Louise Verneuil, classe intemporelle

"Lumière noire" est le premier album studio de Louise Verneuil. © Mercury Records

Elle a pris son temps pour éclore, et surtout imposer une séduction ensorcelante. Voix de tombeuse, sensuelle, éraillée, mélodies aussi acoustiques qu'aériennes, Louise Verneuil surgit avec un premier album Lumière noire qui irradie les sens. L'étoile ne sera pas filante.

L'album a marqué le confinement. Sorti en pleine période trouble et anxiogène, il aurait pu passer à la trappe. Lumière noire a reçu, au contraire, un bel écho médiatique et une pluie de critiques réjouissantes. Le public en quête de consolation s'est calé dans le sillage de cet enthousiasme.

Souffle intime

La jeune fille de 32 ans analyse ça sans fanfaronnade ni arrogance : "C'est terrible de dire ça mais c'est un disque tellement personnel qu'il a été écrit confiné dans ma chambre de bonne à Paris. Il y avait cet élan d'introspection. C'est une musique assez intime, boudoir même si on parle à son sujet d'étendues, de grands espaces. Je pense que la démarche a touché les gens qui étaient enfermés chez eux et qui avaient besoin de vérité, de sentiments, de sincérité."

Pauline Benattar est à la fois perfectionniste, exigeante et déterminée. Il n'empêche que la compagne d'Alex Turner, le leader du groupe anglais Arctic Monkeys, préfère se réfugier derrière un pseudonyme esthétisant. Louise Verneuil, c'est son avatar, sa protection, sa couleur sentimentale.

"J'ai choisi Louise comme les muses de ma famille, des femmes fortes qui m'apaisent et me donnent beaucoup de force. Encore aujourd'hui, il y a un côté mystique. Quand je chante, elles me tiennent la main, se penchent au-dessus de mon épaule. Verneuil, pour le premier coup de cœur artistique et pour Gainsbourg et Birkin car c'est la rue qui abritait leur amour."

Le choix de composer

D'elle, il faut savoir des origines méditerranéennes, des dîners de famille – son père lui appris la guitare – qui se finissaient constamment en chanson, des études de journalisme à Nice. Et sans l'artillerie de la performeuse, un quart de finale dans la première édition de The Voice en 2012 (équipe Louis Bertignac) avant une longue gestation pour s'assumer enfin comme auteure-compositrice.

"Au départ, je n'étais qu'interprète. En sortant de l'émission, j'ai travaillé avec Louis. Il voyait mes refus successifs aux textes qu'on me proposait. Ça ne me plaisait pas, non plus, au niveau des compositions mais c'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier pour que j'écrive moi-même mes chansons. Je me suis plantée plusieurs fois, j'ai fait aussi des rencontres malsaines, j'ai appris à dire non au fur et à mesure de mes échecs."

Elle finit par trouver en Samy Osta (La Femme, Rover, Juniore, Feu Chatterton!) l'allié idéal pour injecter une modernité old school à ses chansons classieuses. "Je voulais arriver dans un label en étant prête. Imposer ses choix artistiques pour un premier album, ce n'est pas négligeable." Dedans, elle y a mis ses tripes, sa solitude parisienne, ses racines sudistes, ses relations amoureuses toxiques, ses besoins d'évasion. Du français en grande majorité, de l'anglais sur quelques refrains et une incursion en espagnol pour rendre hommage à son arrière-grand-mère (Emerancia).

Tout est volontairement intemporel et se penche autant vers Françoise Hardy que vers Charlotte Cardin. Et si elle doit prendre son mal en patience pour pouvoir goûter désormais au son des applaudissements, Louise Verneuil se veut philosophe. "On va essayer de trouver des petites scènes dans les mois qui viennent. Comme l'a dit John Lennon, il n'y a pas de problème, que des solutions."

Louise Verneuil Lumière noire (Mercury Records) 2020

Facebook / TwitterInstagram / YouTube