop, etc. 

Ainsi, en ce 4 juillet, deuxième jour du festival, en ouverture à 18h, le duo Pépite, "aventuriers du sentiment", déroule sa pop mélancolique et ultra-planante, aux couleurs 80’s, qui sonne comme la BO des vacances à venir, d’amours à vivre, d’après-midi alanguis sur les plages… Leur fraîcheur sirupeuse, leur pop acidulée, envoûte le parterre, déjà gentiment ambiancé. Sur le parvis, leur tube Feu rouge prend une saveur particulière : "Ici Paris/ Qui disparaît/, Mais d’ici Paris/ Me regarde".

© RFI/Anne-Laure Lemancel
Le duo Pépite sur la scène du Fnac live, le 4 juillet 2019.

 

Une Marseillaise à la conquête de Paris

"On ne refuse pas un tête-à-tête avec Paris" : à 19h, avec sa silhouette interminable en chemise verte, et ses immenses lunettes fumées, qui lui mangent le visage, mais pas le sourire, Clara Luciani ne boude pas ses émotions. En douceur autant qu’en puissance, elle impose son rock, son chant voilé et son aura, qui balance hardiment entre mélancolie ténébreuse et énergie solaire.

À 19 ans, cette Marseillaise débarquait à la capitale, tel Rastignac criant "à nous deux, Paris !", pour se lancer dans la musique. Aujourd’hui, huit ans plus tard, la voici conquérante, chantant, au cœur même de la ville. "Ici, c’est Paris", ose-t-elle, parodiant les fans du PSG (Pas mal, pour une Marseillaise !). En fin de show, sa Grenade, son hymne, s’enflamme et se répand sur la place telle une traînée de poudre. Le mercure grimpe dangereusement…

"Si vous voulez qu’on reste plus longtemps ensemble, votez pour moi !" : en interlude, le jeune Suisse Nelson Beer, gueule d’ange androgyne, coupe mulet et corps aux muscles saillants, joue au sale gosse, irrévérencieux et génial. Son show confine à l’absurde et au sublime, entre poésie, danse contemporaine et performance. "Vous préférez danser et écouter de la musique, ou pas danser et écouter des paroles ? Mon sujet de philo pour cette année !" lance-t-il rigolard. Sans hésiter, Anaëlle et Chloé choisissent l’option danse.

Catapultage vers la fête foraine

Il est 20h. Il débarque avec ses cheveux longs pendouillant sur ses joues d’enfant, et ose cette remarque : "On est tous rassemblés ici devant des immeubles où vivent des gens… Mais qui vit ici, d’ailleurs ? Ben… Pas nous ! Voilà, c’était ma minute politique !" Flavien Berger donne le ton. Sur ses samples électro ultra-construits, sur ses compositions aussi savantes que joyeuses, aussi élaborées que sensibles, il pose cet ingrédient, ce sel : l’humour.

Et puis, sur son clavier, s’inscrit en lettre rouge, le mot "feeling". Car les œuvres de ce geek de la musique ne sauraient être le fruit de ses seules élucubrations cérébrales. Il y a de la chair, du cœur et de la magie dans ses sons. Et bientôt, grâce à ce pilote hors pair, à ce capitaine de vaisseau, l’Hôtel de Ville se téléporte sous un arc-en-ciel artificiel, au milieu de manèges bariolés… "Les yeux collés au ciel, tous les visages brillent/ Le plus beau des voyages, c’est la fête foraine", chante-t-il.

Le périple Fnac Live se poursuit avec la douce et puissante pop de Silly Boy Blue, aux influences glam rock et new wave, puis avec le cocktail disco-funk-soul ultra-efficace des Australiens de Parcels. Enfin, à 23h, il apparaît enfin, tel le clou de la soirée : Eddy de Pretto, grand habitué du festival, impose sa présence, sa poésie et galvanise la foule…

Demain, Fnac Live se poursuit pour une ultime soirée au sommet, avec entre autres, l’icône LGBT française, roi de l’extravagance, Kiddy Smile, le groupe pop-rock, véritable machine à tubes Thérapie Taxi, et surtout les deux rappeurs rennais mythiques de Columbine. "C’est du lourd !", s’exclament Anaëlle et Chloé. Demain, elles arriveront à 7h du matin. La nuit sera courte. Pas grave. La musique, elle, sera joyeuse et revigorante.

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