Les élucubrations de Philippe Katerine

Philippe Katerine. © Erwan Fichou & Theo Mercier

Pour son onzième album studio, Confessions, Philippe Katerine détourne les codes du hip hop et s’offre une pléiade d’invités, de Lomepal à Gérard Depardieu, de Camille à Léa Seydoux. Si le bonhomme nous étonne encore et toujours, on le préfère dans un registre plus tendre.

Ces derniers temps, on l’a plus souvent vu au cinéma que dans les salles de concert. Encore plus depuis le César qu’il a obtenu pour Le grand bain (film réalisé par Gilles Lellouche), Philippe Katerine est devenu une figure populaire. Chanteur, acteur, dessinateur, il apparaît aux yeux du grand public comme un personnage loufoque, qu’on ne sait jamais trop à quel degré prendre. A ceux qui verraient dans sa démarche de l’ironie, il répond au contraire que cela n’a jamais été son truc.

Pour ses Confessions, le bonhomme reprend les codes du hip hop et il signe cette fois-ci, dix-huit morceaux planants, avec de nombreux intermèdes plutôt rigolos. Il invite au passage une belle brochette de personnalités à sa table : Lomepal, Dominique A, Oxmo Puccino, Léa Seydoux, Gérard Depardieu... Tranchant avec son précédent disque, qu’il interprétait en piano-voix, ce nouveau Katerine a peut-être le goût du rap actuel, mais ça n’en est pas tout à fait.

Beats planants et boîtes à rythmes

Réalisé par Renaud Letang, qui avait déjà œuvré sur son album Robots après tout – celui du tube Louxor, j’adore-, il reprend le fil de ses détournements. Car ce cher M. Katerine prend un plaisir enfantin à pousser le bouchon le plus loin possible. Ce qui se traduit notamment par un humour très sexuel. "Ouvre l’anus / C’était comme une carte refusée / Ouvre l’anus / C’était comme un mot de passe oublié / Ouvre l’anus / C’était comme deux volets fermés", dit La Clef, sans que cela nécessite plus amples explications.

Chanté avec Camille, KesKesséKcetruc est un bon exemple de collage absurde. Quant à Duo, partagé avec Gonzalez et Angèle, c’est une chanson pop efficace. Mais l’humour naïf est rarement gratuit chez Katerine, qui explique s’être nourri cette fois-ci du flot des chaînes d’information en continu pour écrire. "On se méfie pas de moi après un attentat / Les mamies se collent à moi après un attentat / Parce que je suis blond", dit Blond, qui est en réalité une chanson antiraciste. Depuis longtemps déjà, on préfère ses moments de rêverie (Stone avec toi, La converse avec vous, Madame de), sa douceur, à son exhibitionnisme textuel. 

Ceux qui n’apprécient pas Katerine ne l’aimeront pas plus, avec ces boîtes à rythmes et des beats dans les nuages. Ceux qui l’ont suivi jusqu’ici continueront de penser qu’il est un sacré créateur. Ce disque baroque et varié, n’est pourtant pas son grand œuvre – à l’image d’une pochette douteuse, où il arbore un pénis à la place du nez- et on lui préférera des albums plus simples, comme 8e ciel ou Le Film, paru voici trois ans. L’artiste nous avait alors bouleversés en racontant le deuil qui a suivi la mort de son père.

Katerine Confessions (Cinq 7/Wagram) 2019
Site officiel / Facebook / Instagram