Marina Kaye et ses bonnes fées

Marina Kaye © Yann Orhan

La chanteuse révélée à l’âge de 13 ans revient avec un second album, Explicit, après un succès extraordinaire. Marina Kaye se livre dans ses chansons tout en restant pudique. Son histoire ressemble parfois à un conte…

Il était une fois une petite fille qui avait une voix extraordinaire. Elle vivait sur une colline au-dessus de la mer, près de Marseille, dans une petite ville. À la maison, elle ne se sentait pas prise au sérieux, voire même mise de côté.

Alors qu’elle a 13 ans, un ami l’inscrit à un concours de chant diffusé à la télévision. La petite Marina se prend au jeu, elle répète et elle chante à n’importe quel moment et à n’importe quel endroit, disant à sa maman qu’elle veut absolument gagner le concours. Elle met sa plus belle robe et monte à la capitale chanter devant les caméras et le public. Le jury est subjugué, Marina remporte le premier prix et oublie dans sa précipitation l’énorme chèque sur la scène.

À des centaines de kilomètres de là, un financier norvégien vivant à Genève écoute de la musique sur Internet. Il tombe par hasard sur une vidéo de l’adolescente. Jan Erik Frogg est envoûté par le chant de Marina et tente de la rencontrer par tous les moyens. Il arrête la finance et décide de devenir son producteur. Marina arrête ses études au collège et se lance dans l’écriture de chansons. Sur son téléphone, elle raconte sa vie en chansons et en anglais sur des dizaines et des dizaines de pages.

Marina décide de se rebaptiser Kaye (K en anglais) et se fait tatouer la lettre sur son poignet gauche. Elle confie : "En hommage à ma tante Karine, morte en 2011. C’est elle qui m’a poussée à faire le casting de l’émission La France a un incroyable talent. C’est aussi la première lettre du prénom de ma sœur, Khédidja."

Intime

Marina n’habite plus Allauch, mais passe beaucoup de son temps dans les studios d’enregistrement, elle adore ça. Elle vit à Londres, "une grande ville où l’on peut se fondre dans la masse et où il se passe toujours quelque chose", elle y enregistre quand elle n’est pas à New York, Stockholm ou Los Angeles.

Sa première chanson, Homeless, ne rencontre pas le succès escompté. Il faut attendre 9 mois pour que le titre soit enfin diffusé sur les radios nationales. C’est le début d’une grande popularité.

Le premier album, Fearless, est très autobiographique, tout en distillant le mystère sur les personnes concernées. "Forcément, cela a eu des conséquences. Mais beaucoup de gens ont une vision fausse de moi, ils ne voient qu’une partie de l’iceberg. J’ai depuis appris le détachement. J’avais conçu mon premier album en pensant qu’il ne serait pas commercialisé, c’est pour cela que je m’y suis tellement livré, comme dans un journal intime. Je règle parfois mes comptes par chansons interposées" explique Marina, qui s’est fâchée avec son père.

Après le succès de ce premier album (220 000 exemplaires vendus) et de sa tournée, Marina Kaye avoue qu’elle a fait quelques bêtises et rencontré de mauvaises personnes, on n’en saura pas plus. La petite fille sage est aujourd’hui une jeune femme avisée de 19 ans, qui a la tête sur les épaules, même si elle avoue décompresser de temps à autre en fumant des cigarettes qui font rire.

Elle, qui se serait bien vue faire des études de médecine pour devenir oncologue. Chante-t-elle de la variété internationale passe-partout ? Elle assume : "Honnêtement, je regarde et j’écoute ce qui sort, je veux savoir ce qui plaît ou pas au public. Le but premier lorsque l’on fait de la musique, c’est de la partager avec le plus grand nombre. Et si dans quelques années, je manque d’inspiration, je me retirerai un moment. Même s’il est difficile de faire marche arrière après le succès."

En français aussi

Le défi du second album a été relevé avec une petite équipe internationale de coauteurs, de compositeurs et de musiciens. La première personne à qui elle montre ses chansons, c’est son producteur ange gardien, Jan Frogg. "Nous choisissons les musiques tous les deux. Nous gérons tout, ensemble. C’est la personne en qui j’ai le plus confiance au monde."

Véronique Sanson regrettait que Marina Kaye ne chante jamais en français ? C’est chose faite avec trois titres, Vivre (avec Soprano), Merci quand même et Vole (reprise de Céline Dion). Le répertoire francophone, la jeune Marina le connaît bien. Elle a interprété Edith Piaf comme Daniel Balavoine, mais avoue admirer le rappeur Orelsan "il n’a peur de rien", lâche-t-elle.

Elle admire aussi le chanteur américain Prince, "c’était peut-être le meilleur artiste du monde, auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste… Il n’était pas une bête de scène, mais a appris à le devenir. Le travail mène à tout." À la fois entière et pudique, un peu fataliste et très perfectionniste, Marina Kaye est elle aussi travailleuse. Le conte de fées ne tient pas que du miracle.

Marina Kaye Explicit (Capitol/Universal Music) 2017
Site officiel de Marina Kaye
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