Florent Pagny chante "L’Avenir"

Florent Pagny fête ses 60 ans avec l'album "L'Avenir". © Yann Orhan

Florent Pagny fête ses soixante ans avec L’Avenir. Un nouvel album dont le chanteur a confié la réalisation et la composition des musiques à Calogero. Un disque sincère, fidèle et plein d’espérance. De passage à Paris, loin de la Patagonie, au Sud de l’Argentine, où il vit, il nous raconte son attachement pour la France. Et à ses artistes.

RFI Musique : Il y a sur ce nouvel album (L’Avenir, Les Passerelles, Les Nouveaux rêves ou encore Les arbres se souviennent) une invitation au voyage, très présente dans vos chansons ces dernières années. D’où cette récurrence vient-elle ?
Florent Pagny : C’est peut-être lié à notre époque. Tout le monde cherche à voyager, en partant dans un avion, dans son ordinateur ou dans son téléphone. Ce qui fait qu’on est de plus en plus connectés avec la planète entière. J’ai tendance à vouloir développer cette philosophie du citoyen du monde, avec l’idée que l’on peut vivre partout et s’y sentir bien. En acceptant qu’on soit tous différents mais qu’on puisse tous être au même endroit.

Voyager c’était un rêve d’enfance ?
Oh non, ça s’est fait naturellement, c’est lié à ma vie. Quand j’ai commencé à voyager, j’étais très attiré par les îles, des Caraïbes notamment. Mais j’avais toujours besoin de revenir en France. Le temps passant, en rencontrant ma moitié qui vient de l’extrême sud de l’Amérique du Sud, j’ai réalisé que je pouvais vivre là-bas (en Patagonie, ndlr.) Je me suis mis à alterner entre ma vie française et ma vie à l’étranger. J’ai même vécu en Amérique, mais en Floride parce qu’ils parlent espagnol et que l’anglais reste compliqué pour moi (Rires) ! Je reviens toujours en France, je suis Français, mon activité s’y trouve mais j’aime me balader (Rires).

Comment est né ce nouvel album ?
J’ai un mode de fonctionnement particulier. Je suis interprète. Je ne fais que chanter mais c’est un peu animal ; j’ai besoin de m’exprimer vocalement, d’interpréter des chansons. Je suis exigeant sur leur qualité mais j’ai la chance de connaître des artistes qui font de très belles chansons. En l’occurrence, pour L’Avenir, je parle de Calogero qui a réuni une très belle équipe et qui a un talent extraordinaire. Sur les onze chansons qu’il m’a proposées, j’en ai pris dix ! Tout était parfaitement calibré. Je n’avais qu’à chanter et à le laisser faire le reste. La première fois que l’on a collaboré ensemble, pour Châtelet-Les-Halles (2000), j’avais découvert un compositeur hors pair, qui sait aussi trouver les bons auteurs. J’ai fait vingt albums en trente-deux ans de carrière. On peut se permettre de faire un disque tous les un an et demi quand on ne crée pas les chansons. Avec Calogero, je n’ai pas à écouter 300 titres pour en trouver dix. On avait envie de faire un autre disque ensemble après Vieillir avec toi (2013). Et puis comme c’est l’anniversaire, les soixante ans...

C’est en revanche, la première fois que Serge Lama vous écrit une chanson, L’Avenir
Je ne m’y attendais pas ! C’est la première que j’ai écoutée, j’ai dit à Calogero : "Whaooh, la musique est fantastique ! Et ce texte, plein d’espoir, d’une utopie un peu enfantine fait tellement de bien ! Bravo le gamin qui a fait ça !" Calogero me répond : "Le gamin ? C’est Serge Lama !". C’est encore mieux ! Que Serge Lama, à 74 ans, écrive un texte avec tant d’espoir et de jeunesse, c’est une bonne nouvelle. Je les en remercie. D’où aussi le titre de l’album.

Comme vous, c’est aussi un chanteur très populaire. Lorsque vous avez commencé à chanter enfant, dans les bals, est-ce-que vous chantiez les chansons de Serge Lama ?
Je suis malade bien sûr. Mais il ne faut pas oublier qu’il avait des chansons un peu subversives, notamment du côté du sexe et moi j’avais une dizaine d’années ! Ce n’était pas évident d’aborder une chanson comme Les Petites femmes de Pigalle à cet âge-là (Rires). Je pouvais plus facilement chanter des chansons de Michel Sardou ou de Gérard Lenorman. Mais Serge Lama a toujours été un monument, un personnage et un artiste extraordinaire.

On retrouve d’autres grands paroliers de la chanson française sur L’Avenir : Julien Clerc, Carla Bruni, Marie Bastide, Paul École et d’autres, et, pour la première fois, Barbara Pravi…
Barbara Pravi a fait ma première partie il y a environ quatre ans, je l’ai toujours suivie. Quand je l’ai vue arriver au concours de l’Eurovision, j’ai trouvé que c’était très réussi et très bon. Elle a écrit pour ce disque Quand elle rentrera (qui raconte l’histoire d’un homme qui attend désespérément le retour de celle qu’il aime), une très belle chanson.

Ces auteurs ont-ils eu des indications concernant votre état d’esprit, des orientations thématiques, par exemple, pour vous proposer des chansons ?
Non, je pense qu’ayant un peu d’avance sur tous vu mon âge, ils me connaissent tous (Il sourit). Je suis quelqu’un d’assez présent, j’ai tendance à m’exprimer. Je ne pense pas qu’un auteur comme Bruno Guglielmi arrive avec une chanson comme L’Instinct, qui me correspond si bien, en ayant demandé ce que j’attends avant. Les gens me connaissent depuis longtemps et je suis toujours pareil. On doit savoir un peu vers quel sujet se diriger ! (Rires) 

Les arbres se souviennent célèbre la nature et son éternel recommencement…
C’est une chanson de Paul École. Il a aussi écrit Les Passerelles et Les Nouveaux rêves sur cet album. Les arbres se souviennent, pour le coup, c’est un thème que je lui ai proposé en écoutant la musique. Elle m’entraînait vers une atmosphère à la Charles Trenet ou à la Gérard Lenorman. Cette chanson sublime nous ramène à l’essentiel : les arbres vivent plus longtemps que nous. Alors arrêtons de croire qu’on a tout fait et qu’on sait tout.

Ce disque est très apaisé. C’est l’album de la maturité ?
(Rires) Oui ! J’arrive à soixante ans, j’ai fait ce que j’avais à faire. Cela s’est plutôt bien passé, je ne vais pas m’énerver ou être révolté. Notre fonction c’est d’envoyer des messages. Alors il vaut mieux qu’ils soient positifs pour accompagner un quotidien qui ne l’est pas toujours, notamment dernièrement. C’est pourquoi il vaut mieux, selon moi, dire, comme dans L’Avenir, que le futur sera non violent. Et envoyer des messages d’espoir.

Florent Pagny L'Avenir (Capitol) 2021

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