Fnac Live, Paris est magique
Du 5 au 7 juillet, le festival Fnac Live, entièrement gratuit, embrase la capitale française, avec sa scène gigantesque au pied de l’Hôtel de Ville. Au menu ? Les sons hypes du moment, mais aussi des découvertes audacieuses, et un réel souci d’éclectisme. Ce premier jour a ainsi honoré Petit Biscuit, Jeanne Added, Dominique A, Moha la Squale, etc. On vous raconte !
"Paris, vous êtes chauds bouillants !", hurle Petit Biscuit, juché sur la gigantesque scène Fnac Live, au pied de l’Hôtel de Ville, devant un parterre compact de quelques 20 000 personnes montées sur ressors, et scandant son nom. Lorsque le Petit prince de l’électro française lance les notes initiales de Sunset Lover, son tube aux 77 millions de vues sur YouTube, qui le propulsa sur orbite, l’ambiance vire à l’hystérie générale. "N’oubliez pas qu’il y a deux ans, j’étais tout seul dans ma chambre, face à mon ordi !", jubile le garçon de 18 ans.
Fraîchement revenu du festival Coachella, aux États-Unis, ce petit sorcier des samples proposait, pour Fnac Live, un tout nouveau show. De ses inventions douces, rêveuses, contemplatives, de ses paysages sonores doux-amers, Petit Biscuit décolle désormais, pour aborder des rivages aux contours tribaux, dansants, aux couleurs hip hop. Assurément, le jeune homme maîtrise la scène, sautille de l’une à l’autre de ses machines et dompte aisément le public au lasso de ses boucles, redoutablement efficaces.
Jeanne Added, toutes griffes dehors
Peu avant lui, Jeanne Added, la bombe platine, avait déjà chauffé à blanc l’auditoire. Telle une lionne, elle rugissait toute guitare dehors, épaulée au groove d’acier par Emiliano Turi à la batterie et Narumi Herisson aux claviers. Silhouette classique, découpée sur le ciel de Paris couleurs d’orage, diablement classieuse, Jeanne aux échappées rock’n’roll rugueuses, se déhanche, tape du pied, ondule, oscille entre sensualité et art martial, retrouve son état sauvage. Ici, pour Fnac Live, elle présentait des morceaux de son deuxième disque à paraître en septembre, Radiate : de bienheureuses et fulgurantes promesses.
Petit Biscuit, Jeanne Added : assurément, le très parisien festival Fnac Live, entièrement gratuit, accueille-en son écrin les sons les plus hypes du moment. Un instantané de l’année musicale, dressée par la Fnac ? Benoît Brayer, responsable des événements et de l’action culturelle de la célèbre firme, créateur de l’événement il y a huit ans, nuance : "Si nous identifions les marqueurs de l’année passée, nous tâchons aussi d’être prescripteurs sur les tendances à venir. En 2017, par exemple, nous avons été parmi les premiers à programmer Eddy de Pretto, avant le raz-de-marée."
Ainsi, un groupe un peu plus confidentiel ouvrait le bal à 18h00. Dans le soleil encore chaud de cette fin d’après-midi, L’Impératrice a gentiment délié les cœurs et les corps. Avec sa pop discoïde, ses codes chics et glam, le sextet envoie du lourd, quand la brise naissante fait vibrer la jupette bleue satinée turquoise de sa chanteuse-lolita. C’est funk, c’est frais, évanescent et impertinent, ça ondoie : un bon lot de vibrations positives !
Le rap pyromane de Moha la Squale
Et puis, depuis sa création, Fnac Live revendique l’éclectisme et l’absence de barrières stylistiques : rock, pop, musiques du monde, etc. Côté rap, cette année, Moha La Squale, un lascar passé par les affres d’une adolescence incandescente, le deal et la case prison, déboule en force avec son rap musclé, brut, sincère, ses paroles sans concession.
Avec ses poings levés et son sourire de gosse pyromane, le nouveau phénomène, débusqué il y a moins d’un an sur la toile embrase tout sur son passage. Et lorsqu’il fait tomber le t-shirts, le public féminin frôle la pâmoison. Mouvements de foules, hurlements de joie lorsqu’il se pare du drapeau algérien, reprises de ses textes en chœur : Moha la Squale assume sa couronne de nouveau maître du rap français.
Autre atmosphère, autres charmes, autres sortilèges – dans l’écrin précieux d’un Salon de l’Hôtel de ville, aux infinis dorures, miroirs et sculptures, Dominique A donne de la voix dans le plus simple appareil, un piano et sa guitare. L’un des apôtres de la chanson française s’en amuse : "Cette semaine, j’ai joué pour les anarchistes du CNT et me voici aujourd’hui sous les ors de la République". N’empêche.
L’émotion se fait tangible face à un Dominique A à l’état brut. Nature. Ses beaux titres défilent, résonnent, portés par la simple puissance de sa voix pleine de lumières, son chant d’élégance aux mille délicatesse : Sous la neige, Revenir au monde, Le Sens, L’Océan, Ostinato… Sur un silence quasi religieux, il façonne ses mots, module l’air de ses mains, se contorsionne tel un danseur contemporain aux allures rock. Dépouillée, la force de sa poésie apparaît alors avec l’aura de l’évidence. Un moment de magie…
Dehors, sur le parvis, la première soirée s’achève sur les samples contagieux de l’un des papes de l’électro, Vitalic. Sur le dancefloor d’une nuit d’été, en plein cœur de Paris, le mercure grimpe en flèche. Rendez-vous demain pour les Parisiens avec la suite de la programmation, tout aussi intéressante.
Retrouvez la programmation pour la suite du festival sur le site de Fnaclive