Clara Luciani, hédoniste mélancolique
Dans la foulée de son premier album, Sainte Victoire (2018), Clara Luciani est devenue l’une des chanteuses françaises les plus populaires, récoltant deux Victoires de la musique en 2019 et 2020. Son nouvel album, Cœur, parait ce vendredi 11 juin, à l’aube d’une nouvelle vie pour les Français, de plus en plus déconfinés. Une libération que le disque accompagne sur un rythme disco.
RFI Musique : Avant d’évoquer le caractère hédoniste de cet album, arrêtons-nous sur le premier titre, Cœur. "Les seuls coups que l’amour pardonne sont les coups de foudre", écrivez-vous. Quand avez-vous pris conscience de l’ampleur des violences conjugales ?
Clara Luciani : C’est une réalité que je connaissais, mais qui est devenue encore plus marquante depuis que je suis le compte Instagram de l’association Nous Toutes qui recense les féminicides. Tous les jours, je vois les chiffres grimper ! Donc j’ai considéré comme un devoir d’écrire sur le sujet.
Cet album, c’est celui de la libération, après cette "immobilité forcée" due à la Covid-19, que vous décrivez dans le titre Respire encore. Le disque a-t-il été écrit dans l’espoir de ces jours heureux ?
Pas toutes les chansons, mais Respire encore est effectivement une ode au déconfinement : "Il faut que ça bouge, il faut que ça tremble, que ça transpire encore / Dans le bordel des bars le soir / Et brailler dans le noir / Il faudra réapprendre à boire / Il faudra respirer encore". J’ai écrit ces textes comme pour m’auto-convaincre que des jours heureux allaient arriver. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’on a plus de clarté pour l’avenir, plus de liberté, et ce disque résonne d’autant plus, c’est vrai.
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué pendant ces confinements ?
La scène, évidemment. Ma famille. Et puis, c’est peut-être parce que je suis du sud [Clara Luciani est née à Martigues et a grandi près d’Aix-en-Provence, dans le sud-est de la France, NDLR], mais je suis quelqu’un de très tactile : j’aime serrer dans mes bras les gens que j’aime et j’ai hâte de pouvoir le faire à nouveau… Et transpirer sur les pistes de danse également [rires] !
Cependant, cet album n’est jamais totalement insouciant. Par exemple, vous regrettez que, de nos jours "tout le monde se [connaisse] un peu… et s’oublie"…
Vous avez raison, je ne suis jamais totalement insouciante. Ça reflète ma personnalité. Je suis tout le temps en train de rire et les gens qui ne me connaissent pas très bien doivent avoir l’impression que je ne suis que bonne humeur et légèreté… alors qu’une partie cachée de l’iceberg est plus mélancolique. C’est exactement comme cet album : très dansant, enjoué, mais avec des aspects plus ténébreux.
La couleur musicale de l’album Cœur est très disco … jusqu’à la pochette où vous portez un pantalon pattes d’éléphants. Les années 70 sont une référence pour vous ?
Absolument. Abba, Dalida… Ce sont des artistes qui me parlent beaucoup…
Pour donner cette couleur à ce disque, vous avez collaboré avec le producteur Sage -déjà présent pour Sainte Victoire- et aussi avec le DJ Breakbot. Comment travaillez-vous ensemble ?
J’écris les textes et je compose… et je suis aidé par Sage -que je surnomme "Docteur chanson"- qui complexifie les harmonies, qui leur donne un vernis. Il peut arriver qu’il y ait une co-composition, comme sur Respire encore : nous avons trouvé le refrain au dernier moment. Il n’y a pas vraiment de protocole. Mais sa touche est hyper précieuse pour moi. C’est le cas depuis le premier EP. Sage est la seule personne que je laisse entrer dans mon travail de composition.
Breakbot est un nouveau venu dans cette équation. Il apporte son regard sur ce que j’appellerais le "néo-disco". Cet aspect moderne est très important pour moi. En effet, même si j’adore les années 60-70, comme on l’a dit, cette période est derrière nous. Je n’ai pas envie de faire quelque chose qui serait de l’ordre du pastiche. Je fais un disque de 2021.
A écouter : le Rendez-Vous Culture (11/06/2021) consacré à Clara Luciani
Clara Luciani Cœur (Romance musique) 2021
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