Barbara Pravi, l'envol post-Eurovision

Barbara Pravi publie un premier album très attendu : "On n'enferme pas les oiseaux". © Nicolas and Siermond

Propulsée sur le devant de la scène par la chanson Voilà et une deuxième place particulièrement commentée au dernier concours de l'Eurovision, la chanteuse parisienne confirme avec son premier album On n'enferme pas les oiseaux que l'engouement autour d'elle ne devrait pas être éphémère.

Ses élans quémandeurs entendus dans le titre-tremplin Voilà ("Écoutez-moi la chanteuse à demi/ Parlez de moi/ À vos amours, à vos amis" ; "Regardez-moi enfin et mes yeux et mes mains") ont donc trouvé écho. Qui pour imaginer, il y a encore six mois, qu'une pluie de dates s'abattrait sur Barbara Pravi ? Ou que ce disque serait aussi bien scruté que mis en avant médiatiquement en cette rentrée ? Aura hexagonale et internationale pour l'auteure-compositrice-interprète de 28 ans, dont la tournée va s'étaler jusqu'à l'été 2023. Presque aucun coin du globe en résistance. Sont prévus : les États-Unis, la Polynésie, le Japon, l'Australie, l'Europe de l'Est, Londres... Sacre annoncé aux Pays-Bas avec déjà dix concerts complets.  

Elle semble donc avoir valeur inestimable cette médaille d'argent au concours de l'Eurovision. La deuxième place, la plus belle, celle qui risque de la protéger de ne pas être engloutie à vie par sa chanson. Barbara Pravi ne sera pas Marie Myriam. Comme elle ne sera pas, non plus, Barbara ou Édith Piaf, figures tutélaires auxquelles elle est trop souvent comparée.

Bien sûr, le fameux Voilà – matraqué encore cet été sur les antennes de France Télévisions – a une réelle affinité dans le refrain avec Padam Padam. Bien sûr, la taille menue, les cheveux courts noirs, la gestuelle expressive. Mais ni pouvoir d'évocation de la première, ni gouaille de la seconde. Des inflexions vocales à la Raphaële Lannadère, alias L, par contre. De la justesse, et même de la belle voltige dans l'interprétation, jusqu'à la percée finale a cappella de Prière pour rester belle.

 

Elle s'envole rapidement la crainte légitime que Voilà ne vampirise le reste de l'album. Ne pas aller plus loin que Le jour se lève, ballade à mélodie avenante, pour comprendre que le compagnonnage d'On n'enferme pas les oiseaux s'annonce agréable. Et que Barbara Pravi a décidé de se fier à ses propres astres. Le "je" prend pratiquement le pouvoir. Arrangements malins, cinématographiques, parfois luxuriants ou orientalisants. Réalisme sans démagogie des textes, malgré quelques facilités d'écriture.

Pas de trou d'air au sein de ses onze chansons aux intentions souvent louables et autobiographiques. Il y a là une grande réussite émotionnelle et de délicatesse (La ritournelle, inspirée par la maladie d'Alzheimer de sa grand-mère), des velléités affirmées d'envol (L'homme et l'oiseau), une quête revendiquée de liberté (Saute), un autoportrait de son tempérament bouillonnant (La vague), une affirmation féministe catchy (La femme) contrebalancée illico par une volonté d'apaisement (Mes maladroits). Cette variété-là, bien plus qu'honorable, pourrait ainsi s'autoriser le droit d'en découdre dans la durée avec le haut des charts.

Barbara Pravi On n'enferme pas les oiseaux (Capitol) 2021

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