Sur les routes des nouvelles musiques occitanes
Ils s’appellent Artus, Cocanha, Polifònic System, San Salvador ou De la Crau et incarnent le renouveau des musiques occitanes aux confins des musiques de tradition, du rock, du métal, du hip-hop ou de l’électro. Rencontre avec quelques uns des membres de cette scène en pleine effervescence.
En décembre dernier, le nom de San Salvador résonnait dans les allées du Parc des Expositions à l’occasion des 41e Rencontres TransMusicales de Rennes. Ces 6 chanteurs, chanteuses (à parité) et percussionnistes à la fois ne débarquaient pas d’Amérique du Sud comme aurait pu le laisser imaginer leur nom, mais de Corrèze, de St-Salvadour pour être précis, un petit village de 320 âmes, si l'on en croit le dernier recensement. "On vient des musiques populaires du Massif Central" expliquait alors Gabriel Durif, le leader de la formation dans les colonnes du quotidien Ouest-France, "nous avons la liberté de ne pas nous en servir juste comme d’un répertoire patrimonial. Il n’est pas issu d’une forme académique. Cette musique existe dans la liberté de ses interprètes. Nous ne chantons pas pour des connaisseurs mais pour tout le monde" ajoutait-il.
Les Auvergnats de Super Parquet qui se définissent en anglais sur leur site comme un "french band of strange traditionnal music (un groupe français de musique traditionnelle étrange)" et croisent musiques à danser et électro, sont eux aussi, passés par les Trans à l’hiver 2016, avant d’être, l’été suivant, à l’affiche de Vieilles Charrues.
"Puput", le nom occitan de la huppe fasciée
Le festival carhaisien a depuis accueilli le trio vocal féminin toulousain Cocanha qui s’accompagne rythmiquement en frappant du pied des déclencheurs électroniques ou des mains des tambourins à corde. "Nous nous situons entre entre le solo et le chœur, c’est un choix délibéré de notre part, pour que chaque voix, chaque personnalité s’entende bien" confie Lila Fraysse, l’une des trois chanteuses et musiciennes. "Même si nos musiques, des chants polyphoniques à danser" précise-t-elle "s’apparentent à de la musique à bourdons, nous soignons nos arrangements afin que l’auditeur lambda qui n’a pas l’habitude de ces répertoires ne soit pas rebuté. Aux Vieilles Charrues, plusieurs spectateurs nous ont confié à l’issue du concert avoir noté des influences hip hop, ce qui n’est pas étonnant car nous écoutons de tout et ça transpire dans nos constructions, nos arrangements" explique-t-elle.
Pour autant, elles ne subissent pas passives, les textes des anciens, n’hésitant pas à réécrire certains couplets qui ne leur conviennent pas, "pour redonner par exemple de la dignité aux personnages des chansons" commente-t-elle. Puput, leur tout nouvel album en bac depuis trois semaines emprunte son nom à la huppe fasciée. "Ça sonne un peu comme une insulte, ça nous amusait" souligne-t-elle. "Il a été produit par Raül Refree (Rosalia, Lee Ronaldo). J’avais craqué sur son travail. Nous sommes ravies et très fières de cette collaboration qui ajoute une dimension supplémentaire à notre musique, une belle mise en espace."
Artús au Hellfest
Fort d’une vingtaine d’années au compteur, le groupe Artús revendique "une approche abrasive du folklore de Gascogne", ce sextet est à l’origine de la création en 2005 de Pagans, un label initialement destiné à produire ses albums, Qui s’est ensuite ouvert aux projets alternatifs de certains de ses membres, et de fil en aiguille à ceux d’amis comme Cocanha. Fin mars devrait sortir chez Pagans, CERC, le nouvel Artús, un opus imaginé dans les entrailles de la terre, dans une grotte souterraine pour mieux percevoir encore la force de l’allégorie de la Caverne de Platon. En juin prochain, Artús se produira dans un subtil mélange des genres au Hellfest, l’un des plus grand rendez-vous européens de fans de métal qui se tient dans l’agglomération nantaise.
Quant à De La Crau ou Polifònic System, on y retrouve séparément Sam Karpiènia et Manu Théron, deux musiciens qui à Marseille, à la fin du siècle dernier, redynamisaient le chant polyphonique au sein de Gacha Empega (au coté de Barbara Ugo). L’aventure tournant court, Barbara rejoindra sa Corse natale, Sam donnera naissance à Dupain, un trio signé un temps chez Virgin et Manu au Cor de la Plana, un chœur toujours en activité. Désormais accompagné par Thomas Lippens aux percussions et Manu Reymond à la contrebasse, Sam Karpiènia pousse plus loin encore les accents terriens de sa voix au point de nous la rendre légère et incandescente. Quant à Polifònic System, ce quartet réunit Manu Théron, le beatboxer toulousain Ange B, l’Arlésien Henri Maquet et Clément Gauthier. Il livre Totem Sismic, un album qui revendique lui aussi son attachement aux musiques à danser occitanes.
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